La hache de guerre (des consoles) est de nouveau déterrée. Avec l’arrivée de la PlayStation 5 et de la Xbox Series X en cette fin d’année, l’industrie du gaming se prépare à être secouée par une forte concurrence.
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Du côté de Microsoft, on affiche la confiance. Phil Spencer, responsable de la division des jeux vidéo, a récemment déclaré au magazine Protocol qu’il ne considérait plus Sony et Nintendo comme les principaux concurrents de Xbox. Selon lui, les constructeurs (et éditeurs) nippons seraient une moindre menace par rapport aux deux géants américains Amazon et Google.
“Nous respectons énormément Sony et Nintendo, mais considérons qu’Amazon et Google seront les principaux concurrents à l’avenir […]. Ce n’est pas pour manquer de respect à Nintendo et à Sony, mais les sociétés de jeux traditionnelles sont quelque peu ‘hors sujet’. Je suppose qu’ils pourraient essayer de recréer Azure, mais nous avons investi des dizaines de milliards de dollars dans ce cloud au fil des années.”
La guerre du cloud gaming
Le projet Azure auquel Spencer se réfère est le service de cloud computing de Microsoft : un système de calcul et de traitement de données effectué sur des serveurs distants. Cette externalisation (physique) de ressources informatiques est utilisée par des milliers d’entreprises depuis presque dix ans.
Mais Azure est aussi devenue la technologie principale de la fonctionnalité Project xCloud. Avec sa première version (“preview“) lancée en novembre 2019, xCloud permet de jouer directement aux jeux Xbox depuis le cloud, y compris sur des téléphones mobiles ou tablettes. Phil Spencer pressent donc que l’avenir de l’entreprise (et de l’industrie en général) se trouve dans cette nouvelle technologie, et donc qu’en conséquence la concurrence viendra de ceux qui s’y investissent.
Google et Amazon apparaissent naturellement comme les plus gros concurrents à ce niveau-là. Lancée le 19 novembre 2019, la plateforme Stadia de Google, malgré les nombreuses critiques qui lui ont été adressées, a tout de même ouvert la voie. Quant à Amazon, si on n’a encore peu d’informations à ce sujet, on sait que la firme dispose déjà d’infrastructures performantes et cherche à s’immiscer très sérieusement dans l’industrie vidéoludique – malgré la vague de licenciements aux Amazon Games Studio en juin dernier.
La fin de la guerre des consoles ?
Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir streamé. Certes, le cloud computing et le streaming de jeux vidéo sont amenés à prendre une place de plus en plus importante dans l’industrie vidéoludique et dans les habitudes de consommation, mais il ne faut pas oublier ses limites.
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Pour pouvoir jouer via un cloud, il faut une (très) bonne connexion stable, ce qui peut créer une forte fracture numérique entre différentes strates de population (rurales/urbaines par exemple). Aussi, quand on voit tout l’engouement que les annonces de la future PlayStation 5 génèrent, Xbox affiche peut-être un léger surplus de confiance face à cette concurrence qu’il ne souhaite même plus considérer.
Avoir une technologie performante de cloud gaming est une chose, avoir suffisamment de joueur·euse·s intéressé·e·s en est une autre. Phil Spencer devra d’abord s’assurer des ventes de la future Xbox Series X s’il veut pouvoir compter sur un réel changement de perspective dans l’industrie.
Heureusement, Phil Spencer ne ferme pas la porte à l’alliance, à l’inverse. Toujours selon Protocol, le patron de Xbox aurait tout de même évoqué “sa volonté de coopérer avec Nintendo et Sony sur des initiatives communes”, évoquant notamment le cross-play – jouer au même jeu sur les mêmes serveurs mais via différentes consoles.