Après 107 jours passés à documenter, sans relâche, les bombardements subis par le peuple palestinien, le reporter gazaoui Motaz Azaiza a annoncé son départ de la bande de Gaza hier, mardi 23 janvier 2024, via une vidéo Instagram : “C’est la dernière fois que vous me verrez avec cette veste lourde et puante. J’ai décidé d’évacuer aujourd’hui, j’espère revenir un jour et aider à la reconstruction de Gaza”, a-t-il déclaré, les larmes aux yeux, tout en retirant son gilet pare-balles “presse”.
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Sur son compte Instagram, suivi par plus de 18 millions de personnes, le reporter publiait chaque jour images et vidéos des atrocités subies par son peuple. Comme le reste de ses compatriotes palestinien·ne·s, anonymes ou journalistes, qui partagent leur quotidien, ses publications se faisaient régulièrement censurer ou subissaient du shadowban. “C’est le premier génocide où les victimes diffusent leur propre destruction en temps réel”, dénonçait l’avocate irlandaise Blinne Ní Ghrálaigh, qui représente l’Afrique du Sud à la Cour internationale de justice, le 11 janvier dernier. La qualification de génocide est l’objet de la plainte portée par la Cour internationale de justice par l’Afrique du Sud, qui rendra son verdict prochainement.
Partagée mardi, la vidéo de Motaz Azaiza reçoit actuellement les nombreux commentaires d’internautes du monde entier qui le remercient pour la portée historique et héroïque de son travail. Les bombardements constants et blocus imposés par l’État d’Israël sur Gaza rendent éminemment difficile la couverture de la situation et empêchent la présence de journalistes internationaux·les. Motaz Azaiza utilisait notamment des cartes eSIM pour documenter son quotidien et les désastres des raids de l’armée israélienne.
Le reporter, adoubé “homme de l’année” par GQ Middle East, est actuellement à Doha, au Qatar, où il est passé par les studios de la chaîne Al Jazeera, tel qu’il l’a publié en story. Bien qu’ayant quitté son pays natal, Motaz Azaiza ne cesse pas de partager des nouvelles de ce qui s’y passe. Depuis les attaques du Hamas le 7 octobre 2023, les bombardements de l’armée israélienne sur Gaza ont tué 25 000 personnes, en majorité des femmes et des enfants, rapporte l’AFP. 80 journalistes ont été tué·e·s depuis le mois d’octobre dans la bande de Gaza.