Une explosion dont Israël et le Hamas se rejettent la responsabilité a fait des centaines de morts dans un hôpital de Gaza et provoqué des condamnations internationales et des manifestations à travers le monde musulman, à quelques heures de l’arrivée mercredi du président américain Joe Biden dans la région.
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Le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza a accusé Israël d’être à l’origine de cette frappe mardi soir, que l’armée israélienne a elle imputée à un tir de roquette du Jihad islamique, autre groupe armé palestinien, onze jours après le début de la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël. Le Jihad islamique a démenti et mis lui aussi en cause Israël.
Le tir a suscité de nombreuses condamnations et des manifestants sont descendus dans les rues à Téhéran, Amman, Istanbul, Tunis ou encore à Beyrouth. À Ramallah, en Cisjordanie occupée, des affrontements ont éclaté mardi soir entre des manifestants appelant au départ du président palestinien Mahmoud Abbas et ses forces de sécurité.
Attendu en Israël, Joe Biden va “reporter” son étape prévue ensuite en Jordanie, a indiqué la Maison-Blanche. M. Biden s’est dit “indigné et profondément attristé par l’explosion”, dans un communiqué. La Jordanie avait auparavant annoncé l’annulation d’un sommet auquel M. Biden devait participer avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et le président Abbas.
“Un massacre”
“De 200 à 300 personnes sont mortes”, a déclaré le ministère de la Santé du territoire palestinien, selon qui “des centaines de victimes se trouvent encore dans les décombres” de l’hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza. Le Hamas parle de plus de 500 morts et a incriminé Israël.
L’armée israélienne a réfuté cette accusation, affirmant que “d’après des informations des services de renseignement, […] le Jihad islamique est responsable du tir de roquette raté”. Elle a dit plus tard dans la nuit qu’elle allait fournir les “preuves” de ses affirmations.
“Mensonges”, a rétorqué le Jihad islamique, qui a accusé Israël de vouloir “se dérober à la responsabilité de son crime”. Selon ce groupe allié du Hamas, classé comme lui organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël, l’hôpital avait été sommé par Israël d’évacuer sous la menace d’un bombardement, et c’est une bombe larguée par un avion de l’armée israélienne qui a causé la tragédie.
À la demande de la Russie et des Émirats arabes unis, le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra mercredi une réunion d’urgence et se prononcera juste avant sur une résolution portée par le Brésil pour tenter de trouver une position commune sur le conflit.
“Nous étions en train d’opérer dans l’hôpital, il y a eu une forte explosion et le plafond est tombé sur la salle d’opération. C’est un massacre”, a déclaré le Dr Ghassan Abu Sittah, médecin de Médecins sans frontières, dans un communiqué de l’ONG. L’Église épiscopale à Jérusalem, qui gère l’hôpital, a dénoncé un “crime contre l’humanité”.
“Des femmes et des enfants”
Le Croissant-Rouge palestinien a dénoncé un “crime de guerre”, qui a fait “des centaines” de victimes civiles, “dont des femmes, des enfants, des personnels de santé”.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, qui doit se rendre jeudi en Égypte frontalière de la bande de Gaza pour évoquer l’aide humanitaire, s’est dit mardi soir “horrifié”. Les attaques du Hamas “ne peuvent justifier la punition collective des Palestiniens”, a-t-il ajouté mercredi depuis Pékin, après avoir dénoncé “les actes terroristes commis par le Hamas le 7 octobre”. Il a appelé à un “cessez-le-feu humanitaire immédiat”.
Le Hezbollah libanais, allié du Hamas, a appelé à observer une “journée de colère” mercredi pour condamner le “massacre”, dont il accuse Israël.
Depuis le début de la guerre le 7 octobre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël, l’armée israélienne bombarde quotidiennement cette enclave de 362 kilomètres carrés, jurant d’éliminer le mouvement islamiste. Ces frappes, qui ont entraîné, selon l’ONU, le déplacement d’un million de personnes, dont de nombreuses ont trouvé refuge dans des hôpitaux, ont déjà fait plus de 3 000 morts, en majorité des civils, dont des centaines d’enfants, selon les autorités locales.