Depuis ses débuts et son explosion de popularité ces dernières années, le milieu de Twitch ne cesse de surprendre. Parmi les événements les plus marquants, on pense bien entendu aux streams caritatifs (ou “marathons”) dont les diverses éditions récoltent d’énormes sommes en faveur de causes humanitaires.
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Cette tendance née aux États-Unis (comme l’AGDQ, par exemple) a rapidement conquis l’Hexagone et on ne peut bien sur pas oublier d’omettre le Z Event, tenant du record mondial de marathon Twitch, qui a récolté plus de 10 millions d’euros pour Action contre la Faim pour sa dernière édition 2021.
Toutefois, d’autres initiatives voient le voir et Battle 4 en est un des plus beaux exemples. Le week-end dernier, du 4 au 6 février 2021, une centaine de streamers et streameuses ont assuré cinquante heures de live et ainsi récolté plus de 427 000 euros de dons pour Handicap International et l’association APART – qui accompagne les jeunes dans leur insertion professionnelle.
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Les streamers paradoxalement timides
Xavier du Crest, directeur de Handicap International France depuis 2017, est tout sourire. “Depuis le début, j’ai une banane d’enfer, c’est dingue toute cette énergie qu’ils dégagent !”, nous dit-il en parlant des streamers et streameuses réunis par l’événement caritatif.
Jusqu’il y a quelques années, les jeux vidéo ou encore le monde de Twitch étaient encore inconnus pour lui. Pourtant, c’est bien ce nouvel univers en pleine expansion qui est devenu en quelques années une potentielle solution à un grand problème pour l’ONG (et tant d’autres) : la baisse des donations.
“La jeunesse ne donne plus et n’agit plus avec les ONG, ou du moins pas de la même façon que le font les désormais seniors qui continuent d’envoyer des classiques dons.”
Toucher de nouveaux donateurs, un nouveau public, c’était là tout le défi pour Handicap International. Xavier du Crest admet sans aucun problème que des événements comme le Z Event ont grandement accéléré cette tendance des marathons caritatifs gaming. “C’est formidable ce qu’a fait ZeratoR, il a tracé la voie !”
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Mais le Battle 4 a aussi une tout autre saveur, une autre ambiance où bienveillance et acceptation de l’autre sont les maîtres-mots. Xavier est très curieux lorsqu’il observe ces créateurs et créatrices de contenus sur Twitch.
“C’est une communauté qui est extrêmement ouverte d’esprit, mais dans le même temps très timide, un peu enfermée dans leur bulle. Ces questions d’inclusion les touchent énormément et d’ailleurs chez les streamers, il y a aussi des handicaps “invisibles” : des troubles de l’alimentation, de l’agoraphobie, etc.”
C’est dans cette même optique de sensibilisation que le casting du Battle 4 est aussi varié et représentatif. Beaucoup sont des gamers, mais on retrouve aussi des artistes musicaux, picturaux ou même un apiculteur !
“Avec une manette, on est tous égaux”, à condition d’avoir la bonne manette
“Le jeu vidéo, s’il est bien pratiqué et bien encadré, c’est que des vertus !, assure Xavier. À travers l’écran, on ne voit pas qui est en situation de handicap.” Une opinion largement partagée et défendue par Martin Laffay, responsable des projets gaming à HI.
Il y a quelques années, c’est lui qui a lancé les premières initiatives liant jeu vidéo et caritatif au sein de l’ONG. Handicap International et le gaming ? Pour Martin, ce n’était pas si antinomique. “Depuis longtemps, HI utilise la tech dans ses missions comme avec les drones de déminage”, explique-t-il. Il continue :
“J’avais cinq, six cousins sportifs, donc je m’y suis mis mais du fait de mon handicap, je ne pouvais pas les ‘battre’. Par contre, quand je jouais à la console contre eux, là j’y arrivais [rires].”
Tous égaux devant le joystick ? Martin en est convaincu. Évidemment, certains handicaps exigent des adaptations techniques, mais à la fin, ce sont les mêmes règles (le gameplay) qui régissent l’activité. “J’adore le handisport, c’est génial, mais ce sont ici encore des règles adaptées aux handicaps. Dans un jeu vidéo, c’est le même gameplay pour tout le monde.”
Il y a d’ailleurs, parmi les streamers du Battle 4, des gens qui ont surpassé leurs handicaps physiques pour streamer, c’est le cas de MentonTV, par exemple :
Depuis quelques années, des entreprises du jeu vidéo comme Microsoft avec son Adaptative Controller (une manette à destination des personnes en situation de handicap) ont commencé à proposer des solutions, mais c’est loin d’être suffisant. “Je ne comprends pas que Xbox puisse le faire mais pas Sony [PlayStation], par exemple !”, explique Martin.
Plus loin, plus haut ?
En tout cas, le Battle 4 est une franche réussite pour cette première édition. Derrière toute cette organisation, on retrouve le président de l’association lié à l’événement, Tony Helynck, ancien joueur pro de Counter Strike connu sous le pseudo syNip.
La première édition a été un franc succès avec son lot de happenings sportifs, musicaux, artistiques. Des acteurs de tous les milieux ont mis la main à la pâte même si la centaine de streamers reste le gros des “forces” de Battle 4.
D’autant que l’événement a été cette fois préparé en des temps records et le tout dans un lieu mythique : le Stade de France. Pour l’année prochaine, Tony est confiant : “On va tenter de faire deux fois plus !” Un rendez-vous déjà pris pour les streamers et autres intervenants, qui présage encore de bien belles choses pour les marathons caritatifs sur Twitch.
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