“Les politiciens mentent tous !” est une phrase que vous avez forcément entendue au moins une fois et peut-être même que vous l’avez prononcée. Factuellement, on ne peut pas dire que tous les politiciens à travers le monde mentent mais prêter à la fonction de politicien une vertu automatique de véracité serait probablement tout aussi faux.
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Aujourd’hui, à l’ère de la “post-vérité”, alors que des candidats comme Trump n’hésitent pas à relayer à foison des fake news et que l’on retrouve des manipulations d’informations jusque dans les discours d’élus de la nation française, des gouvernements s’interrogent sur une possibilité de sanctionner le mensonge.
Mardi 2 juillet 2024, après une journée de longs débats, le gouvernement gallois s’est engagé à appliquer d’ici 2026, année des nouvelles élections parlementaires, une nouvelle législation qui permettrait de destituer des membres du Senedd (le “Sénat” du Pays de Galles) si ces derniers avaient sciemment menti.
Rapporté par la BBC, Mick Antoniw, conseiller général du gouvernement gallois parti travailliste gallois (Welsh Labour), a réitéré le mardi 2 juillet 2024 la volonté de son gouvernement de lutter contre la “tromperie” en politique :
“Le gouvernement gallois présentera avant 2026 une législation prévoyant la disqualification des membres et des candidats reconnus coupables de tromperie délibérée par le biais d’une procédure judiciaire indépendante et invitera le comité à faire des propositions à cet effet.”
Néanmoins, cette loi n’est pas issue du gouvernement travailliste, car, plus tôt ce jour-là, Adam Price, le chef du Plaid Cymru, parti de centre-gauche indépendantiste gallois, avait présenté la version de son groupe parlementaire. Adam Price est notamment connu pour s’être battu durant toute sa carrière contre le mensonge en politique. Dès 2004, il avait intenté de destituer le Premier ministre du Royaume-Uni de l’époque Tony Blair pour ses mensonges vis-à-vis de la guerre en Irak.
“La confiance dans ce que nous disons en tant que politiciens est tombée à un niveau sans précédent. […] Comment pouvons-nous restaurer, reconstruire et maintenir cette confiance dans la démocratie ?”
De son côté, le sénateur travailliste Lee Waters avait accusé l’ex-Premier ministre britannique Boris Johnson d’avoir “menti pour aller jusqu’à Downing Street [la résidence du chef de gouvernement du Royaume-Uni, ndlr.] et encore menti pour en sortir”. Le gouvernement actuel était d’abord opposé à ce projet, craignant de ne pas avoir une majorité de voix au Senedd mais la proposition l’a finalement emporté avec 26 votes pour, 13 contre et 13 abstentions.
Price a également déclaré que cette législation ferait du Pays de Galles le premier pays à formellement interdire le mensonge en politique. La proposition arrive à un moment où, selon un récent baromètre IPSOS, la confiance des Britanniques envers les politiques auraient atteint son plus faible taux en 40 ans. Seuls 9 % des habitants du Royaume-Uni auraient ainsi confiance dans le métier de politiciens contre 56 % pour la police ou encore 88 % envers le personnel soignant.