Yan Morvan a couvert des guerres, fréquenté les Hells Angels et les skinheads, accompagné les luttes sociales d’antan, a reçu deux World Press Photo. Le photographe âgé de 70 ans nous a quittés ce vendredi 20 septembre, viennent d’annoncer ses proches et collaborateur·rice·s.
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Yan Morvan n’avait pas peur du risque et de l’inconnu ; on finissait même par l’y attendre. Il côtoyait les laissé·e·s-pour-compte, les ignoré·e·s, les oublié·e·s, leur donnait une voix. Il traînait dans les squats et y croisait des malfrats. Le serial killer Guy Georges fut son assistant photo et modèle avant qu’on ne découvre qu’il était l’auteur de tous ces crimes. Ce dernier a même séquestré pendant trois semaines le photographe, rapporte Libération.
Les guerres, au Liban, en Ukraine, au Rwanda, en Afghanistan, au Mozambique, en Bosnie-Herzégovine, les conflits en Irlande, les sombres années Thatcher, les travailleuses du sexe à Bangkok, les gangs de motard et de banlieue et plus récemment les consommateur·rice·s de crack… La vie de Yan Morvan fut grande, à sa hauteur.
En 2017, lors d’un entretien, il nous citait Raoul Vaneigem et son Traité du savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, pour répondre à une question sur les révoltes actuelles : “L’homme de la survie, c’est l’homme émietté dans les mécanismes du pouvoir hiérarchisé, dans une combinaison d’interférences, dans un chaos de techniques oppressives qui n’attend pour s’ordonner que la patiente programmation des penseurs programmés.” Des mots à ne jamais oublier pour la suite.