Un fabricant d’équipements médicaux a menacé de porter plainte contre un groupe de volontaires ayant imprimé en 3D des valves de respirateurs destinées à des patients souffrant du coronavirus. Alors que ce type de matériel coûte environ 10 000 euros l’unité, sa réplique en 3D ne coûte qu’un seul et unique euro.
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L’affaire se déroule à Brescia, dans le nord de l’Italie, pays le plus touché en Europe par la crise sanitaire internationale que nous vivons actuellement. Un hôpital de la ville était, la semaine dernière, en besoin urgent de nouvelles valves respiratoires d’un type particulier, nommé valves Venturi, pour ses patients en soins intensifs. Des vies étaient donc en jeu.
Plusieurs médecins, aidés par le rédacteur en chef d’un quotidien local et un expert en technologie fondateur d’un FabLab, ont alors passé un appel sur le journal et les réseaux sociaux pour dégoter une imprimante 3D capable de reproduire l’ustensile en question.
Le site Metro explique ce qu’il s’est passé ensuite : “L’information a rapidement atteint Fracassi, un patron d’entreprise pharmaceutique en possession de la machine convoitée. Il l’a immédiatement apportée à l’hôpital et en quelques heures seulement, a conçu et produit la pièce manquante”.
Sauf que les choses ne se sont pas exactement passées ainsi, raconte l’homme en question dans une publication sur Facebook. Visiblement, Cristian Fracassi, qui dirige la start-up pharmaceutique Isinnova, a écrit à l’entreprise produisant habituellement ces équipements pour lui demander un modèle que son équipe pourrait utiliser pour sa reproduction 3D. Celle-ci a refusé, comme l’a confirmé Business Insider Italia.
La raison : ces valves sont vendues 10 000 euros pièce, alors que l’impression en 3D du modèle de dépannage coûte seulement 1 euro. Elle l’a même menacé de porter plainte s’il s’obstinait à produire les pièces manquantes. Une histoire de gros sous, en somme, qui semble un brin honteuse au vu de la situation en Italie.
Mais peu importe : en partant de rien, Fracassi et les médecins ont réussi à concocter ces valves, à les produire pour presque rien et en quelques heures, faisant fi de la menace. Selon Massimo Temporelli, le fondateur du FabLab ayant aidé à dégoter Fracassi, les valves avaient déjà été utilisées sur 10 personnes dans la journée du 14 mars et plus de 100 sont encore en production.
“[Les patients] étaient en danger de mort, alors nous avons agi. C’est tout”, explique Cristian Fracassi sur Facebook, selon une traduction de The Verge, pour répondre aux menaces de l’équipementier médical. “Nous n’avons aucune intention de profiter de la situation, nous n’allons pas utiliser ces designs ou ces produits au-delà des besoins immédiats qui nous forcent à agir, nous n’avons pas l’intention de diffuser ces modèles.”
Il reconnaît également que, contrairement aux produits officiels, ses valves ne peuvent être utilisées qu’une seule fois et sont donc éphémères. Mais il a quand même été félicité sur Twitter par la ministre de l’Innovation technologique italienne, Paola Pisano, qui nous permet aussi de jeter un meilleur coup d’œil à cet équipement 3D.
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