Qu’il est difficile d’être le roi de la France en matière de jeux vidéo ! Le colosse Ubisoft semble désormais remarquer ses pieds d’argile. Si les résultats financiers globaux du plus gros éditeur français ne sont pas non plus dans le rouge, l’entreprise des frères Guillemot est très loin d’avoir vécu sa meilleure année.
À voir aussi sur Konbini
Loin de la banqueroute, Ubisoft connaît une expansion sur le marché asiatique (via les jeux mobile notamment) qui a été une réussite globale. Toutefois il semblerait que l’éditeur ait un peu surestimé ses originelles capacités à vendre en masse des blockbusters vidéoludiques (“triple A”), en l’absence d’un nouvel Assassin’s Creed.
Mea culpa pour Ubisoft ?
Dans un communiqué de presse paru le 24 octobre 2019, le groupe a annoncé revoir ses objectifs financiers à la baisse avec un chiffre d’affaires pour l’exercice 2019-2020 de 1,450 milliard d’euros (contre 2,185 milliards d’euros prévus initialement). En ce qui concerne les revenus nets issus de l’exploitation des titres, ils seront compris entre 20 et 50 millions d’euros. Faibles résultats face aux 480 millions d’euros anticipés précédemment.
L’entreprise française pointe notamment du doigt le faible succès de ses deux titres “triple A” : The Division 2 (février 2019), et surtout Ghost Recon Breakpoint, sorti il y a quelques semaines. Yves Guillemot, PDG et fondateur d’Ubisoft, déplore ainsi que “la réception critique et les ventes sur les premières semaines ont été très décevantes” pour ce titre.
Dans son mea culpa, le patron breton pointe notamment du doigt la difficulté de sortir deux jeux “live multijoueurs” dans la même année, d’autant que les titres ne se différencient que très peu, ce qui est dommageable pour une sortie seulement huit mois après.
Chargement du twitt...
Ubisoft admet avoir tiré des leçons de ses erreurs et promet, à l’avenir, d’espacer au mieux des jeux aussi semblables, particulièrement lorsqu’il s’agit de jeux multijoueurs, considérant la concurrence grimpante sur le secteur.
En revanche, il est peu fait mention des modèles économiques mis en cause par de nombreux joueurs, comme lorsqu’un système pay-to-win avait été intégré à la sortie de Ghost Recon Breakpoint – avant d’être retiré sous le feu des critiques).
Un calendrier de sorties décalées
En conséquence, l’éditeur a annoncé décaler ses trois plus gros titres à venir : Gods & Monsters, Watch Dogs : Legion et Rainbow Six Quarantine. Les deux premiers étaient respectivement prévus pour le 25 février et le 6 mars 2020. Ubisoft a décidé de les décaler à l’année financière suivante, qui s’étend d’avril 2020 à mars 2021.
Difficile désormais d’y voir une date précise, mais Yves Guillemot, dans son communiqué, assure que ces nouveaux délais sont dans l’intérêt des joueurs et des revenus à long terme de l’entreprise. Dans le même temps, un tweet de l’analyste Daniel Ahmad annonce le portage de ces titres en cross-gen, c’est-à-dire également sur la PS5 et le “Project Scarlett” (Xbox) à venir. Il ajoute que deux projets AAA (jeux à gros budgets) sont aussi dans les cartons et prévus dans la même fourchette :
Chargement du twitt...
Sans jouer les Nostradamus, on peut potentiellement parier sur un nouveau Splinter Cell, éternel bruit de couloir dans l’industrie, mais il faudra encore patienter pour en avoir le cœur net.
Ce n’est pas la première fois qu’Ubisoft procède à ce genre de mea culpa. Déjà en 2015, à la sortie d’Assassin’s Creed : Syndicate et de la mauvaise réception du titre, l’éditeur avait décidé de mettre en “pause” (une année de plus) la franchise pour revenir en force avec Odyssey et Origins.