Une pratique illégale et dangereuse pour les fœtus.
À voir aussi sur Konbini
Dans la mode, au cinéma et dans la culture en général, l’hégémonie occidentale promeut depuis des décennies la femme blanche et mince comme un modèle de beauté incontournable. Une dictature de l’esthétique qui n’est pas sans conséquence, et ce partout dans le monde.
C’est particulièrement le cas dans plusieurs pays d’Afrique et d’Asie, où les femmes qui ont la peau plus claire sont considérées comme étant les plus belles, les plus à même de réussir et de trouver un mari. Les origines de ces croyances sont incertaines, mais les chercheurs estiment qu’il y a un lien avec l’histoire coloniale de l’Afrique, époque pendant laquelle la blancheur était déjà synonyme de beauté.
C’est la raison pour laquelle aujourd’hui des millions de femmes africaines blanchissent leur peau, en dépit du danger que représentent les substances utilisées à ces fins. Des études relayées par la BBC montrent en effet qu’une femme africaine sur trois utilise régulièrement des produits éclaircissants, particulièrement au Nigeria (77 % des femmes), au Togo (59 % des femmes) et en Afrique du Sud (35 % des femmes).
Au Ghana, le gouvernement est parti en guerre contre l’industrie multimilliardaire du blanchiment cosmétique, en adoptant une législation très stricte, mais en vain. Loin de s’améliorer, la situation empire, puisque de plus en plus de femmes ghanéennes enceintes prennent désormais des pilules de Glutathione pour blanchir la peau de leur bébé.
L’Autorité des produits alimentaires et pharmaceutiques du Ghana a publié un avertissement contre ces pilules illégales, qui peuvent causer des malformations des organes et des membres des fœtus.
Selon le gouvernement ghanéen, ces derniers mois ont vu augmenter le nombre de femmes qui prennent ces pilules, qui font l’objet d’un trafic de contrebande. Lors d’un colloque destiné à sensibiliser les médias sur le sujet, Emmanuel Nkrumah, président de la branche cosmétiques de l’Autorité des produits alimentaires et pharmaceutiques du Ghana, a déclaré :
“L’utilisation de ces substances a pris des proportions alarmantes, que l’on peut imputer à une certaine ignorance. [Les seules choses] que l’on devrait ingérer sont la nourriture et le dentifrice […] pas des pilules de blanchiment.”
S’il n’existe aucune statistique pour le moment, le gouvernement ghanéen indique que la surveillance du marché et des activités des parties prenantes permet d’affirmer que cette tendance concerne toutes les classes sociales.
Des agences de sécurité et les forces de l’ordre du pays se coordonnent pour procéder à des arrestations et pour poursuivre les entreprises et les individus en possession de ces gélules illégales.
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet