L’armée israélienne mène ce vendredi soir des bombardements d’une intensité “sans précédent” depuis le début de la guerre, sur le nord de la bande de Gaza, notamment à Gaza-ville, selon des images de l’AFP et du Hamas. Les communications et Internet ont été coupés dans la bande de Gaza, selon le gouvernement du Hamas. La société des télécoms palestinienne Jawwal a confirmé cette coupure. Les journalistes de l’AFP dans la bande de Gaza ont expliqué qu’ils ne pouvaient communiquer que dans les zones où ils captaient le réseau israélien.
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Les frappes israéliennes ont commencé à 19 heures locales (16 heures GMT) et se poursuivaient deux heures plus tard. Les bombardements “par air, mer et terre” sont “les plus violents depuis le début de la guerre” le 7 octobre, a indiqué le service de presse du gouvernement du Hamas, accusant l’État d’Israël de “préparer des massacres”. Il s’agit des “plus importantes frappes” contre la bande de Gaza depuis le début de la guerre entre l’État Israël et le Hamas, déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du mouvement palestinien contre l’État Israël, selon la chaîne de télévision publique israélienne Kan.
L’armée israélienne a confirmé avoir intensifié ses frappes “d’une manière très significative” vendredi soir sur la bande de Gaza et annoncé y “étendre” ses opérations terrestres. “Nous continuerons à frapper dans la ville de Gaza et ses environs”, a indiqué le porte-parole de l’armée Daniel Hagari dans une déclaration télévisée.
Dans un communiqué, le Hamas a appelé “les pays arabes et musulmans et la communauté internationale [à] assumer leurs responsabilités et [à] agir immédiatement pour faire cesser les crimes et les massacres contre notre peuple”. Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé sur X/Twitter avoir “perdu le contact avec son centre opérationnel et toutes [ses] équipes dans la bande de Gaza, à cause de la coupure des communications hertziennes et cellulaires et d’Internet par les autorités israéliennes”.
Le numéro d’urgence central palestinien affecté
“Les perturbations affectent le numéro d’urgence central 101 et entravent l’arrivée des ambulances chez les blessés” au milieu des frappes, a ajouté le Croissant-Rouge, se disant “profondément inquiet” quant à la capacité de ses médecins à continuer à fournir des soins dans ces conditions, ainsi que pour la sécurité de son personnel. NetBlocks, le service de surveillance de l’accès à Internet, a fait état d’un “effondrement de la connectivité dans la bande de Gaza”. En riposte aux frappes israéliennes, la branche militaire du Hamas a annoncé sur la messagerie Telegram le tir de “salves de roquettes en direction des terres occupées [l’État d’Israël, ndlr] en réponse aux massacres contre les civils” à Gaza.
Selon les médias israéliens, des roquettes ont été tirées en direction de Tel-Aviv, du centre de l’État d’Israël et du nord de la Cisjordanie, région palestinienne occupée par l’État d’Israël. Un journaliste de l’AFP a entendu de fortes explosions dans le secteur de Ramallah, en Cisjordanie. Des sirènes d’alerte aux roquettes ont également retenti dans les villes d’Ashkelon et de Sdérot, dans le sud de l’État d’Israël, près de la bande de Gaza.
L’ONU demande une “trêve humanitaire immédiate”
L’Assemblée générale de l’ONU a réclamé ce vendredi à une large majorité une “trêve humanitaire immédiate”, au 21e jour de la guerre entre l’État d’Israël et le Hamas, au moment où l’armée israélienne annonçait “étendre” ses opérations terrestres sur la bande de Gaza. La résolution non contraignante, fustigée par l’État d’Israël et les États-Unis qui ont dénoncé l’absence de mention du Hamas, a recueilli sous les applaudissements 120 votes pour, 14 contre, et 45 abstentions, sur les 193 membres de l’ONU.
Un résultat qui a exposé une division au sein des pays occidentaux, notamment européens, la France votant pour, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni s’abstenant, tandis que l’Autriche et les États-Unis votaient contre. Le texte élaboré par la Jordanie au nom du groupe de 22 pays arabes “demande une trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, menant à la cessation des hostilités”. La précédente version réclamait un “cessez-le-feu immédiat”.
