Ce week-end, c’était la grande première de Yardland. Et la fin du festival coïncidait avec l’annonce des résultats des élections législatives anticipées. Certains de nos journalistes étaient sur place, en coulisses, pour filmer les artistes devant la scène ou dans le public, tout simplement pour kiffer aussi, et ils nous racontent comment ils ont vécu la première place du NFP et la 3e du RN.
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Sandra, cheffe de la musique chez Konbini et découvreuse de jeunes talents :
J’étais derrière les crash barrières, bien placée pour savourer le show de TH que je savais déjà légendaire mais je ne m’attendais pas à ça. Pendant que le collectif Undercover chauffait la scène à coups de gros classiques rap (l’explosion de “Fuck le 17” ne pouvait pas mieux tomber), on a entendu dans le public des cris de joie suivis de “NFP ! NFP ! ON A GAGNÉ”. À ce moment-là, je me suis rendu compte que dans notre bulle Yardland qui ressemblait beaucoup au monde idéal, on en avait presque oublié la vie de dehors. Moi, mon premier geste, ça a été de prendre mes copains-collègues dans les bras et on a versé une larme tous ensemble.
Manon, journaliste ciné et grosse kiffeuse de Kerchak :
Est-ce que le festival Yardland – dont la première édition a été annulée l’an dernier sur ordre de la préfecture suite à la mort de Nahel tué par un policier – était le meilleur endroit en France pour vivre la victoire de la gauche aux législatives ? Oui. Après l’annonce de la défaite du RN par Kerchak qui répétait, euphorique, “Ils sont pas passéééés” devant une foule de jeunes gens en liesse, le soleil s’est enfin levé pour nous faire collectivement planer devant Rema. Mais le meilleur du festival restera le trajet retour dont l’itinéraire passait aux abords du QG du RN (à l’odeur de seum). Et nous tous de lever notre plus beau doigt devant les caméras des journalistes. Quelle soirée !
Lise, journaliste arts et supportrice des meilleur·e·s artistes
Vite, vite, il faut passer de Kerchak à Rema et on en profite pour passer aux toilettes. Dans la queue, on entend des explosions de joie et on essaie de rafraîchir nos fils d’actualité qui ne captent pas. Une inconnue à côté de moi finit par avoir du réseau : “On a gagné, le NFP a gagné, le RN est 3e !” On est une dizaine de filles à se réunir autour d’elle, on dirait des toilettes de boîte à 3 heures du mat’, sauf qu’au lieu de se dire qu’on est belles, on célèbre la démocratie et toutes celles et ceux qui se sont battus, pour la première fois ou depuis longtemps, notamment la jeunesse des quartiers et des grandes villes. On lâche quelques larmes, on se prend dans les bras et, en attendant Rema, on scande “ON A GAGNÉ” tandis que des jeunes hurlent la Marseillaise le poing levé. C’est ça, la France, et c’est ça, la jeunesse qui emmerde le RN, depuis toujours et pour toujours.
Simon, journaliste musique et jeune rookie que tout le monde suit
À 20 heures, au moment des résultats, je ne suis pas exactement dans le festival Yardland, mais dans son centre névralgique situé dans l’enceinte de l’hippodrome de Vincennes. Là-bas sont installés les bureaux, le staff, et SURTOUT les loges artistes. Au moment des résultats, je suis sur X/Twitter mais je ne comprends pas bien ce qu’il se passe, jusqu’à la notification France Info annonçant les résultats. Personne n’y croit vraiment mais tout le monde commence à crier et à se prendre dans les bras. J’apprends la nouvelle à Zamdane qui passe une tête hors de sa loge, “NFP 1er, RN 3e !!”, et plus tard à Jolagreen23. L’info commence à se répandre et l’ambiance change, tout le monde se détend et nos sourires se font encore plus larges. L’équipe de Yardland nous invite, dans l’euphorie du moment, à partager, avec ma collègue, un verre bien pétillant dans les cuisines de l’hippodrome. Tous les téléphones sont allumés afin de revérifier une dernière fois que ces résultats sont bien réels. Vive Yardland et cette soirée mémorable !