Métiers de l’enseignement dévalorisés, ravages liés au harcèlement scolaire ou encore baisse du niveau des élèves : la pandémie de Covid-19 a mis en exergue les problèmes majeurs liés à l’école dans l’Hexagone. Par conséquent, à l’approche du second tour de l’élection présidentielle, après une première comparaison des programmes en ce qui concerne la chasse, Konbini news a entrepris de lister les engagements pris par les deux candidats, spécifiquement au sujet de l’éducation nationale. Passage en revue des deux programmes pour le quinquennat à venir.
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Emmanuel Macron : plus de sport, plus d’apprentissage et le retour du “travailler plus pour gagner plus”
Dans son programme, Emmanuel Macron introduit cette problématique en rappelant que durant son mandat, “l’instruction dès 3 ans est devenue obligatoire”, se félicite des “petits-déjeuners gratuits”, assure que “la réforme du lycée et du baccalauréat a donné plus de choix aux élèves” et se targue d’avoir laissé les écoles ouvertes durant la crise sanitaire.
En cas de réélection, il propose d’“augmenter les heures de français et de mathématiques en primaire et en sixième et mettre les mathématiques dans le tronc commun du lycée”, mais aussi de revoir à la hausse les horaires réservés au sport, en ajoutant notamment deux heures hebdomadaires au collège.
Concernant le fléau meurtrier du harcèlement scolaire, il assure vouloir généraliser et renforcer le rôle des “délégués ‘non au harcèlement scolaire’ au collège” et promet de soutenir, sans détailler les moyens qui leur seront alloués, les plateformes 3018 et 3020.
Au sujet de l’orientation, il soutient l’idée qu’il faut “connaître plus tôt pour mieux choisir plus tard” et, ainsi, assure : “Tous les enfants découvriront, de la 5e à la 3e, plusieurs métiers, dont les métiers techniques et manuels.” Il faut faire du lycée professionnel “une voie d’excellence”, dit-il aussi, expliquant : “Les périodes passées en stage en entreprise augmenteront de 50 %, et les jeunes seront rémunérés.”
En outre, il promet de rendre Parcoursup “plus prévisible” et ce “en donnant les résultats précis des années précédentes et en accompagnant mieux les familles”. Il entend aussi “réguler les filières qui ne mènent pas assez à l’emploi”, sans plus de précision sur celles qui pourraient être concernées, tout en augmentant le nombre de places dans certains BTS, BUT et licences professionnelles.
Emmanuel Macron souhaite également donner “plus de liberté pour les établissements dans leur organisation interne”, entre autres en ce qui concerne “le recrutement d’une partie de l’équipe pédagogique”. Quant aux enseignants, il indique prévoir, en cas de réélection, l’instauration d’un pacte à leur égard “avec, pour ceux qui l’acceptent, de nouvelles missions et des rémunérations augmentées en conséquence”, sans plus de détails.
Marine Le Pen : retour de l’uniforme, salaires des profs et grand come-back de la loi Ciotti
Dans son programme, Marine Le Pen évoque, quant à elle, en premier lieu, que ce soit le Parlement qui fixe “de manière concise et limitative ce qui est attendu des élèves à la fin de chaque cycle” ainsi que son projet d’augmenter “significativement” le nombre d’heures de cours des élèves de primaire, où la “priorité absolue” serait alors donnée aux mathématiques, au français et à l’histoire de France.
En cas d’élection de la candidate RN, les classes de grande section et de CP seraient dédoublées et des plafonds seraient fixés : pas plus de vingt élèves par classe, annonce-t-elle – cela pourrait monter à trente dans le secondaire. En outre, la candidate considère le collège unique comme une “machine à échec” qui n’est “pas en adéquation avec les besoins de l’économie”, et pour contrer cela, elle explique :
“Le diplôme national du brevet deviendra donc un examen d’orientation post-troisième : en fonction des résultats de l’élève et de ses bulletins scolaires, celui-ci sera orienté vers l’enseignement général et technologique, vers l’enseignement professionnel ou vers l’enseignement des métiers par l’apprentissage.”
La réforme du bac opérée par Jean-Michel Blanquer serait abrogée, un “plan d’urgence” pour l’Outre-mer serait lancé, et les enseignements de français et d’histoire seraient renforcés en REP, assure-t-elle.
Autres promesses de la présidente du Rassemblement national : le port de l’uniforme au primaire et au collège ainsi que la suppression des enseignements de langue et de culture d’origine qui, selon elle, “nuisent à l’assimilation des élèves, notamment parce qu’ils sont assurés par des enseignants étrangers”. Elle souhaite aussi l’inscription dans la Constitution de la suppression de “toute forme de discrimination positive” dans le secondaire et le supérieur.
Marine Le Pen voudrait aussi sanctionner l’absence d’assiduité en reprenant les principes de la loi Ciotti. Celle-ci prévoyait notamment la suspension des allocations familiales en cas “d’absentéisme avéré ou de perturbations graves et répétées”. Et pour lutter contre ce qu’elle qualifie de “laxisme scolaire”, elle veut instaurer des sanctions plancher. Au programme également : généraliser la vidéoprotection et interdire le port du voile pour les accompagnantes de sorties scolaires.
En ce qui concerne l’attractivité et la revalorisation des métiers concernés, Marine Le Pen veut augmenter les salaires des enseignants du primaire au lycée “de 3 % par an pendant cinq ans”, mesure qui serait financée par “une réduction des dépenses administratives au sein du ministère”.
Enfin, indiquant vouloir “refonder le recrutement des professeurs”, elle développe :
“Les futurs enseignants, titulaires d’un master 2, se présenteront au CAPES et à l’agrégation. Une fois admis, ils seront alors directement formés par des pairs expérimentés dûment rémunérés en contrepartie, au sein des établissements scolaires. Leur titularisation interviendra à l’issue d’une double inspection pédagogique.”
Le second tour du scrutin a lieu dimanche 24 avril.