“C’est comme si j’avais un taf et que j’étais viré, comme si on me mettait à la porte.” Yass, aka @yassencore sur Twitter, avait 500 000 followers, une communauté considérable. Le 26 août, aux alentours de 19 heures, alors qu’il se connectait au réseau social, il découvre que son compte a été désactivé.
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(© Twitter)
S’il se sent “viré”, c’est parce que cet étudiant en communication, âgé de 20 ans, gagne sa vie uniquement via la plateforme, grâce à des tweets sponsorisés pour des marques ou des groupes de musique (rien de bien nouveau, beaucoup le font, et pas que sur Twitter). Tout est déclaré sous le régime de la micro-entreprise.
Il se définit lui-même comme un “twittos”, quelqu’un qui n’est présent que sur Twitter et aime faire beaucoup de blagues. On le connaît aussi pour sa participation régulière à l’émission Radio Sexe sur Twitch, une radio libre sur le… sexe.
Surpris et inquiet de la suspension de son compte, il envoie un mail à Twitter pour demander des explications. Il ne reçoit une réponse que le matin du 28 août qui indique, brutalement, qu’il a enfreint les règles du réseau social.
(© @yassencore)
A-t-il dérogé au règlement ? Il assure que non : “Je suis hyper minutieux sur les règles. J’essaie d’être piquant mais pas problématique. Je racontais ma vie comme tous les jours depuis deux ans et demi.”
Rapidement après la suspension de son compte, Yass tente de ressusciter un vieux compte, @yasstoujours. En quelques jours et après un message d’alerte retweeté 31 000 fois, il amasse 200 000 followers – un exploit. Malheureusement, rebelote : Twitter a également suspendu son second compte le 29 août.
Après avoir essayé les mails automatiques interposés, Yass a fait jouer ses relations dans la petite communauté des twittos. Il a réussi à contacter en DM le directeur adjoint France de Twitter, qui lui a indiqué que, pour l’heure, il ne pouvait rien faire pour lui : tout se joue aux États-Unis, Twitter France ne pouvant absolument pas intervenir sur ce genre de réclamation.
Au-delà de son propre cas, Yass déplore les limites de modération de Twitter : “Il y a plein de comptes racistes ou pédophiles qui ne sont pas suspendus, c’est ultra choquant et inacceptable, alors que plein de twittos voient leur compte suspendu sans qu’on sache pourquoi.“ Il estime les relations youtubeurs/YouTube, instagrameur/Instagram et snapchateur/Snapchat beaucoup plus fluides.
Yass regrette aussi que les twittos blagueurs ne puissent pas facilement obtenir de badge de certification, comme d’autres personnalités publiques. Cette reconnaissance pourrait plus facilement les protéger. D’ailleurs, avec ses confrères et consœurs, il voulait justement rencontrer les cadres de Twitter France pour faciliter le dialogue et établir une confiance mutuelle pour la suite.
Le compte @yassencore avait déjà été suspendu il y a un an, mais pendant seulement une semaine. Yass avait alors demandé des explications qui, cette fois-là, avaient débouché sur une piste : un “bot”, chargé de modérer automatiquement les comptes qui ne respectent pas les règles, avait par erreur désactivé son compte. Twitter lui avait présenté ses excuses.
La suspension du compte de Yass a soulevé un tollé sur Twitter. Deux hashtags de soutien, #LibérezYass et #freeyass, sont devenus viraux. Des marques ou des twittos influents relaient aussi le message. Et, globalement, les réactions sont partagées entre humour et colère.
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Yass pense-t-il que son compte sera rétabli ? “Moi, de base, je suis pessimiste, j’avoue que je broie du noir”, confie-t-il. Il n’est pas sûr que son travail sur Twitter, qu’il qualifie de “piquant avec de l’humour noir”, change quoi que ce soit en haut lieu.
Contacté par Konbini, Twitter n’a pas encore répondu à notre requête.