Mais quel est donc ce virus qui transmet les symptômes du stress post-traumatique ?

Mais quel est donc ce virus qui transmet les symptômes du stress post-traumatique ?

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© JustinMasterMine/Hero.fandom

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Par Konbini

Publié le , modifié le

Palpitations, rêves lucides, détresse profonde, souvenirs modifiés, violentes pulsions… On vous en dit plus.

Pour ce mois d’Halloween, la rédaction de Konbini vous prépare une série horrifique. Des creepypastas aux films d’horreur méconnus, en passant par des malédictions venues d’ailleurs, un article quotidien vous fera frissonner jusqu’au Jour des morts.

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On aura beau se terrifier avec des récits d’horreur, des creepypastas macabres et de sordides légendes urbaines, la chose la plus effroyable qui soit demeurera toujours notre esprit, nos traumatismes, nos histoires familiales. C’est sur ces peurs intimes que surfe le monstrueux, l’horrifique SCP-3503 qui prend la forme d’un virus anxiogène.

Ses caractéristiques ? Très contagieux, ce virus transmet une forme aiguë du trouble du stress post-traumatique (TSPT), comme si vous étiez infecté·e d’un traumatisme et de ses effets psychologiques néfastes. À la manière d’un TSPT traditionnel, il provoque “des rêves lucides, des souvenirs intrusifs en lien avec des événements traumatiques, une grande détresse ressentie en réaction à un traumatisme, ses déclencheurs et ses stimuli, et amplifie les réponses combat-fuite”. Cette maladie peut durer des années.

D’après les spécialistes, les personnes ayant vécu des “traumatismes infligés par le cercle familial”, ayant été victimes de violences sexuelles, psychologiques ou physiques ou qui sont déjà atteintes de TSPT sont plus vulnérables face au SCP-3503. Elles y seraient particulièrement sensibles deux à trois semaines suivant un événement traumatique survenu dans leur vie.

Les trois stades de l’angoisse

Le SCP-3503 se déploie en trois stades. Le stade 1 comporte toutes les caractéristiques du trouble de stress post-traumatique et peut durer “entre cinq et six ans en moyenne”. Toutefois, on note une petite originalité : lors de ce stade, les sujets atteints rêvent régulièrement de satyres, ou d’autres créatures similaires qui s’intègrent étrangement à leur imaginaire ensommeillé, recréant les souvenirs traumatiques.

Satyre ithyphallique, fin VIe siècle avant notre ère, sanctuaire de Zeus à Dodone. (© Musée Archéologique d’Athènes)

Issus de la mythologie grecque, les satyres (ou “faunes” dans la culture latine) sont les êtres maléfiques qui chaperonnent le dieu du vin et du plaisir, Dionysos. Créatures hybrides, elles sont dotées d’une tête et d’un buste humains ainsi que d’une queue, des jambes et des cornes de chèvre. Parfois représentés avec un sexe en érection, les satyres sont souvent associés à la perversion sexuelle et à un esprit libidineux débordant – les victimes de violences sexuelles étant souvent sujet·te·s à des TSPT, la présence de ces créatures n’est pas anodine dans leurs rêves. Ce symptôme peut contaminer jusqu’à 40 % de leurs rêves.

Vient ensuite le stade 2 qui, lui, dure “deux à trois ans en moyenne”. Il marque un tournant important dans l’état des malades : ces dernier·ère·s commencent à considérer leur trouble comme quelque chose de très positif et bénéfique, oubliant même leurs traumatismes. Cette phase d’amnésie est associée au phénomène du déni et du refoulement, et augmente les rêves de satyres.

Smile. (© Paramount Pictures)

Lors du stade 3, connu comme étant le dernier stade, le sujet voit sa confiance en lui s’accroître considérablement, notamment la confiance autour de son trouble. Appréciant désormais son syndrome, le malade euphorique voudra le propager. Et c’est là que ça se corse : la plupart des cas adopteront un comportement violent et inhabituel envers ses proches.

