En visite en Martinique, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclaré que le gouvernement étudie “plusieurs scénarios” pour une réforme institutionnelle en Martinique, devant des élu·e·s et professionnel·le·s de ce territoire français d’outre-mer. En mai 2022, les présidents des exécutifs de Guadeloupe, de La Réunion, de Mayotte, de Martinique, de Saint-Martin et de Guyane avaient lancé un “appel de Fort-de-France” demandant “un changement profond de politique” d’aide au développement de leurs territoires frappés par la pauvreté, et des solutions aux problématiques spécifiques aux Français·es d’outre-mer, pouvant aller jusqu’à une réforme constitutionnelle.
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“Le président de la République m’a chargé de vous dire qu’il vous donne rendez-vous dans les prochains temps pour évoquer l’agenda d’une possible réforme”, a assuré M. Darmanin à l’Assemblée de Martinique, à Fort-de-France. Le président de la Collectivité territoriale de Martinique, Serge Letchimy a questionné le ministre sur la proposition qui consiste “soit à l’ajout d’un article 73-1 dans la Constitution, soit par l’ajout d’un article spécifique Martinique”, votée par des élu·e·s locaux·ales en novembre 2023.
“Ce sont plusieurs scénarios que nous regardons avec sérieux et avec écoute”, a répondu M. Darmanin, précisant qu’il ne s’agirait pas de “réformes par idéologie pour elles-mêmes, mais pour servir un projet”. Les élu·e·s martiniquais·es espèrent profiter de la réforme constitutionnelle indispensable en Nouvelle-Calédonie après l’accord de Nouméa de 1998 pour modifier également les articles de la Constitution relatifs aux autres territoires d’outre-mer. “Il n’a jamais été question de sortir la Martinique de la République”, avait précisé M. Letchimy, ajoutant que “le droit à l’égalité n’est pas l’ennemi du droit à la différence”.
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Nuits de révoltes
Cette semaine, les forces de l’ordre ont fait face à des nuits de révoltes en Martinique et ont été visées sans faire de blessés au lendemain de l’arrestation d’un activiste accusé d’avoir violé son contrôle judiciaire. Dans la nuit de lundi à mardi, des individus masqués et cagoulés ont installé des barricades enflammées à l’entrée du quartier Sainte-Thérèse, à Fort-de-France.
“Ils ont jeté des cocktails Molotov sur un véhicule de gendarmerie mobile et tiré à trois reprises à balles réelles sur les forces de l’ordre”, a dénoncé mardi dans un communiqué le préfet de Martinique, Jean-Christophe Bouvier. “Sept militaires de la gendarmerie et un policier ont été frappés par des éclats de projectiles, heureusement sans blessure”, a-t-il ajouté. “Des faits criminels passibles des sanctions les plus sévères, que rien ne peut justifier, ont été commis”, a estimé le représentant de l’État.
Ces individus ont pillé une station-service et incendié un commerce et au moins cinq voitures, selon un bilan des autorités. Quatre personnes ont été interpellées. La veille, plusieurs incendies avaient déjà été déclenchés dans le centre-ville de Fort-de-France aux cris de “Libérez Pinto”, un activiste qui dit être l’héritier d’un terrain dont il aurait été spolié sur la commune des Trois-Îlets.
Les habitant·e·s de la résidence construite sur le terrain revendiqué par Hervé Pinto, se disant intimidé·e·s depuis des années, avaient mené une action en justice et l’homme a interdiction de s’approcher du quartier. Il a été interpellé dans une zone où il avait justement interdiction de se rendre. “On voit que cette affaire mobilise d’autres personnes que les soutiens habituels d’Hervé Pinto”, a noté lundi Clarisse Taron, la procureure de la République de Fort-de-France. Lundi, plusieurs élu·e·s de Martinique, dont le président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de la Martinique Serge Letchimy, le député Marcellin Nadeau ou le maire de Fort-de-France Didier Laguerre, ont lancé un appel au calme et réclamé une médiation dans l’affaire des terrains d’Hervé Pinto.