Un homme de 40 ans, interpellé en Gironde et parmi les pédocriminels les plus recherchés au monde, “a souhaité collaborer avec la justice”, a assuré mardi à l’AFP son avocat qui a évoqué pour son client, “pris dans un engrenage”, une “arrestation quasi salvatrice”.
À voir aussi sur Konbini
“Depuis sa garde à vue, puis devant le juge d’instruction, il a souhaité collaborer avec la justice et présenter ses excuses pour ce qu’il avait fait […], ce n’est pas quelqu’un qui est dans une négation de l’horreur”, a déclaré son avocat Simon Takoudju. “Il s’est senti pris dans un engrenage avec l’impossibilité d’en sortir […]. Depuis des années, il aurait voulu stopper tout cela. Cette arrestation quasiment salvatrice lui permettra […] peut-être de trouver les raisons qui l’ont poussé à faire cela”, a-t-il ajouté.
Selon une source proche du dossier, ce quadragénaire “inséré”, qui donnait l’apparence d’“une personne lambda”, insoupçonnable, était domicilié à Frontenac, village reculé de quelque 750 âmes à l’est de Bordeaux, entre la Garonne et la Dordogne, où il vivait avec ses trois enfants et sa femme.
Il y menait une existence “extrêmement discrète”, selon la maire Josette Mugron, qui n’a d’ailleurs retrouvé aucune trace de lui sur les listes électorales. Des habitants croisés par les journalistes s’étonnent aussi : “Comment a-t-il pu faire ça dans ce village ? C’est perdu, ici. Comment a-t-il pu avoir les moyens techniques ? Ici, on n’est pas équipés.”
Le quadragénaire a été mis en examen à Bordeaux le 9 juillet, soupçonné d’avoir alimenté depuis chez lui des plateformes pédopornographiques accessibles à des “milliers de personnes” dans le monde, sur le Darknet, partie cachée du réseau Internet classique, où les échanges sont totalement anonymisés.
Ce père de famille est également mis en examen pour viols sur ses deux fillettes, qu’il mettait en scène dans des contenus filmés qu’il produisait. Cet autodidacte de l’informatique, cantonnier travaillant sur “trois ou quatre communes proches”, se livrait à ses activités parallèles le plus souvent “la nuit”, “a priori, sans éveiller les soupçons de sa femme”, selon la source proche du dossier.
Le quadragénaire était dans le radar des services de lutte contre la pédocriminalité depuis 2014, au point d’être “devenu l’une des dix cibles prioritaires mondiales”, selon la justice. Pour son avocat, il n’aurait pas eu “conscience de la dimension qu’il pouvait avoir”, “seul, devant son ordinateur”.
Grâce à une cyberinfiltration, les policiers spécialisés de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), en collaboration avec l’office de police européen Europol, avaient fini par identifier son adresse IP. Interpellé le 7 juillet près de son domicile, il a reconnu les faits et se trouve aujourd’hui en détention provisoire.
Le juge d’instruction qui a repris le dossier aura encore “de nombreuses investigations à mener”, a souligné la procureure de Bordeaux, Frédérique Porterie.
L’avocat du suspect assure qu’“il a la volonté de participer à l’effort de la justice”, et d’“aider la justice à mettre la main, peut-être, sur les protagonistes qui […] sévissent encore sur le Darkweb”.
Konbini techno avec AFP