Bruce Grannec, légende de Fifa
Pour moi, l’eSport c’est un des sports du futur. J’ai commencé il y a une dizaine d’années et ça a déjà beaucoup évolué. Si on m’avait dit que ça passerait sur la TNT je n’y aurais pas cru ! Mais ça va continuer dans ce sens, en Asie ils remplissent des stades, les mecs sont des stars… Et FIFA, donc le football, c’est quelque chose d’universel. Un jour ça passera à la télé et ça ne surprendra plus personne, ça sera quelque chose de normal.
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Une E-Football League organisée par l’Equipe et diffusée sur l’Equipe 21 est d’ailleurs prévue pour démarrer à la fin du mois de janvier.
Certains grands clubs s’investissent tout de même déjà dans le “sport virtuel” : le Besiktas (Turquie) ou même Santos au Brésil possèdent leur section eSport. Rick Fox, triple champion NBA avec les Lakers au début des années 2000 possède depuis mi-décembre sa propre équipe sur League of Legends. “Étant un athlète professionnel, un businessman et un fier membre de la communauté des gamers, je vois comment l’eSport grandit. Nous sommes très proche de quelque chose d’incroyable”, déclarait-il au moment de l’acquisition.
Sur FIFA, c’est Wolfsburg qui avait décidé en mai de faire signer deux joueurs pour défendre les couleurs du club au niveau virtuel. Supporter du FC Nantes, Bruce Grannec n’a pas vu passer ce genre d’opportunité en France. Ni de la part des Nantais, ni des Rennais. Il en rigole :
Mais j’aurais aimé qu’ils me contactent ! Je pense que ça va finir comme ça. Ça serait beau que le Real par exemple ait son équipe virtuelle qui joue en lever de rideau, qu’il y ait des transferts entre clubs… Ça va finir par ressembler à ça.
Riot Games, l’entreprise qui a emmené l’eSport au niveau supérieur
Mais aujourd’hui FIFA, et PES encore plus, ont un temps de retard, comme l’explique William Gellato, également coach FIFA pour la Team-LDLC, une grande marque de matériel informatique :
Quand on voit une finale de FIFA, on saisit moins facilement l’excellence des joueurs. Et on n’a pas la même impression d’assister à un spectacle comme quand on regarde une finale de Counter-Strike ou League of Legends. Mais au moment de la dernière finale du championnat de France, on a fait 400.000 vues sur la diffusion avec un pic à 12.000 spectateurs. C’est énorme à l’échelle nationale ! Et EA n’est pas Riot Games.
Riot Games, le développeur de League of Legends, mise beaucoup sur l’eSport. L’entreprise a créé des ligues professionnelles un peu partout dans le monde, diffuse ses compétitions en ligne avec commentateurs et analystes et se permet de squatter les plus grandes enceintes de la planète (le Staples Center de Los Angeles, le Stade de la Coupe du monde de Séoul, le Zénith de Paris). Pour Bruce Grannec, le foot devrait s’en inspirer :
Quand on voit comment ils s’investissent, on se dit qu’EA pourrait en faire plus. Mais ça s’améliore ! Et puis FIFA a le potentiel, une partie de League of Legends c’est dur à comprendre pour les non-initiés alors que FIFA est calqué sur le foot. Et quand on sait ce que représente ce sport dans le monde…
Contrairement à d’autres jeux, FIFA ne requiert pas forcement une pratique quotidienne. Mais si tu veux rester dans les meilleurs, tu dois être rigoureux. Je peux me considérer comme “pro” et j’ai commencé à gagner de l’argent depuis mon titre de champion de France. Ça n’est pas suffisant pour en vivre mais ça m’aide pour l’essence, l’assurance de la voiture… Avec FIFA je peux me payer ça.
Voire mettre un peu de côté. Être champion de France avait rapporté un chèque de 5.000 euros à Alexis.
@Vitality_Neo @BrokyBrawks pic.twitter.com/V2boXqk2kz
— Raphaël Guerreiro (@RaphGuerreiro) 1 Novembre 2015
Et les pros du football, le vrai, s’impliquent-t-ils dans la version virtuelle de leur sport ? Si on a vu Raphaël Guerreiro (ailier lorientais) très proche des membres de “Vitality”, une équipe réputée sur Call of Duty notamment, “Ayziq” a affronté, à la sortie de sa finale gagnée, Michy Batshuayi, présent pour remettre son chèque au vainqueur :
Et par miracle j’ai perdu. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, je m’en foutais un peu faut dire, on venait de me filer un chèque de 5.000 euros, laissez-moi souffler ! Après il jouait vraiment bien. J’ai remarqué que les joueurs de foot trouvent vite leurs marques sur le jeu. Ils savent quoi faire. Tu sens qu’ils sont au-dessus du lot. Mais j’ai pas fait exprès de le laisser gagner. Il m’avait chambré sur Twitter d’ailleurs.
@EASPORTSFC @aAa_Ayziq tranquille j'ai déjà battu le champion la dites leur qu'ils s'entraînent un peu
— Michy Batshuayi (@mbatshuayi) 30 Mai 2015
Et Football Manager alors ? Un jeu de gestion peut-il avoir un avenir eSportif ? Bruce Grannec se marre à nouveau : “Le souci c’est que c’est pas hyper spectaculaire. Tout le monde aime ce jeu mais c’est dur de suivre des lives, ou de faire des tournois. C’est tellement long !” Devenir pro sur FM, ce rêve inatteignable.