Plus des deux tiers des Parisiens sont nés en dehors de la capitale, mais en cinquante ans, la “ville lumière” a perdu en attractivité auprès des natifs de province ou de l’étranger, révèle une étude de l’Insee publiée mercredi. C’est la première fois que l’Institut national de la statistique se penche sur l’origine géographique des Parisiens, ce qui permet de “mettre des chiffres sur l’image de mosaïque sociale qu’a la capitale”, explique à l’AFP François Dubujet, l’un des auteurs de ces travaux inédits fondés sur le recensement national de 2020.
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En 2020, parmi les 2.146.000 habitants de Paris, seuls 30 % y étaient nés, ce qui correspond à la moyenne des autres grandes villes françaises, excepté Marseille où un résident sur deux est natif de la ville. Les Parisiens “non natifs” sont originaires de province ou des territoires d’outre-mer (29 %), de l’étranger (25 %) ou d’un autre département francilien (16 %). “La diversité des lieux de naissance est une conséquence des flux migratoires vers et depuis la capitale”, ville dense où réside 3,2 % de la population française sur 0,01 % du territoire, détaille l’Insee.
Paris a ainsi accueilli en 2020 environ 90.000 habitants d’autres territoires mais en a vu partir 133.000. “En 50 ans, il n’y a pas eu d’évolution majeure de la structure de la population parisienne”, souligne François Dubujet, responsable des études démographiques et sociales à l’Insee Île-de-France. L’évolution a été assez rapide jusqu’au début des années 1980, avant de ralentir, analyse le statisticien.
En 1968, 35 % des Parisiens étaient nés à Paris, qui avait aussi un poids démographique plus important dans la population française. La “ville lumière” continue d’exercer une forte attractivité mais qui a été divisée par deux depuis 1968 : Paris regroupe aujourd’hui 1,3 % des personnes vivant en France originaires de province ou des territoires ultramarins, contre 2,5 % cinquante ans auparavant. En cause notamment : une baisse des arrivées, les provinciaux qui souhaitent vivre à Paris s’installant plus souvent dans sa banlieue.
La population native de l’étranger a beaucoup progressé, surtout entre 1968 et 1982 sous l’effet d’arrivées importantes. Mais pour ces personnes aussi, l’attractivité de la ville s’amenuise : la part des natifs étrangers vivant à Paris parmi tous ceux vivant en France est passée de 8,7 % à 6,4 % en une cinquantaine d’années.
Ce recul est plus marqué chez les personnes originaires des continents africains (hors Maghreb), américain ou asiatique, davantage attirées par d’autres départements.
À noter que parmi les étrangers qui s’installent en France, ce sont les Japonais qui choisissent le plus Paris. Et parmi les provinciaux, les personnes nées dans les Alpes-Maritimes sont les plus attirées par la capitale.