“Ça s’est mal terminé pour lui à Dortmund car il avait des problèmes avec la direction, notamment au niveau des transferts où il avait l’impression de ne pas avoir son mot à dire, et c’est ce qu’il risque aussi de bloquer au PSG s’il n’a pas les pleins pouvoirs. Mais selon moi, s’il signe à Paris, il sait que le projet lui correspond. Il ne va pas prendre le risque de se retrouver dans la même galère qu’au BVB.”
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Même son de cloche du côté de Charaf Benkerbich : rédacteur notamment pour le site Ultimo Diez, il a beaucoup suivi le foot allemand et connaît sur le bout des doigts la mentalité de Tuchel :
“Selon moi, il peut s’imposer dans n’importe quel club si on s’adapte à son caractère et à son profil. Mais si on lui met des personnes à travers la route comme c’était le cas avec Mislintat (qui s’occupait du recrutement à Dortmund, ndlr), il n’hésitera pas à claquer la porte ou à pousser un coup de gueule pour se faire respecter.”
Et si Tuchel a parfois une image très dure, il s’agit clairement pour Sophie Serbini d’un mauvais procès. Selon elle, son unique objectif est de tirer vers le haut son groupe :
“Il n’est pas difficile, mais ambitieux et exigeant, mais c’est le cas de tous les entraîneurs à ce niveau. Ce n’est pas un tortionnaire, il a une vision du jeu qui lui est propre. Il a une méthode qui passe ou qui casse : il est très honnête, pas très dans l’affect. À Dortmund, il arrive après Klopp, qui répétait à ses joueurs qu’ils étaient super, donc forcément ça a créé un choc, notamment pour ceux qui étaient proches de l’ancien coach.”
Un point commun avec Emery, qui n’est pas non plus, au PSG, un coach très porté sur l’affectif…. Mais avec des stars comme il en cohabite à Paris, est-ce que Tuchel ne risque pas d’être débordé ? “Il n’a pas de problème avec les stars, comme Aubameyang quand il était son coach, explique Sophie Serbini. Car ces mecs bossent, et si tu bosses, il en a rien à faire de ce que tu fais en-dehors, du moment que tu manges correctement, le reste il s’en fiche”.
Extrasportivement, c'est un homme très exigent avec lui même et envers son équipe. Il aime avoir un contrôle sur bcp d'aspect pour exploiter un maximum son effectif.
— Charaf (@CharafMD8) 31 mars 2018
Gundogan a eu un régime sans blé, céréales ou sucre pour revenir en forme par exemple sur la demande de Tuchel.
Si les joueurs parisiens jouent donc littéralement le jeu au Camp des Loges, Tuchel pourrait pourquoi pas faire des petits miracles, d’autant qu’il a tendance à très bien s’entendre avec les jeunes qui ont envie de progresser. Seul bémol qui pourrait rendre les relations compliquées dans la capitale : “Ils n’aiment pas les gens qui tiennent à leur statut” nuance Sophie Serbini.
Pour Charaf Benkerbich aussi, l’arrivée de l’Allemand dans le vestiaire parisien peut être radicale :
“Il peut apporter un esprit de club professionnel au PSG. Il n’hésitera pas à faire un tri chez les joueurs pour avoir un vestiaire sain. En plus, il peut apporter une exigence dans l’hygiène de vie des joueurs comme il a pu faire avec Gündogan lors de sa période de rééducation. Il sera capable d’amener les joueurs à leur maximum avec le souci du détail. En plus, son côté grande gueule va permettre au club de vivre de gros discours poignants pour transcender les joueurs et ne pas revivre des situations comme la remontada face au Barça.”
Côté terrain, comment se traduit le management tuchelien ? Charaf Benkerbich, qui se passionne pour la tactique, nous raconte le parcours de Tuchel pour mieux expliquer sa façon de raisonner au bord d’un terrain. L’Allemand a commencé à coacher tôt, deux ans après avoir stoppé sa carrière pro suite à une blessure. À 27 ans, il se retrouve donc entraîneur des équipes de jeunes de Stuttgart. Quelques années plus tard, il devient manager des équipes de jeunes puis de la réserve d’Augsburg. La révélation arrive à Mayence où, après un passage encore une fois chez les U19, il prend la tête de l’équipe pro, en 2009. Charaf Benkerbich continue :
“Vingt jours après son intronisation, il va gagner chez un petit club allemand plus au moins réputé… le Bayern Munich. Mayence termine 10e lors de cette saison où le club est de retour parmi l’élite. Mais le chef-d’œuvre aura lieu la saison d’après, avec une 2e place à la trêve hivernale et une 5e place au final. Il signe à Dortmund après le départ de Klopp et une année sabbatique. Il réalise deux saisons plus que correctes avec un quart de coupe d’Europe chaque année (face à Liverpool puis Monaco), il termine deuxième puis troisième de Bundesliga, est finaliste en 2016 puis vainqueur de la Coupe d’Allemagne”.
Après avoir débuté la saison en 4-3-3, il change de système pour un 3-4-3 pour stabiliser la défense après le 5-1 pris contre le Bayern.
— Charaf (@CharafMD8) 31 mars 2018
Avec cette nouvelle animation, des joueurs réalisent la saison de leur carrière : Hummels, Gundogan et Mkhitaryan.
Des résultats loin d’être décevants pour un jeune coach, d’autant qu’en 2015-2016, “le BVB réalise la meilleure saison en terme de points dans l’histoire de la Buli en plus d’avoir été la meilleure attaque de la saison devant le Bayern de Pep” précise Charaf Benkerbich (il sera même élu meilleur coach de Bundesliga cette année-là), et ce grâce à une philosophie bien particulière :
“En tant qu’Allemand, il ne perd jamais l’idée du jeu offensif, avec cette notion de marquer toujours un but de plus que l’adversaire, quitte à en prendre 3. Durant sa pige à Mayence, il avait une équipe capable de presser très fort et d’asphyxier son adversaire dans son propre camp en plus d’attaquer très verticalement. Après avoir claqué la porte, il décide d’utiliser son année sabbatique pour repenser son football et l’améliorer. Parfois incapable de déséquilibrer un bloc bas avec Mayence, il apprend au près d’un jeune entraîneur qui vient de poser ses valises en Allemagne, Pep Guardiola. Grâce à cette période, il signe à Dortmund avec des idées de jeu impressionnantes : il rajoute à sa palette le jeu de position en plus de ses qualités offensives qu’il avait auparavant.”
Selon Sophie Serbini, cette façon de jouer, sans pitié et toujours portée vers l’avant, ne pourrait tirer que vers le haut le PSG :
“Ce jeu très offensif, c’est ce qui manque au PSG. C’est la mentalité allemande : qu’importe l’adversaire, ils donnent tout. En Bundesliga, si tu as l’effectif du PSG, tu dois gagner avec 25 points d’avance, et Tuchel a exactement cette mentalité. Ça peut apporter beaucoup au PSG, surtout en Coupe d’Europe”.
Si certains sont réticents face à l’arrivée de l’Allemand dans la capitale française, notamment à cause de son maigre palmarès, beaucoup de qualités du coach laissent penser qu’il peut apporter beaucoup au vestiaire parisien et à un club où les fonctions des dirigeants se confondent souvent. Si toutes les décisions sportives lui reviennent effectivement, par sa rigueur et son exigence envers soi-même et surtout envers ses joueurs, Tuchel peut être celui qui mènera enfin le PSG ère QSI dans le dernier carré de la C1. On lui souhaite dans tous les cas.