“Même le plus long des voyages commence par un premier pas”. Il n’avait même pas encore sorti de morceau avant aujourd’hui, et pourtant ÂA ne cesse d’intriguer les amateurs de hip-hop sur ses réseaux sociaux. Déjà par son apparence : chevelure rose et tantôt teintée de reflets verts, vêtements déchirés, chaînes en or et pantalons cargo… Mais aussi et surtout, par un mystérieux clip vidéo d’une poignée de secondes, lâché sur son Instagram, où il dévoile davantage son style musical. Un avant-goût, suscitant mille questions, dévoilé peu de temps avant la sortie de son premier titre.
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Intitulé “Marée Basse”, celui-ci est le miroir d’un jeune homme, à mi-chemin entre des émotions exacerbées et leur rejet. Entre chant et hip-hop, ÂA vogue de logements sociaux jusqu’à une mer, près de laquelle il rencontre une ultime fois celle qu’il aime, apparemment prête à tirer un trait sur lui. Touchant, le clip est signé Bagarre Productions et impressionne par sa grande qualité pour ce qui s’apparente aux premiers visuels de l’artiste.
Poète, ÂA inspire et force le respect, en dépit de sa carrière toute fraîche. Peurs, dilemmes, ambitions… Hypersensible, le talentueux artiste dépeint en musique sa vision du romantisme, celle d’un amour moderne, à l’ère des réseaux sociaux. Rencontre avec celui qui n’a pas peur de partager ses doutes et sentiments.
Konbini | Qui es-tu ?
ÂA | Je suis ÂA, un peu différent des autres.
D’où viens-tu ?
Je viens de Liège en Belgique, et de Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC).
Où et quand es-tu né ?
Je suis né à Liège le 1 octobre 1992 mais j’ai passé mon enfance à Kinshasa. C’est seulement vers mes 13 ans que je suis revenu vivre en Belgique avec ma mère.
Quand et comment est-ce que tu as commencé la musique ?
Au lycée, j’avais pris l’habitude de chanter sur les refrains de mes potes rappeurs, j’ai décidé de m’y mettre sérieusement lors de ma dernière année. Au moment de faire mes études supérieures, j’ai décidé que j’allais tout faire pour réussir à vivre de ma musique.
Qu’est-ce que tu faisais avant ?
J’ai débuté des études d’art, à l’École Supérieure des Arts Saint–Luc de Liège. J’étais en option pub, on faisait un peu de tout : de la peinture, du graphisme, et on apprenait la communication…
Quelles sont tes influences musicales ?
J’ai grandi en écoutant de la pop et du R’n’B, mais aussi de la rumba congolaise et de la musique libanaise parce qu’il y avait une grande communauté libanaise à Kinshasa. Ça allait de Michael Jackson à Prince, en passant par Koffi Olomidé, Papa Wemba, Nancy Ajram ou encore Barbara et Brel…
© Manuel Obadia Wills
Comment as-tu été découvert ?
Il y a un peu plus d’un an, j’ai rencontré mon manager Frank Luckaz lors de l’enregistrement d’un live pour l’émission “Meet the Band” de Tarmac, et depuis, les choses sont allées très vite.
Tu es très porté sur les sapes. Quel rapport entretiens-tu avec la mode ? Et l’esthétisme plus globalement (notamment dans les clips) ?
En fait, ça dépend de mon mood, j’essaie de m’amuser et d’expérimenter, de prendre des risques, sinon je m’ennuie vite. J’ai toujours vu les vêtements comme des caractéristiques à part entière d’une personnalité, du coup je suis fasciné par ce qu’ils racontent. Je prends tout de même beaucoup de distance sur ces choses-là, j’essaie de ne pas en faire une obsession.
Je pense aussi que le cinéma et la sape sont liés. Ce sont deux univers que j’apprécie beaucoup. Chaque jour avant de m’habiller, j’essaie de me dire : “Qu’est-ce que j’ai envie de raconter aujourd’hui ?” Pour moi, je dirais que c’est aussi une sorte d’armure. Sur scène, par exemple, mes vêtements me donnent la confiance nécessaire pour assurer un show… En fait, je ne cherche pas forcément ce qu’un habit me mette en valeur ou me rende “beau”, mais plutôt à me donner de la force, à me sentir bien. C’est vraiment chaud de passer une bonne journée quand tu ne te sens pas bien habillé.
L’amour prend une place prédominante dans tes premiers titres. C’est un thème qui t’inspire beaucoup ? Tu souhaites encore beaucoup l’explorer ?
Yes, c’est sûrement parce que c’est ce que je recherche le plus dans ma vie personnelle, aimer et être aimé. J’ai beaucoup d’attentes et c’est parfois compliqué de tout concilier entre ce que j’espère, ce que l’autre espère à son tour, ce que je donne… Je me trouve souvent bête dans mes relations amoureuses, mais mes maladresses me poussent à essayer de comprendre ce qui ne va pas chez moi ou peut-être chez les autres aussi.
© Manuel Obadia Wills
C’est important de savoir pourquoi ça n’a pas marché, n’est-ce pas ? En tout cas, c’est ce que j’essaie de faire en musique. L’amour de la famille, des amis, d’un amant… Finalement, tout ça, ça me dépasse un peu, même si j’aime bien dire ce que j’en pense.
Tu vas sortir ton premier single “Marée Basse”, qu’est-ce qu’il représente pour toi ?
Ce morceau, c’est l’occasion de me présenter au public avant tout. Il raconte la fin de quelque chose, d’une histoire d’amour, d’une situation compliquée… Mais c’est aussi un début, le mien, en tant qu’artiste, en tant qu’ÂA. Plusieurs fois par le passé, je me suis retrouvé à me battre pour des choses qui n’avaient plus aucune raison d’être, que ce soit dans des histoires d’amour, ou bien quand j’essayais de me convaincre que j’étais fait pour la pub alors que tout ce que je désirais, c’était de faire de la musique.
Comment tu décrirais ton univers artistique ?
Néoromantique.
T’es signé sur quel label ?
Columbia ! Pour signer là-bas, j’ai travaillé comme un ouf toutes les nuits depuis le jour où je me suis promis de faire les choses à fond dans la musique. Mon seul répit, c’était les vendredis soirs, où je sortais avec des amis.
Selon toi, quels sont tes axes de progression ?
La prochaine étape, ce serait de pouvoir jouer correctement d’un instrument. Je pense que ça amènerait mes chansons à un autre niveau, sur scène comme au studio. Je souhaiterais améliorer mes capacités de rédaction aussi, mais chaque chose en son temps.
© Manuel Obadia Wills
Quelles seraient les meilleures conditions pour écouter ta musique ?
Dans la nuit, quand t’es posé avec tes potes, ou bien sur le chemin du retour quand tu rentres tard le soir et que t’as pas réussi à pécho.
Si tu devais convaincre les gens d’écouter ta musique, tu leur dirais quoi ?
En m’écoutant, tu te sentirais moins seul.
Tes futurs projets ?
Pour le moment, je n’attends qu’une chose, c’est de sortir mon album et de le défendre sur scène.
Le mot de la fin ?
Les gars, je suis sur Konbini ! C’est énorme !