L’homme de 36 ans arrêté vendredi pour le meurtre de son ex-compagne mortellement poignardée chez elle à Bordeaux a été mis en examen et placé en détention provisoire dimanche, a annoncé la procureure.
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Au moment où le suspect était devant le juge, plusieurs centaines de personnes et des proches émus aux larmes, avec fleurs et bougies, ont rendu hommage à la victime de 31 ans, Sandra P., devant sa maison où elle a été poignardée à la tête et à la gorge, vendredi matin.
Un drame survenu deux mois après le meurtre d’une femme brûlée vive par son ex-conjoint dans la commune voisine de Mérignac.
“Ce n’est pas juste, elle s’est battue […], elle a écrit au procureur, elle a écrit de partout”, a lancé en larmes, la mère de Sandra P., Annie, arrivée d’Espagne. “On est restés six mois [chez elle] pour la protéger !”
Mickaël F., l’ex-compagnon interpellé vendredi par le Raid chez lui, à 650 m du domicile de la victime, a été mis en examen pour “meurtre par conjoint” par un juge d’instruction, puis placé en détention provisoire, a indiqué la procureure Frédérique Porterie.
Décrit comme dépressif, avec des “addictions” à l’alcool, il s’était rendu chez son ex-compagne, franco-espagnole née en Andorre, en violation d’un contrôle judiciaire ordonné trois jours plus tôt après deux plaintes contre lui pour harcèlement et violences psychologiques. La mère de leur fillette de 4 ans l’avait quitté début janvier après dix ans de vie commune, une séparation qu’il “ne supportait manifestement pas”, selon la procureure.
La victime était “traquée” et “avait tous les jours peur”
Selon son propre récit, il s’est introduit chez elle à 4 h 30 du matin vendredi, et s’est caché dans un appentis. Muni de gants, il a attendu que la jeune femme revienne de l’école après avoir déposé sa fille, “pour la pousser” dans le logement et “tenter d’avoir une explication”, a rapporté la procureure dans un communiqué.
Selon sa version, la jeune femme se serait échappée de son étreinte pour prendre un couteau et une lutte se serait engagée au sol, puis il a évoqué un “trou noir” alors qu’il tentait de la maîtriser et de s’emparer du couteau.
Condamné à huit reprises entre 2004 et 2009 pour des infractions routières et aux stupéfiants, l’ex-conjoint ne l’avait jamais été pour violences, notamment conjugales, selon Frédérique Porterie.
Mais depuis le début de l’année, Sandra P. était “traquée” et “avait tous les jours peur”, selon Cécile, une voisine proche. La victime avait porté plainte à la police, en janvier, puis en mars au parquet pour dénoncer le comportement “obsessionnel” de son ex-compagnon qui “rôdait autour de chez elle” et la harcelait de messages téléphoniques au sujet de leur séparation et de la garde de la fillette, selon le parquet.
Une première enquête sur une plainte du 6 janvier dénonçant “violences psychologiques” et “harcèlement téléphonique” avait été classée sous condition pour lui d’entreprendre un suivi thérapeutique et un stage pour auteurs de violences conjugales.
Puis juste avant le drame, lundi, il avait été placé en garde à vue dans le cadre de la plainte du 30 mars. Mardi, le parquet avait décidé de le poursuivre devant le tribunal le 16 novembre pour “envois réitérés de messages malveillants […] entre le 3 janvier et le 17 juin”. Sous contrôle judiciaire, il avait alors “interdiction d’entrer en contact” avec elle et “obligation de se soigner”.
Une mesure jugée insuffisante par l’association Apafed, qui lutte contre les violences conjugales. “Le garde des Sceaux avait annoncé le déploiement de 3 000 téléphones grand danger, je demande que ces téléphones sortent des tiroirs du tribunal”, a plaidé sa directrice, Naïma Charaï.
Konbini news avec AFP