Pourquoi les sonneries de portable dans un espace clos nous rendent totalement fous

Pourquoi les sonneries de portable dans un espace clos nous rendent totalement fous

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© FluxFactory / Getty

Pour tous ceux qui ont failli décéder dans le TGV ou la salle d'attente du médecin.

Peut-être faites-vous partie de cette catégorie maniaque et malfamée de l’espèce humaine ultrasensible aux nuisances sonores. Peut-être que votre entourage ne comprend pas cette sensibilité qui ne cause que des désagréments. Aussi, serez-vous ravi·e·s d’apprendre que non, vous n’êtes pas seul·e·s à souffrir de ce mal et encore moins de la pire des situations : la sonnerie ou la notification d’un téléphone portable dans un espace clos.

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Ce type de nuisances sonores peut avoir lieu dans différents endroits : les transports en commun (mention spéciale au TGV), les salles d’attente (dédicace toute particulière à celles des médecins), les salons de coiffure, les open spaces (déso les collègues), le sein même de son propre foyer (grosse pensée pour les colocations), les restaurants ou les salles de spectacle (plus rare).

Ces situations ont ceci en commun qu’elles se produisent dans un espace clos et c’est bien là tout le problème. Rien à voir avec d’autres types de nuisances qui pourraient avoir lieu en milieu ouvert, surtout en ville : le gémissement d’un scooter flingué, les basses intolérables d’une moto, la longue complainte des sirènes des services d’urgence ou le meuglement saccadé d’un marteau-piqueur. Ces nuisances sont très agaçantes, elles peuvent déclencher un début d’infarctus, mais elles n’en restent pas moins supportables.

Le cadre étant posé, essayons de décortiquer les raisons qui rendent les sonneries de portable terriblement douloureuses.

Déjà, dans beaucoup de situations, il est totalement impossible de s’échapper de cet espace clos. La première sonnerie ou notification nous glace le sang, car elle n’est que la première d’une longue lignée de coups de fil, de textos, de voices, de messages Messenger ou WhatsApp. Cette angoisse du futur proche nous broie les intestins.

Ensuite, ne pas mettre son téléphone portable en mode silencieux dans un espace clos relève de l’incivilité crasse. Elle l’est dix fois plus quand des petits panneaux de signalétique ou des annonces dans les haut-parleurs rappellent gentiment qu’il faut désactiver les sons et passer ses appels sur les plateformes (coucou le TGV). Le bruit d’un marteau-piqueur ou le pin-pon d’une ambulance, eux, ne relèvent pas de l’incivilité – c’est moins vrai pour les motos et les scooters, on le concède.

Enfin… enfin… il y a ce dilemme moral terrible sur lequel personne n’a encore jamais mis de nom, cette pensée lancinante qui part à l’assaut, où l’on se dit, à chaque notification : “Est-ce que je dis quelque chose ou pas, à ce malotru ?” On hésite, on hésite longtemps, de peur de passer pour un psychopathe ou de casser l’ambiance, pourtant on se dit que si on ne le fait pas, personne ne le fera. Alors on prie pour que quelqu’un d’autre le fasse, ce serait un héros, mais cette prière est rarement exaucée et le tourbillon de pensées négatives redouble d’intensité.

On nous susurre dans l’oreillette qu’il y aurait pire que la sonnerie des téléphones portables : les bruits corporels émis par les autres individus, la mastication en tête de peloton, puis les cris de bébés, on nous dit aussi que cela s’appelle la “misophonie” et que ce serait une vraie pathologie.

Oui, c’est vrai, l’irritation liée à la mastication peut rendre aussi fou que les notifs d’un téléphone. La seule différence, c’est que dans le second cas, il est possible d’agir, possible de faire changer la personne, car activer le mode silencieux (ou pas) relève, jusqu’à preuve du contraire, du libre arbitre le plus absolu – la mastication beaucoup moins, certains avancent même que c’est génétique. Or, qui dit libre arbitre, dit responsabilité pénale et donc envie irrépressible d’agir et de punir, au risque de devenir fou si justice n’est pas rendue.

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