Johann Zarca est écrivain. Au fil de ses romans, il esquisse la frénésie du bois de Boulogne, du chemsex et des addictions en tout genre. À l’hiver 2019, dans un groupe de parole pour personnes dépendantes aux drogues, Zarca rencontre Zyed. Ils nouent un lien. Dans ce groupe, “on livre notre intimité, nos failles, notre vulnérabilité”, explique l’écrivain.
Si Zyed assiste à ces groupes de parole le jour, il devient Elle la nuit. Elle, c’est Chicha, une travailleuse du sexe du bois de Boulogne. Chicha vit de la prostitution, ou plutôt survit. Elle subit la violence des clients, une des multiples conséquences de la précarisation des travailleuses et travailleurs du sexe.
En 2020, les confinements viennent aggraver leur situation financière et sécuritaire. À l’été 2020, Johann reçoit l’appel d’une connaissance commune à Zyed/Chicha et lui. Il apprend alors la mort de Chicha, violemment agressée une nuit durant par un groupe d’hommes ayant feint d’être clients.
Si Chicha réussit à survivre à cette nuit de sauvagerie inouïe, elle décédera quelques heures plus tard dans son lit, des suites de ses blessures. Pourtant, dans l’intervalle, elle aura témoigné au sein d’un groupe de parole sur la barbarie vécue quelques heures auparavant.
Son témoignage arrivera jusqu’aux oreilles de Johann Zarca, qui décide alors de coucher sur le papier le vécu de Chicha, afin de lui donner une identité. Sa mort des suites de violences est passée inaperçue, faisant d’elle une “oubliée de la nuit”, comme la qualifie le romancier.
Johann Zarca l’indique, le témoignage de Chicha comporte des zones d’ombre, qu’il a comblées avec un récit fictionnel, dans son ouuvrage La Nuit des hyènes, paru aux éditions Goutte d’or. L’interview intégrale de Zarca est à retrouver ci-dessous.