Le Complexe Desjardins, un centre commercial du centre de Montréal (Québec), est critiqué pour avoir recours à une méthode controversée : diffuser en boucle la célèbre chanson “Baby Shark” dans ses escaliers de secours et parkings afin de dissuader les sans-abris d’y rester.
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Selon le centre, cette pratique, en place depuis un an, a permis d’améliorer la situation. Deux travailleurs sociaux ont également été embauchés pour instaurer un dialogue avec les personnes concernées, explique Jean-Benoît Turcotti, porte-parole du Complexe.
Mais pour les associations d’aide aux sans-abris, cette méthode est jugée aussi inhumaine qu’inefficace. “Vous ne réglez pas le problème en le déplaçant ailleurs”, dénonce Sam Watts, directeur de Welcome Hall Mission. Il rappelle que l’augmentation de l’itinérance à Montréal est due au manque d’hébergements adaptés et au désengagement des financements publics pour les refuges ces dernières années. De son côté, David Chapman, de l’organisme Resilience Montreal, qualifie cette tactique de “cruelle”, soulignant qu’elle n’aborde pas les causes profondes de l’exclusion sociale.
Cette stratégie s’inscrit dans une tendance mondiale où des musiques répétitives ou irritantes sont utilisées pour éloigner les personnes vulnérables des lieux publics. Mais pour les militants, ces mesures ne font que marginaliser davantage des individus déjà en grande précarité.