La guerre entre l’État d’Israël et le Hamas a été déclenchée par l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier sur le sol israélien à partir de la bande de Gaza. En représailles, l’armée israélienne bombarde depuis sans relâche la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, et assiège cette région palestinienne exiguë où tentent de survivre quelque 2,4 millions de Palestinien·ne·s. Elle a annoncé vendredi soir “étendre” ses opérations terrestres dans la bande de Gaza.
La résolution sponsorisée par près de 50 pays est largement centrée sur la situation humanitaire à Gaza, demandant notamment la fourniture “immédiate” d’eau, de nourriture, de carburant, d’électricité, “en quantités suffisantes”, et l’accès “sans entrave” de l’aide humanitaire. Elle condamne également “tous les actes de violence dirigés contre des civils palestiniens et israéliens, notamment tous les actes de terrorisme et les attaques sans discernement”, et se dit “vivement préoccupé[e] par la dernière escalade de la violence depuis l’attaque du 7 octobre”, sans mentionner le Hamas. Cette absence a provoqué la colère de l’ambassadeur israélien Gilad Erdan qui a jeudi estimé que la place de ce texte “est dans les poubelles de l’Histoire”.
“Deux mots-clés manquent dans cette résolution. Le premier est ‘Hamas’, il est scandaleux que les auteurs de l’attaque terroriste du 7 octobre ne soient pas nommés […]. Et l’autre mot-clé est ‘otages'”, a déclaré l’ambassadrice états-unienne Linda Thomas-Greenfield. Mais un amendement canadien qui condamnait “catégoriquement les attaques terroristes du Hamas” du 7 octobre et demandait la “libération immédiate et inconditionnelle” des otages a été rejeté, recueillant malgré tout 88 voix pour, 55 contre et 23 abstentions (il fallait deux tiers des voix exprimées pour passer).
Les États-Unis ont fini par se déclarer favorables vendredi à des “pauses humanitaires” afin de laisser entrer l’aide dans la bande de Gaza, au moment où l’armée israélienne a annoncé “étendre” ses opérations terrestres. “Sans un changement fondamental, la population de Gaza va subir une avalanche sans précédent de souffrance humaine”, a alerté vendredi le secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
En France, le leader de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon a jugé vendredi qu’un “massacre de masse” était en cours à Gaza, une “honte” selon lui pour “les criminels qui le commettent” comme pour celles et ceux “qui les soutiennent inconditionnellement” ou “laissent faire”. “Un massacre de masse est en cours à Gaza. Et les puissances refusent d’imposer le cessez-le-feu”, a écrit Mélenchon sur son compte X/Twitter. Également sur X, la cheffe de file des député·e·s LFI Mathilde Panot a estimé que “le pire est en cours à Gaza”, évoquant un “nettoyage ethnique par des criminels”.
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“Nous pouvons soutenir des pauses humanitaires afin de laisser entrer [de l’aide], ainsi que permettre de faire sortir des gens, et cela comprend aussi l’entrée d’essence et le rétablissement de l’électricité”, a déclaré à la presse le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby. Selon le Hamas, 7 326 personnes, en majorité des civil·e·s, ont été tuées par les bombardements israéliens qui s’abattent sur Gaza depuis trois semaines, et près de 19 000 ont été blessées. Selon les autorités israéliennes, plus de 1 400 personnes, en majorité des civil·e·s, sont mortes dans l’État d’Israël lors de l’attaque des commandos du Hamas.
Les réactions de l’État d’Israël et du Hamas
“Honte à vous !”, a lancé vendredi l’ambassadeur israélien à l’ONU, qualifiant d’“infamie” le vote par l’Assemblée générale d’une résolution réclamant une “trêve humanitaire”, mais sans mentionner le Hamas, au 21e jour de la guerre entre l’État d’Israël et le Hamas. “C’est un jour sombre pour l’ONU et pour l’humanité”, a fustigé Gilad Erdan, assurant que l’État d’Israël continuerait à utiliser “tous les moyens” à sa disposition pour “débarrasser le monde du mal que représente le Hamas” et “ramener les otages chez eux”.
De son côté, le Hamas palestinien a salué cette résolution : “Nous saluons la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU appelant à une trêve humanitaire immédiate et nous réclamons sa mise en œuvre immédiate afin de permettre de fournir carburant et aide humanitaire aux civils”, a réagi dans un communiqué le Hamas.