En France, l’utilisation des notes vocales est une pratique qui divise profondément. Si on vous a déjà donné notre avis très objectif sur Konbini techno, au Cambodge, il n’y a pas de débat, tout le monde fait des voices. En effet, 50 % du trafic mondial de notes vocales de Facebook provient de ce pays d’Asie, un record ! C’est ce que nous apprend le média spécialiste de la tech hors Occident, Rest of World, qui a tenté de comprendre pourquoi cet outil y est tant utilisé.
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“Il y a beaucoup, beaucoup plus de symboles en khmer que dans l’écriture latine”
L’histoire commence en 2018, quand Facebook découvre que les Cambodgiens s’envoient énormément de voices. En 2020, Facebook lance un grand sondage pour essayer de comprendre pourquoi. Une seule personne y répond alors : taper en langue khmère sur un clavier s’avère beaucoup trop compliqué.
Pas étonnant, quand on sait que l’alphabet khmer possède le plus grand nombre de lettres au monde. La technologie n’a jamais été adaptée à cette langue aux 74 caractères, obligeant les Cambodgiens à échanger par messages vocaux. Ce n’est donc en aucun cas lié à un faible taux d’alphabétisation, comme on a pu le croire au départ.
Où réside la complexité exactement ? Chaque touche possède deux caractères, obligeant l’utilisateur à switcher entre deux claviers. Autre problème : il y a très peu de polices en khmer, ceci créant parfois des problèmes d’affichage chez les destinataires de messages. En comparaison, nos claviers aux caractères latins sont beaucoup plus simples à utiliser.
Résultat : la saisie devient presque impossible. Ce que confirme l’informaticien Javier Sola, qui travaille sur le projet KhmerOS, à nos confrères de Rest of World :
“Il y a beaucoup, beaucoup plus de symboles en khmer que dans l’écriture latine […]. Même s’il existe aujourd’hui des claviers un peu plus avancés, ils ne sont pas préinstallés sur les téléphones, contrairement aux claviers de Google, Samsung et Microsoft. Au fil des années, les habitudes se sont alors durcies et ont été acceptées. Au Cambodge, les gens font donc des messages vocaux.”
Les vocaux ne sont pas sans risque
Si beaucoup de Cambodgiens ont remplacé les textos par des vocaux sur Messenger, WhatsApp ou Telegram, certains utilisateurs, les plus jeunes, transcrivent leur langue en caractères latins.
Mais le recours aux vocaux n’est pas sans risque. Malgré beaucoup d’avantages (ce n’est pas nous qui allons dire le contraire), les messages vocaux présentent des inconvénients pour les utilisateurs : les conversations sont plus éphémères et il est impossible de retrouver des messages par mots-clés. Côté plateforme, la modération et la diffusion de fausses informations sont beaucoup plus compliquées à gérer que par écrit.
Et la tendance vocale n’est pas près de s’inverser au Cambodge. Le pays ne représente pas un marché assez attractif pour les entreprises technologiques, qui “ne gagnent pas d’argent ici, donc qui n’investissent pas”, rappelle Javier Sola. Les utilisateurs cambodgiens continuent donc à s’adapter en attendant de meilleures technologies qui pourraient venir remplacer les notes vocales.
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