Un ancien suprémaciste blanc dévoile les dessous du mouvement

Un ancien suprémaciste blanc dévoile les dessous du mouvement

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Instagram Christian Picciolini / Peter Tsai

Le pire est bel et bien à venir...

15 millions. Cest le nombre d’Américains qui seraient “plutôt d’accord” avec le mouvement suprémaciste blanc, selon un sondage de l’institut de sondage américain The Marist Poll. Une information qui n’étonne pas l’Américain Christian Picciolini, ancien suprémaciste et militant d’extrême droite. “L’idéologie [de la suprématie blanche] se répand plus que jamais dans les mœurs”, confiait-il dans un long entretien accordé au journal américain The Atlantic.

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Endoctriné dans un mouvement néonazi il y a plus de 30 ans, cet ex-suprémaciste présage le pire. Il déplore le fait qu’aucun programme de déradicalisation ou de prévention ciblé n’ait été mis en place par le gouvernement ces dernières années. Pourtant, l’Amérique de Donald Trump est, plus que jamais, le théâtre de crimes de masse à caractère raciste, orchestrés par des hommes blancs biberonnés aux théories complotistes d’extrême droite.

Les dernières tueries qui ont lieu à El Paso au Texas, survenues le 3 août dernier, n’ont fait que confirmer la tendance. Le profil d’un suprémaciste auteur de crimes racistes est désormais identifiable : blanc, souvent marginalisé, adepte des idées de “grand remplacement” et grand défenseur d’une Amérique uniquement blanche.

Ces hommes agissent désormais à tout moment et veulent tuer le plus de personnes possible afin d’enrayer une “invasion hispanique” ou “un grand remplacement” de la population américaine. “Ils essaient de surpasser Timothy McVeigh, ce terroriste antigouvernemental qui a fait sauter un immeuble fédéral à Oklahoma City et tué plus de 100 personnes en 1995 – le pire attentat terroriste commis aux États-Unis avant le 11 septembre 2001″, indique Christian Picciolini dans The Atlantic.

Des techniques de radicalisation similaires à celles d’Isis

Devenu gérant de l’organisation Free Radicals Project, une association accompagnant les individus qui essayent de quitter les mouvements radicaux auxquels ils étaient affiliés, Christian Picciolini a identifié des similitudes entre les processus de recrutement d’adeptes de suprémacistes blancs et ceux du groupe terroriste Isis. La propagande est similaire voire identique, notamment dans son utilisation d’Internet. Il explique :

Il y a trente ans, des jeunes marginalisés, brisés et en colère devaient être rencontrés face à face pour être recrutés dans un mouvement. Aujourd’hui, des millions et millions de jeunes vivent la plupart de leur vie en ligne s’ils n’ont pas de relations réelles. Ils y découvrent une communauté de personnes enclines à avoir des conversations portant sur la violence.”

L’utilisation de textes sacralisés par les adeptes des théories du “grand remplacement”, cette vieille idée française de Renaud Camus, est un élément récurrent de radicalisation. Là encore, Internet a largement contribué à l’exportation de théories racistes et à la consolidation d’une communauté de fidèles à travers des forums.

“Ce n’est plus une situation de loup solitaire, comme on le prétendait dans les années 1980 et 1990. L’idéologie était alors qu’il n’y avait pas de leaders, pas de mouvement centralisé, les individus étaient habilités à agir seuls”, poursuit Christian Picciolini.

Désormais liés, les suprémacistes s’inspirent également des actions réalisées à l’extérieur de leur pays. L’auteur des tueries d’El Paso avait soutenu le terroriste des attentats de Christchurch en Nouvelle-Zélande, qui a tué 51 personnes dans une mosquée en mars dernier.

Si les tueries ont relancé le débat du contrôle des armes aux États-Unis et fragilisé la position du président américain, Christian est certain que le terrorisme blanc ne s’arrêtera pas là. Pire, il pourrait s’incarner d’une autre manière, par le biais de bombes artisanales notamment, à l’instar de Timothy McVeigh, ou encore des attentats-suicides en avion.

“Je n’arrête pas de me demander : ‘A-t-on des pilotes de ligne suprémacistes blancs ?’ Il doit y en avoir. Je connaissais des gens en position de force, dans la politique, dans l’application de la loi, qui étaient secrètement des nationalistes blancs.” Contrairement aux terroristes issus de groupes islamistes, habitués à être traqués, les suprémacistes passent au travers des filets des autorités.