“On n’est pas bien là ?” (© Private Division)
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Gestion génétique
Ancestors : The Humankind Odyssey nous met dans la peau des primates dont descend Homo sapiens. Vous avez le choix d’incarner tous les membres de votre clan, du bébé chimpanzé au vieux singe (à qui on n’apprend pas à faire la grimace), même s’il est plus intéressant de prendre les vigoureux jeunes mâles et femelles.
Si le but paraît au départ très cryptique, il s’agit en vérité de progresser par le biais d’observations, d’expériences et d’explorations. Le système principal d’évolution repose sur un complexe menu de modifications génétiques, représentées par des sortes de neurones. Chaque chose que vous allez faire ou voir vous permet d’obtenir de plus en plus de compétences. Par exemple, si vous mangez souvent des aliments qui renforcent temporairement votre résistance aux blessures, il se pourrait que vous développiez génétiquement une résistance pour toutes les générations à venir.
Le menu des mutations est très fourni. (© Private Division)
À cela, il faut ajouter le “miracle de la vie”, à savoir certaines mutations complètement aléatoires qui peuvent apparaître dans le patrimoine génétique des enfants à naître. Bientôt, vous vous retrouverez à jouer au petit savant eugéniste cherchant à tout prix à rendre sa lignée plus forte. Le grand intérêt de ce jeu est qu’il nous plonge tête la première dans son gameplay, puisque devenir plus fort, plus habile et plus intelligent vous demande réellement d’être plus malin.
Progresser pour battre la science
Vous pouvez jouer sur plusieurs temporalités. La première consiste simplement en une grossesse (9 mois), lorsque vous provoquez la naissance d’un bébé après avoir fait procréer un couple préalablement formé – à noter que les couples homosexuels sont possibles, mais évidemment stériles. Le bébé chimpanzé n’est pas très utile en lui-même, mais le fait de le garder avec vous (et donc de prendre un risque) vous permet d’accumuler de l’adrénaline, nécessaire pour débloquer des mutations génétiques.
Ensuite, vous pouvez passer de génération en génération : les bambins deviennent de jeunes adultes, les adultes des vieux singes et guenons, et les plus âgés… deviennent des squelettes. Ces bonds d’une quinzaine d’années vous permettent de voir comment évolue votre ADN. Autant vous dire que certaines générations seront meilleures que d’autres et qu’il faut essayer de maximiser vos progrès.
L’objectif final est d’être “en avance sur la science”, c’est-à-dire de devancer la chronologie établie par les scientifiques pour retracer l’évolution de nos ancêtres. En effet, la dernière évolution proposée se fait sur plusieurs centaines de milliers d’années (le million si vous êtes bons), et se base sur tous vos exploits et prouesses, que ce soit les explorations périlleuses, les découvertes fondamentales (des outils par exemple) ou les événements majeurs de la vie de votre clan.
Chacune de ces prouesses vous fera faire un bond de plusieurs dizaines de milliers d’années, tout comme chaque naissance, même si la mort non naturelle d’un membre de votre clan vous donnera une (forte) pénalité. L’idée est donc de savoir si vous pouvez faire mieux que nos ancêtres.
Explorer les endroits dangereux et vaincre vos peurs est un très bon moyen de progresser. (© Private Division)
Un environnement et un gameplay immersifs… peut-être trop ?
Ancestors : The Humankind Odyssey ne vous prend pas par la main, et c’est tant mieux ! Passé le très bref tutoriel, vous allez être rapidement livré à vous-même dans cet immense territoire. En effet l’interface (le HUD) est plutôt minimaliste, sachant que les masochistes peuvent même le réduire à son strict minimum s’ils le souhaitent – on vous le déconseille au début. Pour vous orienter, vous devrez faire appel à votre mémoire ou à celle des primates que vous contrôlez, via un système d’identification et de mémorisation plutôt bien ficelé.
Sentir, écouter, toucher, casser… À l’instar de nos ancêtres, vous avancez à tâtons dans cet étrange monde. Vous n’avez pas réellement d’objectifs prédéfinis, et vous ne trouverez pas de journal de quêtes ou quelque guide que ce soit. Si quelques indications supplémentaires se débloquent lorsque vous utilisez une mécanique pour la première fois, il faut vous fier à votre instinct avant tout et explorer votre environnement. Associer un caillou et une branche pour créer une lance, c’est logique, mais cela faisait longtemps qu’un jeu ne nous avait pas autant laissés nous débrouiller (et c’est plaisant).
Les combats sont vraiment poussifs. (© Private Division)
Pas moyen de s’ennuyer dans ces jungles, ces vastes déserts ou encore ces profondes galeries : le monde d’Ancestors est riche. Le réalisme est clairement le maître-mot de cet opus et vous allez apprendre de nombreuses choses sur la faune et la flore primitives de notre bonne vieille Terre. Entre les tigres à dents de sabre, les pythons ou les scolopendres géants (ne me reparlez plus jamais de ces horreurs), vous n’êtes jamais vraiment en sécurité dans ce monde hostile.
Pour vous déplacer et vous mettre à l’abri, rien de tel que l’escalade. En revanche, force est de constater que la mécanique est un peu brouillonne, un comble pour un jeu créé par l’un des pères d’Assassin’s Creed. D’ailleurs, de manière générale, on peut reprocher quelques approximations techniques au jeu, comme des problèmes de clipping (collisions étranges), des manipulations parfois foireuses et des “combats” vraiment peu clairs… Dans l’ensemble, on oublie vite ces défauts, mais sur certains passages, ils peuvent se révéler très handicapants…
Résultat : B-
S’il y a une chose qu’on ne peut pas reprocher à Ancestors : The Humankind Odyssey, c’est de manquer d’originalité. Entre le choix du contexte, l’authenticité scientifique et une progression très peu linéaire, ce titre a tout d’une expérience très surprenante.
Il reste quand même quelques déceptions sur le plan technique et des mécaniques brouillonnes qui peuvent parfois nous sortir de l’immersion plutôt réussie dans son ensemble. Ce jeu s’adresse à des joueur·ses assez expérimenté·es. Même en faible difficulté, le jeu reste satisfaisant pour qui aura la curiosité de mener son clan jusqu’au bout.
Ce qui est cool :
- Un concept ultra original dans un contexte historique sous-exploité dans le jeu vidéo
- Un environnement riche et immersif, porté par un HUD très instinctif.
- Le fait de ne pas être tenu par la main comme dans de trop nombreux jeux actuels…
Ce qui est moins cool :
- Le manque d’indications, qui engendre aussi des incompréhensions et des pertes de temps, et rend le jeu assez inaccessible aux néophytes.
- Des défauts techniques très handicapants pour l’escalade et le combat.
- Un côté parfois “brouillon” dans les objectifs à atteindre.