Ce dimanche 24 mars, le secrétaire général de l’ONU António Guterres a appelé l’État d’Israël à “lever les derniers obstacles” à l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza assiégée et en proie à “la famine”. Pendant ce temps, les bombardements israéliens et les combats font rage dans le territoire palestinien, alors que les négociations sur une trêve ne montrent aucun signe de progrès malgré les pressions redoublées des États-Unis.
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Au total, 84 personnes ont été tuées dans ces bombardements en 24 heures, notamment dans la ville de Gaza (Nord) et celles de Khan Younès et Rafah (Sud), portant le bilan total palestinien à 32 226 personnes tuées, a annoncé dimanche le ministère de la Santé du Hamas. Dans ce contexte, un nouveau vote sur un nouveau projet de résolution exigeant un cessez-le-feu “immédiat”, préparé par huit des dix membres non permanents du Conseil, est prévu lundi à l’ONU.
“Les maisons se sont effondrées au-dessus de nos têtes”, a raconté dimanche à l’AFP un habitant de Rafah, Hassan Zanoun, qui fouillait avec d’autres survivants les ruines éventrées de son quartier. “Mes enfants et moi dormions ici. J’ai été surpris, nous n’avions pas entendu le bruit d’une roquette et soudain, tout s’est déchaîné au-dessus de nos têtes. Des frappes, des cris”, a-t-il confié.
“Un cauchemar sans fin”
Le secrétaire général de l’ONU a exhorté l’État d’Israël à “lever les derniers obstacles” à l’entrée de l’aide humanitaire, désespérément attendue par les 2,4 millions Palestinien·ne·s. “Quand on regarde Gaza, on dirait presque que les quatre cavaliers de l’Apocalypse galopent au-dessus, semant la guerre, la famine, la conquête et la mort”, a-t-il lancé ce dimanche 24 mars.
“D’un côté de la frontière, on voit des camions humanitaires à perte de vue, de l’autre une catastrophe humanitaire qui empire chaque jour”, a-t-il ajouté. La veille, il avait réclamé “un cessez-le-feu humanitaire immédiat” ainsi que la libération de “tous les otages” retenus à Gaza depuis l’attaque du Hamas. “Le monde en a assez” de “ce cauchemar sans fin”, déclarait-il en Égypte, aux portes de Gaza. “À Gaza, les Palestiniens sont englués dans un cauchemar sans fin”, ajoutait-il depuis le poste-frontière de Rafah par lequel passe, au compte-gouttes, l’aide humanitaire destinée aux Gazaoui·e·s.
L’État d’Israël impose un siège complet à Gaza depuis le début de la guerre et contrôle strictement l’aide arrivant principalement via Rafah. La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le Sud d’Israël qui a fait au moins 1 160 morts, essentiellement des civil·e·s, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. D’après l’État d’Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.
Hôpitaux assiégés
Malgré les pressions internationales, l’armée israélienne a annoncé dimanche poursuivre ses opérations terrestres et aériennes à Khan Younès où elle cherche à anéantir les combattants du Hamas qu’elle considère comme une organisation terroriste, au même titre que les États-Unis et l’Union Européenne.
Des témoins ont raconté à l’AFP que des dizaines de véhicules blindés et de chars avaient mené une incursion vers deux heures du matin, accompagnée de frappes aériennes, dans le centre de la ville et aux environs des deux grands hôpitaux, Nasser et al-Amal.
Le Croissant rouge palestinien a indiqué que ces deux hôpitaux ont été pris d’assaut par l’armée israélienne. Selon l’organisation de secours, des véhicules militaires sont arrivés dimanche matin aux abords des deux établissements, sur fond de tirs et de bombardement “intenses”.
Sollicitée par l’AFP, l’armée a confirmé que ses “troupes opèrent dans toute la zone d’al-Amal”, mais qu’elles “n’opèrent pas actuellement dans les hôpitaux”. Parallèlement, les forces israéliennes mènent depuis lundi dernier une opération d’envergure sur le grand complexe hospitalier d’al-Chifa, dans la ville de Gaza. Un total de 170 combattants y ont été tués, selon l’armée qui promet de rester sur place jusqu’à ce qu’elle trouve le dernier combattant.
Dans cette partie du territoire où la situation humanitaire est particulièrement catastrophique, le ministère de la Santé du Hamas a affirmé que 21 Palestiniens qui attendaient un convoi d’aide près de Gaza-ville avaient été tués samedi “par des tirs israéliens”. L’armée a démenti. Belal Hzilah a raconté que son neveu figurait parmi les personnes tuées. “Il voulait emporter de la farine et de la nourriture. Il a un fils de deux mois et onze personnes dépendent de lui. Ils n’ont rien à manger […] Il a perdu la vie pour rien”, a-t-il dit à l’AFP.
“Profondes divergences”
Après de nouveaux pourparlers au Qatar sur une trêve, les chefs de la CIA, Bill Burns, et du Mossad, David Barnea, ont quitté samedi Doha, selon une source proche des discussions. Ces négociations se sont “concentrées sur les détails et un ratio pour l’échange d’otages et de prisonniers”, a ajouté cette source. Le Hamas s’était dit prêt à la mi-mars à une trêve de six semaines, avec des libérations d’otages en échange de prisonnier·nière·s palestinien·ne·s.
Mais samedi, un responsable du Hamas a fait état de “profondes divergences”. L’État d’Israël “refuse d’accepter un cessez-le-feu complet, il refuse un retrait complet de ses forces de Gaza” et veut garder la gestion du secours et de l’aide humanitaire “sous son contrôle”, a affirmé à l’AFP ce responsable.
Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant est par ailleurs attendu dimanche à Washington, à l’heure où les États-Unis redoublent de pressions sur Israël pour parvenir à un cessez-le-feu accompagné de la libération d’otages ainsi que l’entrée d’une aide humanitaire accrue à Gaza. Des proches d’otages se sont à nouveau rassemblés samedi devant le ministère de la Défense à Tel-Aviv pour réclamer des efforts accrus en vue de leur libération. Des échauffourées ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre.