Après l’arrestation de Martin Shkreli, un internaute a officiellement demandé au FBI de rendre public l’album du Wu-Tang, au nom du droit à l’information.
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Le Freedom of Information Act (FOIA) est un outil formidable. Il permet à tout citoyen américain de demander au gouvernement fédéral et ses différentes structures de transmettre n’importe quel document détenu par ses services au nom de la liberté d’accès à l’information (encore faut-il s’armer de patience, le gouvernement américain n’étant pas le plus zélé en matière de transparence).
Si le département le plus souvent sollicité par le FOIA est le ministère de la Justice, c’est le FBI qui s’est vu notifier, vendredi 18 décembre, une demande de divulgation de pièce : l’album unique du Wu-Tang Clan, Once Upon A Time In Shaolin, qu’une seule poignée de privilégiés à travers le monde a eu le loisir d’écouter.
Si vous n’aviez pas suivi, l’album a été acheté en septembre par Martin Shkreli, jeune entrepreneur à la conscience morale particulière, qui venait de s’enrichir prodigieusement en augmentant de 5 000% le prix d’un médicament destiné aux malades du VIH. Une histoire déjà rocambolesque qui se trouve donc augmentée de deux nouvelles péripéties avec l’arrestation, jeudi, de ce “Pharma Bro” haï d’Internet, sur des accusations de malversations financières, et la demande d’accès à l’album, peut-être saisi par les autorités.
Andrew Wiseman vs Martin Shkreli
Le nouveau héros de l’Amérique citoyenne prophétiquement nommé Andrew Wiseman a posté sur Twitter la photo de sa lettre écrite aux autorités fédérales, qui réclame l’album “aux formats compact disc (CD), vinyle ou numérique (MPEG Layer III-MP3) ou Advanced Audio Coding (AAC)”.
Il se déclare également “prêt à verser jusqu’à 100 dollars pour le traitement de cette requête”, ironie sublime lorsqu’on se rappelle que Martin Shkreli a déboursé environ 2 millions de dollars pour s’offrir la précieuse galette.
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Cette simple lettre sera-t-elle suffisante pour qu’Andrew Wiseman récupère le contenu sonore de Once Upon A Time In Shaolin ? Apparemment, oui, mais la question est de savoir si les autorités ont saisi l’album ou non. Selon des experts légaux contactés par The Atlantic, il faudrait que le FBI soit parvenu à prouver “une connexion substantielle entre entre le délit duquel le prévenu est accusé et la propriété qu’il souhaite saisir” pour se saisir du disque.
Le FBI n’a pas saisi l’album… pour l’instant
Et le FBI s’attendait probablement à une demande du genre : quelques heures après sa demande, Andrew Wiseman a reçu une réponse des autorités lui indiquant que sa demande de FOIA a bien été enregistrée. Malheureusement, ce même FBI met (provisoirement ?) fin au fol espoir en tweetant à son tour que non, désolé, ils n’ont saisi ni l’album ni aucune autre possession de Martin Shkreli, puisque son arrestation ne comprenait pas de mandat de saisie.
La demande de FOIA est-elle pour autant enterrée ? Non, répondent les juristes, car si un mandat de saisie venait à être utilisé par les autorités dans le cadre de l’enquête sur le jeune businessman, alors Once Upon A Time In Shaolin aurait de sérieuse chances de se retrouver dans les bras d’Andrew Wiseman, héraut de l’accès libre et universel au gangsta rap. Et si ça ne fonctionne pas, Bill Murray se tient prêt, tapi dans les fourrés, attendant patiemment l’heure du larcin.