Si en huit ans, le nombre de femmes, en France, qui ne s’épilent pas ou plus le maillot, a doublé (28 % en 2021 contre 15 % en 2013, selon une étude de l’IFOP), la “pilophobie” a encore de beaux jours devant elle.
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En effet, pour 73 % des femmes interrogées dans cette étude, l’absence de poils serait un critère de séduction. Or, seuls 33 % des hommes perçoivent l’épilation comme un critère de séduction masculine. Mais si dame Nature nous a doté·e·s de poils, il doit bien y avoir une raison à cela.
Si les poils aux aisselles permettent de retenir la sueur, que ceux du nez filtrent les poussières et les bactéries, les poils pubiens doivent bien nous servir à quelque chose. L’andrologue Marc Galiano (auteur de Mon sexe et moi, aux éditions Marabout) a répondu à nos interrogations.
Konbini news : Pourquoi avons-nous des poils au pubis, et quel est leur rôle ?
Marc Galiano : C’est à l’adolescence que l’on commence à avoir des poils : la pousse des poils et l’importance des poils, c’est hormonodépendant. Il y a aussi une origine génétique. Les poils peuvent être roux, blonds, bruns […] Les poils sont donc déjà un signe distinctif.
Ensuite, sur l’utilité, les poils servent globalement à organiser l’expansion des phéromones [“substance chimique, qui, émise à dose infime par un animal dans le milieu extérieur, provoque chez un congénère des réactions comportementales spécifiques”, Larousse]. C’est pour ça qu’on en a là où il y a pas mal de glandes sudoripares [qui sécrètent de la sueur] : aisselles, plis de l’aine, pubis. C’est là où il y a le périnée, des bactéries et donc ça capte les odeurs corporelles.
C’est très important, les phéromones, pour l’attirance du mâle ou de la femelle. C’est une signature personnelle olfactive. Tout ça, ça sert à la reproduction […] D’un point de vue purement animal, les odeurs attirent.
Ensuite, depuis peu de temps, et c’est prouvé, on sait que chez les femmes, il y a un ensemencement de la flore vaginale par les bactéries qui vivent sur le périnée et, grosso modo, les poils pubiens permettent une communication des bactéries plus facilement. Globalement, on sait que quand on a une bonne flore vaginale, bien équilibrée, les poils pubiens y participent aussi. Ils ont là un rôle dans la régulation des flux de bactéries. Ça n’a pas été prouvé chez les hommes.
Les poils pubiens ont-ils un rôle de protection contre les infections extérieures ?
Pour les MST (maladies sexuellement transmissibles), non. Si vous avez une chlamydia, les poils on s’en fout.
Par contre, ça protège un peu plus des IST (infections sexuellement transmissibles) comme les cystites (via l’irritation lors des rapports sexuels ou pendant les menstruations).
Est-il vrai qu’une épilation intégrale du maillot expose davantage aux risques d’infection ?
Honnêtement, il n’y a pas d’étude qui le prouve. Mais aujourd’hui, on a tendance à dire “le tout tondu, ce n’est peut-être pas idéal. Surtout dans le cas d’infections urinaires à répétition”. Dans ce cas, on peut conseiller à une patiente d’arrêter de s’épiler intégralement.
Les poils limitent-ils la sécheresse vaginale ?
Non, la flore vaginale se dessèche à cause d’une dérégulation. Mais on ne peut pas dire que ce sont les poils qui empêchent la flore vaginale de se dessécher. Il n’y a pas de preuve scientifique.
Y a-t-il des méthodes d’épilation à privilégier pour minimiser le risque d’infection, par exemple ?
Oui, je pense que la tonte à la tondeuse avec un outil dédié au pubis permet de limiter au maximum les infections de follicules pileux, pour les hommes. Pour les femmes, je pense que l’épilation au miel ou à la cire dans des centres esthétiques spécialisés, ce n’est pas mal.