L’ère des grands dirigeables, fendant le ciel de part en part, a connu une fin soudaine quand le Hindenburg a sombré dans les flammes en 1937. 35 morts et une peur de l’hydrogène auront eu raison de toute autre tentative de développement ultérieure.
À voir aussi sur Konbini
80 ans plus tard, ces appareils géants seraient peut-être en passe de connaître un retour en grâce. Leur fonction ne serait alors plus de transporter des passagers, mais d’acheminer des marchandises autour du globe, et ce de manière verte.
Comme l’a proposé un rapport scientifique qui vient d’être publié, de nouveaux types de dirigeables pourraient réaliser le travail traditionnel des porte-conteneurs sur les océans. Cinq fois plus grands que l’Empire State Building, évoluant haut dans l’atmosphère, ils feraient les mêmes trajets en moins de temps et rejetteraient beaucoup moins de pollution.
Des courants anciens, des technologies modernes
Julian Hunt, membre de l’Institut national d’analyse des systèmes appliqués d’Autriche et auteur principal des travaux, expliquait ainsi que cette nouvelle génération d’aéronefs se déplacerait en “surfant” les courants-jets, des vents qui font le tour du globe dans la troposphère selon un trajet précis.
Selon le calcul des chercheurs, un appareil d’environ 1 500 mètre de long mettrait 16 jours à faire un tour du monde, en transportant avec lui 20 000 tonnes de marchandises tout en dépensant très peu d’énergie.
“Je n’ai rien inventé, le Hindenburg le faisait déjà. Ils avaient cette voie qui allait de New York jusqu’à Tokyo puis revenait à son point de départ. Le courant-jet n’a pas beaucoup changé depuis 100 ans.”
Ce qui a changé, c’est la technologie disponible pour construire et gérer les aéronefs : à l’époque, les opérateurs n’avaient que peu de moyens pour prévoir les changements météorologiques et pour construire des appareils robustes mais légers. Aujourd’hui, de nouvelles perspectives sont envisagées.
Des dirigeables sans équipage et toujours remplis d’hydrogène
Si ses dirigeables étaient repensés avec la technologie actuelle, Hunt avance que ceux-ci flotteraient toujours grâce aux particularités de l’hydrogène, gaz 14 fois plus léger que l’air. Depuis l’accident de 1937, celui-ci est boudé par les constructeurs et remplacé par l’hélium. Si l’hélium est inoffensif dans son utilisation, son extraction est complexe et son prix élevé.
L’hydrogène, quant à lui, peut être extrait de l’eau et serait donc bien moins cher. Il est d’ailleurs possible de réaliser l’extraction en utilisant l’énergie éolienne ou solaire, un nouvel avantage par rapport à l’hélium.
Afin de minimiser les risques associés à l’hydrogène, Hunt prévoit d’abandonner la notion d’équipage. Les aéronefs bénéficieraient alors du pilotage automatique, et seraient chargés et déchargés par des robots.
“L’idée est que tout ce processus soit automatisé pour qu’en cas d’accident, personne ne soit affecté si ce n’est l’équipement et la cargaison.”
Si tout ce projet paraît impressionnant, c’est bien son ambition qui pourrait le clouer au tarmac. Éric Lanteigne, spécialiste des dirigeables, expliquait à NBC que ce projet serait un challenge énorme, de par la taille de la construction et les obstacles devant lui.
Rappelons aussi que tout appareil volant grâce à l’hydrogène est interdit aux États-Unis depuis 1937, de quoi rendre une levée de capitaux plutôt compliquée…