Barbie plongeuse pas encore déballée cherche nouveau propriétaire pour aller à la mer : à l’heure de la digestion du réveillon, la revente de cadeaux devient presque une nouvelle tradition de Noël, encore plus par temps d’inflation. Le matin du 25 décembre, certains ouvrent les huîtres, d’autres se remettent des agapes de la veille, et de plus en plus de Français passent des annonces en ligne pour essayer de revendre leurs présents non désirés.
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Parmi les produits que l’on trouve sur les sites d’e-commerce, ce jour de Noël, les Barbie se frayent un chemin pailleté à la faveur du film dédié à la poupée de Mattel, sorti cette année à grand renfort de marketing. “2023 a été une année Barbie et cela a fait partie des cadeaux très achetés à Noël, donc il y a beaucoup d’annonces en ce sens”, commente à l’AFP Louise Benzrihem, chargée de mission pour la plateforme eBay France.
Les accessoires high-tech ont aussi la cote, comme les montres connectées ou les écouteurs. “Ce sont des choses que les gens peuvent avoir en doublon”, souligne-t-elle. Sans oublier les incontournables du rayon culture, dont les lauréats des prix littéraires de l’automne qui, très mis en avant dans les librairies, se retrouvent parfois en double au pied du sapin, quand les autres romans moins primés finissent, eux, au pilon.
“On retrouve sur notre site les meilleures ventes”, remarque Flora Louvet, porte-parole du site de vente Rakuten : notamment le prix Goncourt 2023 (Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea) ou le dernier Astérix par Fabcaro et Conrad. Même constat pour les jeux vidéo populaires, comme Hogwarts Legacy.
Ancré dans les mœurs
Les vendeurs sont invités à bien spécifier sur leur annonce qu’il s’agit d’un cadeau de Noël, précise Louise Benzrihem d’eBay, car “cela montre que le produit a été acheté très récemment”. Les reventes de cadeaux semblent dans tous les cas de plus en plus ancrées dans les mœurs. Selon le site Rakuten, 685 000 nouvelles annonces avaient été mises en ligne le jour de Noël à 15 heures.
“On a une hausse de 5 % sur un an et cette tendance croissante se retrouve chaque année”, précise Flora Louvet. “Car c’est de mieux en mieux accepté.” Selon un sondage Ipsos pour Rakuten, 72 % des sondés affirment en effet être compréhensifs si le cadeau qu’ils ont offert est revendu. Un phénomène d’autant plus important que donner une deuxième vie à des produits d’occasion est vu comme un geste écologique.
Mais les considérations environnementales n’expliquent pas tout. L’inflation a pesé : en moyenne cette année, la hausse des prix atteindrait 5,7 %, selon l’indice des prix à la consommation harmonisé. Selon un baromètre Kantar pour eBay, 23 % de Français prévoient de revendre leurs cadeaux. Or, ceux qui vont le faire le font davantage pour rembourser les dépenses de Noël (30 %) que pour acheter quelque chose qui leur plaît (29 %).
“D’habitude, la première raison donnée pour revendre ses cadeaux était d’acheter quelque chose qui plaît. Cette année, pour la première fois, il s’agit de rembourser les factures de Noël. Les portefeuilles des Français ont été affectés, on le voit”, explique Louise Benzrihem.
Les sites de vente en ligne ne sont pas les seuls à constater l’effet de l’inflation. Franck Mathais, porte-parole de JouéClub, dit avoir clairement vu l’effet des promotions, particulièrement plébiscitées par les clients cette année. Le groupe, qui compte 284 magasins dans l’Hexagone, a lancé en mars un service de rachat de jouets d’occasion. “Les clients qui nous rapportaient leurs jouets nous disaient que cela leur faisait un complément de budget pour Noël”, dit Franck Mathais. Histoire d’acheter la poupée dernier cri… dans l’espoir qu’elle ne finisse pas tout de suite aux enchères.