La guerre des consoles est probablement le sujet le plus sulfureux au sein de la communauté gaming, chacun défendant avec ardeur son constructeur préféré. Sony, Microsoft, Nintendo, Sega (petit ange parti trop tôt…), les arguments et la mauvaise foi fusent, mais jamais le débat ne s’arrête.
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Pourtant, dans une époque reculée qu’on appelle “la fin des années 1980”, il y eut une trêve. Alors que la SNES (ou Super Famicom au Japon) continuait d’écraser la Mega Drive, Nintendo se rapproche de Sony pour travailler sur un nouveau support révolutionnaire à venir : le CD-ROM.
Ils travailleront avec Ken Kutaragi, futur “père de la PlayStation” pour créer un support CD à la SNES – Kutaragi manquera presque de se faire virer car Sony n’était pas au courant.
En 1991, la “Super NES CD-ROM”, aussi appelée “Play Station” (en deux mots) est dévoilée au Consumer Electronics Show (CES) et s’annonce comme un futur succès. La machine est capable de lire aussi bien les cartouches de SNES que les nouveaux jeux sur CD que Sony est en train de préparer.
Malheureusement l’entente cordiale ne fut que de courte durée, puisque des différends entre Sony et Nintendo amèneront à l’annulation pure et simple du projet. La suite on la connaît : Sony sortira en solo la PlayStation (en un seul mot) en 1994.
<em>Capture d’écran issu du site de mise aux enchères. </em>© Heritage Auctions
Vestige vidéoludique d’une époque révolue
N’ayant jamais été commercialisée, on estime à quelques centaines la production de cette “Nintendo Play Station” avec probablement tout autant de destructions en usine par la suite. Toutes détruites ? Non, en 2009, Terry Diebold a acheté sans le savoir cette étrange console hybride à une mise aux enchères de biens provenant d’une propriété abandonnée d’un ancien cadre de Sony.
Ce n’est qu’en 2015 que son fils Dan retrouve l’antiquité dans le grenier. À partir de là, ils décident de faire le tour du monde pour présenter le prototype aux médias, développeurs et autres spécialistes du retro-gaming.
Aujourd’hui, Diebold souhaite vendre cette relique, comme il l’explique à nos confrères de Kotaku :
“Je ne peux pas continuer à perdre de l’argent […] J’ai mis beaucoup d’efforts et de boulot dans ces voyages mais nous n’en avons tiré aucune contrepartie [financière, ndlr.]. Chaque voyage que nous avons entrepris avec ce prototype nous a coûté de l’argent. »
La “Nintendo Play Station” sera donc mise en vente le 27 février 2020, via Heritage Auctions qui s’est récemment mis à la vente de jeux vidéo. Ils ont notamment à leur palmarès la vente d’une cartouche scellée de l’original Mega Man de 1987 pour 75 000 $ (67 000 euros environ).
La maison de vente aux enchères a déclaré qu’il n’y aurait pas de prix de réserve (de “départ”) ni d’estimation, ce qui est très rare. Valarie McLeckie, directrice du département jeu vidéo chez Heritage Auctions confie à Kotaku :
Cela va forcément se vendre et le marché déterminera la valeur […] Dans le cas de cet article particulier, puisqu’il n’a jamais été vendu aux enchères publiques auparavant, il n’y a vraiment aucun moyen d’estimer.
Aujourd’hui le record d’enchères en jeu vidéo est détenu par la vente d’une cartouche scellée originelle de Super Mario Bros. (1983, sur NES) pour plus de 100 000 dollars. Mais cette console si unique pourrait bien détrôner le plombier moustachu, Diebold ayant déclaré qu’il avait “décliné une offre de 1,2 million [de dollars] en Norvège“.