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Portrait. Se démarquer dans une scène musicale aussi saturée, notamment dans le rap francophone, n’est pas une chose aisée, pourtant Winnterzuko le fait à merveille. L’artiste parisien n’est pourtant pas passé par la voie des médias pour se faire connaître, laissant un mystère planer sur de nombreux éléments de sa vie. Les seules informations sur lui dont le public dispose sont celles qu’il laisse échapper dans ses sons et sur ses réseaux sociaux. Son enfance dans un pays en guerre, la misère qu’il a connue en France, son immersion dans le monde du rap, ses nombreuses références pop culture, voici les quelques éléments qui permettent de tirer le portrait de ce jeune artiste aussi insaisissable que déroutant, aussi mystérieux que talentueux.
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Passé – Deep2ouf
Le passé, c’est la clé de voûte de la musique de Winnterzuko, par ses paroles et son style musical. Ce dernier parle, dans de nombreux titres, de son enfance entre son pays d’origine qu’il surnomme “le bled” sans préciser de quel pays il s’agit, qu’il a dû fuir à cinq ans à cause de la guerre, et la France qui est son pays d’accueil, mais surtout le pays où il a passé la majeure partie de son enfance et de son adolescence.
Dans les sonorités, Winnterzuko s’inspire du passé avec un univers musical pouvant être rattaché au mouvement de l’hyperpop, dont il est l’un des chefs de file en France, qui consiste à reprendre les codes musicaux des années 2000 et à les pousser à l’extrême. Dans la plupart de ses sons, il pose ses textes sur des prods inspirées par l’électro, l’eurodance ou encore l’EDM. Un contraste est donc présent entre des prods pour s’ambiancer et des textes souvent très “deep“, où il parle de la précarité qu’il surnomme “la hess“, de l’absence de son père, du fait qu’il ait dû fuir un pays en guerre, des camps de réfugiés, des galères qu’il a rencontrées pour se faire une place dans la musique, du dévouement de sa mère…
Winnterzuko fait de la musique générationnelle qui tend vers la nostalgie. Avec de nombreuses références à la pop culture des années 2000, il replonge en enfance toute une génération, la fameuse Gen Z, qui englobe les personnes nées après 1997 ayant grandi avec Internet. Il enclenche ainsi un levier sensible chez cette génération, qui peut facilement s’identifier à sa musique. On retrouve pêle-mêle, des références aux dessins animés, à certains mangas et jeux vidéo, ou encore au cinéma avec, par exemple, de nombreuses références à la saga Harry Potter.
Au-delà des références, on peut aussi parler de ses inspirations musicales éclectiques, qui puisent autant dans la pop des années 2000, que dans le metal alternatif comme System of a Down ou Evanescence, dans la musique électronique avec Justice, mais aussi dans les classiques du rap français comme Nessbeal et Orelsan.
Enfin, le passé influence aussi son esthétique globale avec l’utilisation fréquente d’un langage SMS, encore une fois poussé à l’extrême comme pour caricaturer, ou se réapproprier la façon de parler sur Internet dans les années 2000 (Skyblogs, Myspace, MSN…), à l’image de son titre Grv triste: ou le nom de sa tournée, Tour2ouf.
Présent – Winntermania
Le présent, c’est le changement de dimension de Winnterzuko. En deux années, il a sorti plusieurs EP, parmi lesquels Gearless Mania (2021), 2036 (2021) et Von (2022), qui lui ont permis d’affirmer son style et d’affiner son univers musical. Au détour de ces projets, certains morceaux sont parvenus à sortir du lot, à l’image de “Trotski“, qui cumule plus d’un million de vues sur YouTube, “Off” ou encore “Monono“, permettant à Winnterzuko d’élargir sa communauté. Une communauté qui répond présent lorsqu’il s’agit de soutenir de nouveaux projets.
Ce cheminement mène jusqu’à son “premier projet long”, sorti ce vendredi, du nom de Winntermania. Le résultat donne 12 titres avec une identité musicale propre à chacun d’eux, ce qui permet de ne pas simplement tourner en rond dans un style musical qui peut vite paraître redondant.
La force de ce projet est qu’il a été pensé dans une véritable diversité musicale. Cela se matérialise par des prods variées, réalisées par de nombreux producteurs musicaux (Koboi, Amne, Guapo du Soleil, Bademe, Abel31…), mais aussi par la variété de ce que Winnterzuko propose dans ses textes : entre des phases un peu plus techniques comme dans “Synchronicity” ou “Van Gogh” et des phases plus pour s’ambiancer, qui donnent envie de bouger la tête sous les stroboscopes, comme dans “Gearless” ou “Devil Jin”.
Un autre point fort de Winntermania, ce sont les featurings, pour certains assez inattendus, avec des artistes émergents de la scène rap francophone. On retrouve ainsi Khali, dans “Dirty”, et So La Lune, dans “La ruche”, qui s’adaptent au terrain de jeu de Winnterzuko sur des prods hyperpop et, sincèrement, le résultat est assez dingue. On peut aussi noter la présence de Realo, dans “La ruche” et de Wasting Shit, dans “8H36”, qui sont aussi des artistes de la scène hyperpop ou proches de ce style musical.
Enfin, le présent de Winnterzuko, c’est aussi sa tournée Tour2ouf, avec laquelle il va se produire aux quatre coins de la France, mais aussi en Belgique et en Suisse. Une tournée qui va le faire passer par de nombreux festivals, dont le Boomin Fest à Rennes, Garorock, l’Imaginarium Festival, les Nuits sonores de Lyon ou encore We Love Green en juin prochain, au bois de Vincennes. Un planning chargé pour défendre ce projet qu’est Winntermania.
Futur – Loin2ouf
“J’suis dans l’turf comme Valérian”. Comme l’affirme cette phrase dans “Trotski”, tiré de l’EP 2036, Winnterzuko semble avoir une longueur d’avance dans sa musique, même si l’influence du passé reste omniprésente, comme le montre cette référence à Valérian de l’anime de 2007, Valérian et Laureline. Le titre de l’EP, 2036, fait d’ailleurs référence à John Titor, un supposé voyageur du futur qui, en 2001, a posté de nombreux messages sur des forums en affirmant venir de l’an 2036.
S’il ne vient probablement pas du futur, sa vision du monde assez pessimiste sur les années à venir et assez représentative de celle d’une génération désabusée, comme lorsqu’il dit : “le futur sa mère il est merdique” dans “Rollo”, ou qu’il fait état des problèmes écologiques : “J’suis en 2036 et y’a rien à boire”.
Malgré tout, l’avenir s’annonce plutôt positif pour celui qui a connu “les cafards et les rats”, qui peut enfin vivre de sa musique et rêver du “disque de platine”.
Cinq titres pour découvrir Winnterzuko : “Trotski“, 2036 ; “Deep Girl“, 2036 + 4; “Gearless“, Winntermania ; “La ruche” feat Realo & So La Lune, Winntermania ; “Bruce Lee“, Winntermania.
Cinq artistes que vous aimerez probablement si vous kiffez Winnterzuko : Realo ; Glaive ; Snorunt ; Angsty Camboyz Revenge ; midwxst.