Conquête de l’espace : l’armée de l’air française change de nom

Conquête de l’espace : l’armée de l’air française change de nom

Il faut désormais dire "armée de l’air et de l’espace".

C’est le genre de rebranding qui n’arrive pas tous les jours. Ce 11 septembre 2020, l’armée de l’air a été renommée en “armée de l’air et de l’espace”, entérinant la volonté du gouvernement français de se développer dans le domaine aérospatial, prochain grand théâtre d’affrontement politique, militaire mais surtout économique entre les super-puissances mondiales.

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La semaine dernière, la ministre des Armées Florence Parly et le chef d’état-major de l’armée de l’air Philippe Lavigne ont tenu à marquer le coup en organisant une cérémonie sur la base aérienne 107 de Villacoublay, durant laquelle le nouveau logo de l’armée de l’air et de l’espace a été dévoilé.

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Le nouveau symbole de l’armée de l’air et de l’espace reprend un élément essentiel de celui de l’armée de l’air, à savoir l’épervier – un petit rapace typiquement européen. Présent également sur les tenues des aviateurs, il symbolise l’action de surveillance et la chasse, les deux domaines de prédilection des unités aériennes de l’armée française.

Cette nouvelle branche interdisciplinaire – qui conserve toutes ses prérogatives liées aux missions aériennes terrestres – servira en premier lieu à rassembler les forces spatiales françaises, permettant d’amorcer la suite des opérations en haute atmosphère, notamment dans le domaine de la surveillance et du contre-espionnage par satellite.

“L’armée de l’air a toujours été un creuset pour nos rêves, comme [lorsque] nous avons pu admirer les parachutistes tomber du ciel, a déclaré Florence Parly lors de son allocution du 11 septembre adressée aux militaires de l’armée de l’air. Aujourd’hui, vous vous apprêtez à aller au-delà de vos rêves ! Depuis le 24 juillet 2020, vous êtes devenus l’armée de l’air et de l’espace. Cet emblème est désormais le vôtre, l’épervier a pris de la hauteur, il s’est élevé, et je sais que vous saurez faire face.”

L’an dernier, lors de son traditionnel discours aux armées précédant le défilé du 14-Juillet, le président de la République avait déjà mentionné l’importance d’une telle mutation : “La nouvelle doctrine [spatiale] doit permettre d’assurer notre défense de l’espace et par l’espace. Nous protégerons ainsi mieux nos satellites, y compris de manière active”, annonçait-il.

Il en avait également profité pour annoncer la création d’un Commandement de l’espace (CDE), une section à part entière de l’armée française destinée à unifier les services militaires compétents pour les intégrer à l’armée de l’air.

Dans l’atmosphère, et au-delà

Un an après sa création, le 8 septembre 2019, le CDE a ainsi déjà pu former ses premiers bataillons. “Nous étions environ 220 personnes en 2019 et nous serons 470 en 2025”, a précisé le général Michel Friedling à la tête de ce commandement spatial.

Les effectifs seront bientôt déménagés à Toulouse (Haute-Garonne), mais sont encore aujourd’hui répartis entre Paris, Creil (Oise) et Lyon (Rhône). Chaque année, les effectifs devraient s’étoffer d’une quarantaine voire d’une cinquantaine d’experts supplémentaires jusqu’en 2025.

D’ici 2023, le commandement spatial disposera de son propre bâtiment avec 5 000 m2 de bureaux et de surface de travail, et le centre disposera des capacités pour contrôler et commander beaucoup plus facilement les satellites français.

Dans un futur très proche, l’armée de l’air et de l’espace souhaite se doter de nanosatellites patrouilleurs capables de protéger activement ses satellites d’observation et de communication. “On travaille sur ce sujet avec le CNES, la DGA [Direction générale pour l’armement, ndlr] et l’agence de l’innovation de Défense pour disposer d’une capacité en orbite dès 2023”, explique le général de la CDE.

Ces cinq prochaines années, la France compte investir au total 5 milliards d’euros pour renouveler l’ensemble de ses capacités militaires spatiales – entre satellites de télécommunication, d’observation et d’écoute électromagnétique.

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