La vidéo YouTube commence par cette curieuse demande : “Merci de régler votre vitesse de lecture sur 25 % et d’activer les sous-titres. Si vous ne le faites pas, rien de cette vidéo n’aura le moindre sens.” À moins d’avoir réduit la vitesse de lecture à 25 %, la suite est effectivement incompréhensible. Un jeune homme apparaît à l’écran et s’exprime à un débit excessivement rapide pendant une trentaine de secondes. Honnêtement, c’est un enfer.
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Ce jeune homme, c’est Dapz, un youtubeur spécialisé dans les tests farfelus. En moins d’une minute, il met en scène la destruction d’un Nokia 3310 à mains nues, les crissements d’ongles sur un tableau noir ou encore une dégustation d’eau à la fourchette. Avec ses 158 000 abonné·e·s, ses défis en tout genre dépassent rarement les 100 000 vues, mais l’une de ses vidéos semble avoir défié les lois de la plateforme.
“Cette vidéo pourrait casser l’algorithme”
Intitulée “This video may break the algorithm” (“Cette vidéo pourrait casser l’algorithme”), elle a été publiée il y a une semaine et comptabilise déjà 1,3 million de vues… devenant ainsi la 5e vidéo la plus populaire de sa chaîne. Une fois la vitesse de lecture ajustée au minimum et les sous-titres activés, voici ce que nous y apprenons :
“L’algorithme de YouTube privilégie trois indicateurs majeurs : taux de clics, temps de visionnage et taux de rétention, explique-t-il. Si votre audience descend la vitesse de lecture à 25 %, le taux de rétention sera compté à 400 % de plus, ce qui est incroyablement élevé.”
La clé du succès : le taux de rétention
Logiquement, si le taux de rétention – le nombre de spectateurs qui continuent de regarder la vidéo et le moment où ils en interrompent la lecture – explose ainsi, l’algorithme de YouTube mettra bien plus en avant la vidéo qu’une autre. Et c’est là tout l’objectif de Dapz : vérifier l’existence de garde-fous sur la plateforme, destinés à encadrer ce genre d’abus. “Si cette expérience fonctionne et que cette vidéo apparaît dans les recommandations YouTube, ça confirme mon idée.”
De notre côté, on valide son hypothèse : si nous vous parlons de cette vidéo aujourd’hui, c’est qu’elle est bien apparue dans les recommandations de l’un de nos journalistes. Reste à savoir si sa visibilité est uniquement liée à la vitesse de lecture ou si le titre bien accrocheur a eu un rôle à jouer.
La vitesse de lecture au cœur des crash tests
L’idée remonte en réalité à il y a deux ans, lorsque PewDiePie avait posté une vidéo intitulée “Watch this video in 2X SPEED!”. Une instruction qu’il justifie en expliquant vouloir améliorer son “watch time”, ou temps de visionnage, soit la durée réelle pendant laquelle les spectateurs ont regardé la vidéo.
Mais une telle technique fonctionne-t-elle vraiment ? Le youtubeur vidIQ avait à son tour tenté d’analyser les retombées réelles d’un tel parti pris à l’aide d’une petite expérience. Conclusion : ce qui est pris en compte par l’algorithme est le temps réel passé à regarder la vidéo. Accélérer la durée revient donc à réduire le temps de visionnage.
À l’inverse, ralentir la vitesse de lecture revient à passer plus de temps devant la vidéo, donc à augmenter son temps de visionnage. Sa durée moyenne de visionnage explose alors à quasiment 400 %, ce que prétendait vouloir tester Dapz. La boucle est bouclée.
Nous avons contacté l’équipe de YouTube pour tenter d’en savoir plus sur les conséquences réelles d’un tel paramétrage sur le succès d’une vidéo. Nous vous ferons part de leur retour.
Vous avez l’habitude de changer la vitesse de lecture d’une vidéo ? Vous pouvez nous écrire à : hellokonbinitechno@konbini.com.