La nouvelle a été révélée “accidentellement” par les procureurs en charge du dossier.
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© Justin Tallis/AFP
Reclus depuis 2012 à l’ambassade d’Équateur à Londres, Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks qui a publié en 2010 de nombreux documents confidentiels américains, a été inculpé secrètement aux États-Unis, a annoncé WikiLeaks jeudi 15 novembre au soir.
Ce développement pourrait avoir des implications sur les investigations sur les soupçons d’ingérence russe dans la campagne présidentielle de 2016 aux États-Unis, pendant laquelle WikiLeaks avait dévoilé des milliers de courriels de responsables du parti démocrate.
La nature des chefs d’accusation retenus contre M. Assange n’a pas été connue immédiatement. Cette inculpation, censée rester secrète, a été révélée par inadvertance dans des documents judiciaires concernant une autre affaire, selon WikiLeaks.
“Le département américain de la Justice révèle ‘accidentellement’ l’existence de chefs d’accusation secrets (ou de projets de tels chefs d’accusation) contre le directeur de WikiLeaks Julian Assange, dans ce qui semble être une erreur de copier-coller dans une autre affaire, également instruite dans le district est de la Virginie”, a twitté WikiLeaks.
Resources US government v @WikiLeaks:
— WikiLeaks (@wikileaks) 16 novembre 2018
1) Timeline: https://t.co/LswVTHOMjB
2) Overview: https://t.co/Mb6gXlz7QS, https://t.co/s8RhCHjSaL
3) Lawyers: @AssangeDefence, @suigenerisjen, @AssangeLegal pic.twitter.com/1bJOtaSFRJ
L’existence de ces charges contre Assange est révélée dans un document rédigé par le procureur Kellen Dwyer, dans lequel ce dernier demande à un magistrat d’en préserver la confidentialité.
“En raison de la complexité [de l’affaire liée à la personnalité] du prévenu et la médiatisation entourant le dossier, aucune autre procédure ne permettra de maintenir confidentiel le fait qu’Assange a été inculpé”, écrit le procureur, cité par le Washington Post. Les chefs d’accusation devraient “rester confidentiels jusqu’à ce qu’Assange soit arrêté”, ajoute Dwyer.
Assange est visé par une enquête aux États-Unis depuis la divulgation par WikiLeaks en 2010 de milliers de documents militaires et diplomatiques confidentiels embarrassants pour Washington. Mais son inculpation pourrait avoir des répercussions sur les investigations du procureur spécial Robert Mueller, qui cherche à établir s’il y a eu collusion entre Moscou et l’équipe de Donald Trump lors de la présidentielle de 2016.
“Par erreur”
En juillet, Robert Mueller avait inculpé douze agents russes pour avoir piraté les ordinateurs du parti démocrate, volé des documents internes et les avoir publiés pour influencer l’élection. L’acte d’accusation se référait à WikiLeaks, sous le terme d’“Organisation 1” décrite comme une plateforme utilisée par les Russes pour diffuser les documents piratés.
WikiLeaks avait indiqué en août qu’une commission du Sénat américain avait par ailleurs invité Julian Assange à “se rendre disponible” pour être auditionné dans le cadre de son enquête sur une éventuelle ingérence russe.
Les médias américains ont été avertis jeudi tard dans la soirée de la divulgation par inadvertance de cette inculpation, à la suite d’un tweet de Seamus Hughes, expert d’un programme de recherche spécialisé dans l’extrémisme à l’université George-Washington, et qui suit de près les procédures judiciaires.
You guys should read EDVA court filings more, cheaper than a Journal subscription pic.twitter.com/YULeeQphmd
— Seamus Hughes (@SeamusHughes) 16 novembre 2018
La publication de ces documents judiciaires a été faite “par erreur”, a commenté un porte-parole pour le ministère public en Virginie, cité par les médias américains.
Julian Assange s’est réfugié à l’ambassade d’Équateur à Londres en juin 2012, pour échapper à une extradition vers la Suède, où il était recherché pour des accusations de viol et d’agression sexuelle, poursuites qui ont depuis été abandonnées.
L’Australien de 47 ans reste reclus dans l’ambassade, redoutant d’être arrêté puis extradé et jugé aux États-Unis. La justice britannique refuse de lever le mandat d’arrêt émis à son encontre au motif qu’il n’a pas respecté en 2012 les conditions de sa liberté sous caution.
Konbini avec AFP