Les droits à l’image de Kylian Mbappé sont au cœur des négociations en Bleu comme en club. Égratigné par le président de la Fédération Noël Le Graët, oscillant entre Paris SG et Real Madrid, l’attaquant semble vouloir bousculer les usages en vigueur sur les droits marketing. “S’il n’accepte pas le fonctionnement, il n’aura pas d’argent, c’est tout”, lancé le président de la Fédération française de football (FFF) dimanche dans L’Équipe, irritant Mbappé et son entourage.
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Le Graët évoquait l’épisode du refus de la star de participer en mars à un événement marketing des Bleus. C’était “pour faire bouger les lignes”, avait expliqué le camp Mbappé, qui demande depuis quatre ans de rediscuter l’accord. L’entourage du joueur explique que s’il veut plus, ce n’est pas pour sa poche, mais pour entièrement le redistribuer à des œuvres au foot amateur.
Depuis la loi Braillard, ce qu’on appelle dans le langage courant la “prime” des joueurs en équipe de France, 25 000 euros par match, est en réalité un droit à l’image. La star est évidemment demandée par tous les sponsors parmi les cinq joueurs nécessaires pour déclencher l’utilisation du droit à l’image collectif.
Il y a eu quelques abus, comme un de ces partenaires des Bleus utilisant une silhouette en carton de Mbappé grandeur nature, avec quatre joueurs épinglés dessus au format vignette pour arriver au compte de cinq…
Mbappé demande un droit de regard
“Attention au quiproquo”, explique à l’AFP Gaël Mahé, agent de matches et agent sportif, “Mbappé et ses conseillers demandent seulement un droit de regard, ils ne remettent pas en cause le droit à l’image en équipe de France, seulement qu’il puisse dire non à certaines activités pas en rapport avec ses valeurs.”
En revanche, l’agent estime que ce “bras de fer commercial nuit à l’image du joueur”, qu’il a “peut-être tort de se mettre hors-jeu en ayant l’air de demander plus que d’autres joueurs, même si l’argent n’est pas pour lui. L’équipe de France, c’est un patrimoine.”
Le sujet est en tout cas crucial pour le champion du monde 2018 (23 ans), sollicité par les plus grandes marques, en particulier à l’approche du Mondial 2022. “Ce sujet des droits d’image est au cœur du business du sport”, explique à l’AFP l’avocat Didier Poulmaire.
L’article L 222-2-10-1 du Code du sport qui permet de payer aussi les joueurs en droits d’image “ne s’applique malheureusement pas aux rapports entre les fédérations sportives et les sélectionnés”, précise l’avocat fiduciaire, très actif dans le monde du sport. Sur ce plan, “les rapports entre la FFF et Mbappé restent donc soumis à la conclusion d’un contrat spécifique”, explique-t-il.
“Une chance pour le sport français”
“Le clan Mbappé a certes raison de défendre son droit à l’image, mais la FFF a, de son côté raison, de maintenir une approche homogène de ce sujet”, poursuit Poulmaire. Mais pour l’avocat, ce “problème apparent est en fait une chance pour le sport français, l’opportunité de faire évoluer les relations que la FFF noue avec les joueurs afin de les faire entrer dans l’ère moderne, celle [du réseau social] TikTok et des NFT”, ces actifs numériques infalsifiables.
Le joueur et son entourage n’ont pas apprécié que l’affaire soit sur la place publique, ni le timing de l’intervention de Le Graët. Mais la question de ses droits à l’image Mbappé s’étale aussi au grand jour en Espagne, où la presse a fait ses gros titres lundi de la présence du Français à Madrid : selon la radio Cadena Cope, l’attaquant a été aperçu sortant d’un restaurant en compagnie de son partenaire à Paris Achraf Hakimi, natif de la capitale espagnole.
Vue d’Espagne, les droits marketing sont le point d’achoppement du transfert hypothétique vers le Real du prodige français, qui n’a toujours pas prolongé son contrat au PSG s’achevant fin juin. Selon le quotidien espagnol El Pais, mi-mars, après l’élimination du PSG par le Real, la “Maison blanche” a formulé une nouvelle offre à Mbappé : 180 millions d’euros de prime à la signature et un salaire net annuel de 40 millions d’euros (des chiffres jugés fantaisistes par l’entourage du joueur comme par le PSG), et 50 % de ses droits d’images, comme à tous ses joueurs.
Mais le camp Mbappé préférerait 100 %, ce que propose le PSG. Selon certaines sources, le Real serait prêt à négocier une répartition 60-40 en faveur de Mbappé. Suffisant pour convaincre la star ?
Konbini sports avec AFP