Des échantillons de graines de la nation amérindienne des Cherokees ont été envoyés dans la réserve mondiale de semences de Svalbard pour être stockées, après un voyage de 6 674 kilomètres. C’est la toute première fois qu’une tribu amérindienne contribue à cet immense grenier réunissant des semences venues du monde entier.
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La réserve mondiale de semences de Svalbard, un archipel situé sur l’océan Atlantique à l’est du Groenland, a été établie en 2008 par le gouvernement norvégien. Surnommé le “grenier du monde” ou “l’arche de Noé végétale”, ce gigantesque bunker abrite actuellement, selon le site officiel, 992 000 semences envoyées par 248 pays différents pour être préservées des aléas historiques et du changement climatique.
En 2015, pour la première fois, des populations indigènes ont été invitées à se joindre à l’effort collectif. Une tribu péruvienne venue de régions rurales des Andes, en Amérique du Sud, avait fait parvenir 750 semences de pommes de terre à Svalbard. Et même si les nations indigènes sont encore sous-représentées, l’apport de la nation cherokee marque une nouvelle étape.
Le White Eagle Corn (c) Cherokee Nation
Faire ressusciter les variétés en voie de disparition
Avec 370 000 citoyens recensés, la nation cherokee est la plus grande nation amérindienne des États-Unis. Plus important encore : elle cultive encore des variétés de semences précolombiennes. Les neuf types de graines envoyées en Norvège sont ainsi, comme le raconte Gizmodo, aussi anciennes que récentes : ces variétés de courges, de maïs ou de haricots étaient cultivées en Amérique du Nord avant l’arrivée des Européens, mais l’essentiel d’entre elles a disparu ou est en voie d’extinctions depuis.
Les graines envoyées à Svalbard ont été “ressuscitées” au cours des quinze dernières années par un programme spécifique financé par la nation cherokee. Par exemple, on peut citer le White Eagle Corn, un type de maïs uniquement cultivé par les Cherokees, qu’ils considèrent comme sacré. La conservation de ces semences a donc un sens patrimonial, mais aussi agricole : les conditions climatiques mettent à mal la production de ces végétaux et, en cas de disparition totale, la réserve mondiale de Svalbard permettrait de les réinsérer dans leur milieu naturel – comme ce fut notamment le cas pour la Syrie après la guerre.
Comme nous le raconte le magazine GEO, la nation cherokee organise des distributions de semences à ses membres pour préserver les cultures. C’est en prenant connaissance de ce rite que Luigi Guarino, l’un des gestionnaires du grenier du monde, a décidé de contacter des responsables de la nation cherokee. “En tant que Cherokees, l’un de nos principes est que, tant que nous avons nos plantes cherokees, les Cherokees peuvent subsister. Pour moi, ceci a rajouté une petite dose d’infini à cette croyance. Les Cherokees ne peuvent être des Cherokees sans leurs plantes“, a précisé Pat Gwin, directeur général chargé des ressources environnementales de la nation, au Guardian.