Certains perpétreront des actes terroristes, avec l’envie de générer des traumatismes chez des corps sains et de les rendre vulnérables face au virus. D’autres useront de leur confiance toute nouvelle pour fragiliser des personnes saines ou pour convaincre des malades en stade 1 ou 2 que le syndrome leur est profitable, les incitant psychologiquement à passer au stade 3.

Smile. (© Paramount Pictures)

Ce stade accentue également les rêves de satyres, et engendre des hallucinations en pleine conscience, souvent à travers des miroirs. De plus, “environ 30 à 40 % des malades de stade 3 développent des croyances misanthropiques inhabituelles et deviennent favorables aux idées anarcho-primitivistes”, note la SCP Foundation, un site spécialisé dans l’indexation de monstres et virus. Quatorze cas de SCP-3503 de stade 3 seraient maintenus en confinement “à des fins de recherche” par la SCP Foundation, dans un site où ils peuvent être éliminés s’ils deviennent dangereux.

Le cas de Morton Baker

L’un des cas les plus connus de SCP-3503 est Morton Baker, suspecté d’être le patient zéro. Ce soldat de l’armée états-unienne fut déployé en Afghanistan en 2002, avant de revenir au pays, après avoir terminé son service. À son retour, il souffre de stress post-traumatique mais son diagnostic n’est établi qu’en 2007.

Quatre ans plus tard, il attaquait la compagnie d’assurances dans laquelle il travaillait, faisant 34 blessé·e·s et de nombreux·ses traumatisé·e·s. Une retranscription textuelle de son entretien filmé a été réalisée. Elle révèle un interrogatoire mené par les forces de l’ordre, durant lequel le coupable détaille les raisons de son acte terroriste.

Agent Brody, Homeland. (© Showtime)

Durant l’entretien, Baker raconte le jour où il a survécu à un engin piégé. L’explosion a emporté l’un de ses camarades et blessé un autre. Terrifié, Morton Baker n’a pas été blessé mais a subi l’onde de choc. En s’échappant, il a commencé à expérimenter des hallucinations, s’imaginant dans une forêt ou une jungle.

Il dit avoir vu un satyre se jeter sur lui pour le dévorer. La douleur était si vive qu’il a préféré fermer les yeux. Quand il les a rouverts, il s’était réveillé de son cauchemar. Baker continua sa vie, sans parler à quiconque de cette hallucination qui s’est produite au moment de l’attaque. Ce songe lui a, selon ses mots, “ouvert les yeux”. Tout ceci ressemble bien au stade 2 du SCP-3503.

Au cours de l’interrogatoire, le sujet observé s’est mis à crier et à s’arracher les cheveux, gerbant des insultes et des réflexions décousues autour de la “Mère Nature” et de la technologie. [Le satyre] m’a appris à me mettre au vert et à aimer la nature pour de vrai. Et au moment où vous regarderez ça, j’aurai aidé au moins quelques personnes de plus à voir la vérité.” Il venait effectivement de commettre son attentat.

Un dispositif de prévention largement déployé

La SCP Foundation décrit des “procédures de confinement spéciales” mises en place pour freiner ce virus. Chaque groupe de soutien en ligne, chaque forum de discussion autour du trouble du stress post-traumatique et chaque mail échangé entre thérapeutes spécialistes est passé au crible pour prévenir les risques de contamination.

“Les rapports de police concernant les violences domestiques, les agressions sexuelles et les actes de terrorisme de masse doivent être surveillés pour détecter des indicateurs d’infection de SCP-3503 de stade 3”, lit-on non sans angoisse.

Mr. Robot. (© USA Network)

Une milice en ligne de “Goatbusters”, la FIM R-93, a également été déployée pour localiser les malades (aussi appelés, dans le jargon, “les focus”) et exécuter la procédure “701-Crafty” qui consiste en plusieurs étapes : injecter l’agent mémétique “3503-Man-About-Town” (ou “Meme MAT”) ; interroger le focus sur ses derniers contacts ; débusquer les cas contact pour les isoler et les interroger.

