“Ce n’est rien de moins qu’une histoire d’horreur”, estime l’universitaire canadienne Jennifer Fang, qui a étudié une des écoles primaires chinoises financées par la plus grande industrie du tabac au monde, la China National Tobacco, ou Bureau du monopole national du tabac.
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“Et si c’était l’une des deux seules écoles de votre région et qu’elle bénéficiait d’une bien meilleure infrastructure ?”, demande la chercheuse sur le site The Conversation.
“Le génie provient du labeur, le tabac vous aide à exceller”
Les écoles financées par la China National Tobacco, qui détient 40 % de la production mondiale de cigarettes et vend ses produits à plus de 300 millions de fumeurs chinois, portent le nom du fabricant de tabac et affichent son logo sur leurs murs, ainsi que le slogan : “Le génie provient du labeur, le tabac vous aide à exceller”.
Leur nombre est estimé à plus de 100. La plupart d’entre elles ont été construites après le terrible tremblement de terre qui a ravagé la province du Sichuan en 2008, dans le cadre du programme gouvernemental visant à développer les zones rurales, “Hope”.
“Le tabac, c’est mauvais, mais l’argent, c’est de l’argent”
Dans le village du Yunnan visité par Jennifer Fang, l’opinion publique s’avère largement favorable à ce type de projets. Les directeurs d’école et les enseignants interrogés insistent sur la “gentillesse” de l’industrie du tabac à l’égard des élèves. Ces derniers disent vouloir “étudier dur pour rembourser”.
Certains parents d’élèves y voient de la “propagande déguisée”. Mais comment s’en protéger dans une région dépourvue d’infrastructures ? Comme le résume un parent, “le tabac, c’est mauvais, mais l’argent, c’est de l’argent”.
Le dilemme ne se pose d’ailleurs pas qu’aux seuls Chinois. La China National Tobacco investit aussi dans l’éducation au Zimbabwe et au Cambodge, à travers sa filiale Viniton Group.