Des statues de James Cook et de la reine Victoria, célébrant le passé colonial britannique de l’Australie, ont été endommagées jeudi dernier à Melbourne, à la veille de la fête nationale qui divise le pays depuis plusieurs années. Dans cette ville du Sud de l’Australie, une statue de l’explorateur britannique a été abattue, coupée au niveau des tibias, et son socle recouvert des mots : “La colonie va tomber”. Une autre statue, représentant la reine Victoria, qui régnait sur l’Empire britannique, a été barbouillée de peinture rouge.
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“Ce type de vandalisme n’a pas sa place dans notre communauté”, a réagi la Première ministre de l’État de Victoria, Jacinta Allan. La fête nationale, ou “Australia Day”, a lieu chaque année le 26 janvier. C’est un jour férié et, pour la plupart des Australien·ne·s, souvent l’occasion d’un barbecue ou d’une sortie à la plage. Mais cette date, qui commémore l’arrivée des colons européens dans le port de Sydney en 1788, est devenue de plus en plus controversée, entraînant des débats passionnés. Certain·e·s l’ont même renommée “le Jour de l’invasion”.
Si des activistes veulent que les personnalités coloniales soient célébrées, d’autres dénoncent la commémoration des exactions contre les peuples premiers et d’un génocide culturel. Une majorité d’Australien·ne·s est plus nuancée et souhaite conserver le jour férié voire le nom, mais se montre plus partagée sur la date, selon les sondages. “Si nous voulons un jour férié, changeons-le simplement de nom, mais déplaçons l’Australia Day à une autre date”, suggère une habitante de Melbourne de 50 ans, Michelle Slater, interrogée par l’AFP.
Le champion de cricket, Pat Cummins, l’une des personnalités sportives les plus populaires du pays, a également estimé cette semaine qu’une date plus inclusive pourrait être trouvée. “J’adore l’Australie. C’est de loin le meilleur pays du monde”, a-t-il déclaré. “Nous devons avoir une fête nationale, mais nous pouvons probablement trouver un jour plus approprié pour la célébrer.” Les Australien·ne·s ont rejeté en octobre par référendum une réforme des droits des premières nations qui proposait de reconnaître dans la Constitution cette minorité comme étant les premier·ère·s habitant·e·s de l’île-continent et de lui donner une “voix” spécifique à travers un conseil consultatif. Depuis la colonisation du pays, les peuples premiers représentent aujourd’hui moins de 4 % des 26 millions d’Australien·ne·s.