Les cas contact peuvent être de simples proches mais aussi des personnes habitant dans un rayon de 60 mètres (en moyenne) autour du lieu de domicile, de travail ou de loisirs du sujet traité. Il suffit de 20 à 30 secondes continues d’exposition au virus, assimilée à une hypersensibilité au traumatisme, pour le contracter. On administrera aussi le Mème MAT aux cas contact s’ils présentent des symptômes douteux. Cette cure ne fonctionne que lors de l’apparition des effets du virus, qu’au moment où le focus sent un début de syndrome et peut donc croire au remède.

Dans quelques cas, le recours à un sérum de vérité est autorisé pour soutirer aux patient·e·s toutes informations utiles. Vous l’aurez compris, ce virus est ultra-contagieux. Son taux de transmission a été estimé à 61 %. Dans le cas où les malades en seraient au stade 3 et auraient été à l’origine d’une agression, la SCP Foundation aurait le droit de les maintenir sous surveillance, afin de les étudier. Une annonce sera faite aux familles pour leur expliquer les causes de la mort (fictive) du focus. L’excuse souvent utilisée est que ce dernier est mort “des suites d’une résistance à ses crimes”.

Tout cela est évidemment faux, le focus étant maintenu en vie pour servir à la science. “Toutes les parties impliquées doivent être rendues amnésiques et recevoir de faux souvenirs à l’appui de ce récit.” Le personnel médical travaillant autour des personnes atteintes du SCP-3503 doit informer la direction de tous traumatismes survenus dans sa vie, ou dans le cadre de ses fonctions.

Mr. Robot. (© USA Network)

Comment guérir ? 

On a étudié quelques pistes pour vous aider, si vous étiez positif·ve·s au SCP-3503. D’abord, une thérapie en bonne et due forme. Considérez peut-être davantage l’hypnose ou l’EMDR. L’EMDR, ou “Eye Movement Desensitization and Reprocessing”, est une thérapie brève inventée par la psychologue états-unienne Francine Shapiro dans les années 1980. Elle est reconnue par l’Organisation mondiale de la Santé comme l’un des traitements les plus efficaces pour lutter contre le stress post-traumatique.

Cette technique mêle l’intégration neuro-émotionnelle aux mouvements oculaires et permet aux patient·e·s de désensibiliser un traumatisme traité et donc, d’être moins sensibles au virus. C’est assez simple : durant une séance, vous devez faire réapparaître le souvenir douloureux, vous rappeler de ses sensations, analyser votre détresse, ponctuer toutes vos réflexions de stimulations bilatérales, soit par la vision, soit par le toucher.

Homecoming. (© Amazon Video)

Le thérapeute peut alterner des tapes sur vos genoux droit et gauche, ou vous demander de suivre les mouvements de son doigt, allant de droite à gauche. Cette stimulation reproduit les mouvements oculaires que nous faisons lorsque nous entrons en phase de sommeil paradoxal, durant lequel le cerveau traite les informations et les événements de la journée pour les classer au passé. Au fil des séances, le traumatisme sera traité, relayé au passé, et sera ressenti comme moins vif.

Autre solution : rencontrer le SCP-5699 (aussi appelé “Take Care of Yourself”) ou le Kind Man (“Dr. K.M”, de son petit nom). Le premier se présente sous la forme d’un spectre humanoïde. Il aime accéder aux personnes suicidaires ou dépressives afin de leur apporter un soutien émotionnel et leur faire revivre des souvenirs positifs en lisant leur passé. Son mode opératoire est de suivre pendant cinq minutes une personne en grande détresse psychologique et d’inscrire sur un miroir les plus beaux moments de sa vie.

Le second vient en aide aux personnes se trouvant en souffrance profonde grâce à ses qualités de médium. Cet “individu mystérieux” est capable de changer le cours des événements en s’immisçant dans les vies des personnes déprimées par une situation particulière. Cela peut-être un deuil, une séparation, une maladie ou un burn-out. Son but est de rendre la vie du sujet plus facile. Mais au fond, est-ce que le SCP-5699 et le Kind Man ne seraient pas des personnifications de l’amitié, éternel remède au mal-être ?