S’il y a bien une chose dont le catalogue Netflix ne manque pas, c’est de séries adolescentes. Entre Élite, Heartstopper ou Sex Education, la firme au “N” rouge continue d’offrir des imaginaires et des narratives à la Gen Z, entre romances larmoyantes, comédies pétillantes et célébrations queers. Le 5 octobre dernier, Everything Now, une petite nouvelle, s’est rajoutée à la liste. Et après l’avoir dévorée d’une traite, on se doit de vous parler de ce joli coup.
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Everything Now, ça raconte quoi ?
Mia Polanco (campée par l’actrice Sophie Wilde), une jeune Londonienne de 16 ans, réintègre son quotidien après une hospitalisation pour anorexie nerveuse. Au fil de sa rentrée au lycée et de ses retrouvailles avec ses proches, Mia tente de retrouver le rythme de cette vie qui n’a pas cessé d’avancer en son absence. Guidée par une bucket list d’objectifs fixés durant son séjour à l’hôpital, allant de “Faire l’amour” à “Enfreindre la loi”, la jeune femme se retrouve rapidement confrontée aux limites qu’impose sa condition mais aussi aux dégâts qu’elle inflige, tant à elle-même qu’à celles et ceux qui l’entourent.
Heureusement, dans sa quête d’interdits, elle peut compter sur le soutien indéfectible de ses proches, à commencer par son ami d’enfance Cameron (Harry Cadby), ses meilleur·e·s potes Becca (Lauryn Ajufo) et Will (Noah Thomas), la bimbo tyrannique du lycée Alison (Niamh McCormack), son crush d’enfance Theo (Robert Akodoto) ou encore son obsession actuelle Carli (Jessie Mae Alonzo). Niveau famille, elle devra composer avec le contrôle invasif de son papa poule (Alex Hassell), surmonter l’indifférence de sa mère (Vivienne Archeampong) et comprendre le silence de son petit frère (Sam Reuben).
Mais c’est bien ?
Si le scénario vous semble familier, c’est bien normal : l’intrigue d’Euphoria s’articulait elle aussi autour de ce récit de “retour à la maison”. Sauf que là où la série phare de HBO voyait le personnage Rue regagner son chez-elle californien après une cure de désintoxication, Everything Now suit le parcours semé d’embûches de Mia, qui lutte contre des troubles alimentaires sévères. Et si les stupéfiants et les TCA partagent plusieurs points communs, l’aspect si banalisé de la nourriture et de l’alimentation, véritables némésis symboliques de la série, rend le récit plus vertigineux encore que dans Euphoria.
Et pourtant, malgré un sujet lourd, Everything Now ne s’approche jamais vraiment de la cruauté de la série de Sam Levinson. C’est justement là qu’Everything Now nous gagne : moins crue qu’Euphoria, plus mature que Sex Education, elle attaque un sujet mal connu avec sérieux mais en gardant le pétillant propre à l’adolescence qu’elle tente de mettre en images. Et ce n’est pas un hasard : Ripley Parker, créatrice de la série, a pensé Everything Now à seulement 22 ans, ramenant la fraîcheur, la spontanéité et l’esprit farouche qui nous manquaient depuis la révolution Skins, quinze ans plus tôt.
On se retrouve ici plongé·e·s dans la frénésie adolescente la plus moderne qui soit : on parle de sexe de façon décomplexée, on embrasse les garçons, les filles et les autres sans jamais que la question de l’orientation sexuelle ne devienne un élément narratif à aborder. On rêvait de l’époque où les étiquettes de genre, de sexualité et d’identité ne seraient plus un sujet en soi ; on y est peut-être arrivé·e·s, finalement ?
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Everything Now nous ramène également à Skins par le fait qu’elle nous fait dégainer Shazam toutes les dix minutes tant la bande originale de la série fait plaisir. On retrouve d’un côté les compositions originales créées spécialement pour la série, menées par la talentueuse Laura Mvula, et de l’autre, les épisodes sont ponctués par une playlist dans l’air du temps, exclusivement composée de noms britanniques rassemblant la crème des nouvelles scènes du pays. On retrouve ainsi les délices de Jai Paul, Little Simz, Lava La Rue, Aluna, Central Cee ou encore Jeshi.
En parlant de musique, le nom de la série fait écho au titre mythique du groupe Arcade Fire, et ce n’est pas si anodin. Les deux œuvres partagent cette effervescence, sonore pour le morceau de musique, narrative pour la série. Une effervescence qui échappe cependant au piège des multiples narratives entremêlées, qu’on a vu pulluler ces dernières années dans les séries du même genre. À la place, Everything Now offre un éventail de situations, distinctes et variées, dramatiques et euphoriques, mais toutes articulées autour de Mia Polanco et de son impact sur ce qui l’entoure.
Les autres personnages bénéficient évidemment d’arcs propres (et d’un casting convaincant), avec notamment un récit touchant et juste sur l’avortement, sur les amours imaginaires ou encore sur le divorce. Mais ces histoires adjacentes semblent toujours développées avec la juste dose de profondeur, évitant de faire dévier le récit de ce qu’il est vraiment : un discours fort sur les troubles de l’alimentation, à travers le personnage de Mia Polanco, campée avec vulnérabilité et sensibilité par Sophie Wilde, qu’on avait adorée dans le film La Main, phénomène horrifique de l’année estampillé A24.
On retient quoi ?
L’actrice qui tire son épingle du jeu : Sophie Wilde, pleine de sensibilité et sans surenchère dans un rôle exigeant.
Les principales qualités : Une écriture simple, accrocheuse et touchante et une bande sonore cinq étoiles.
Le principal défaut : Beaucoup de similitudes avec d’autres séries du même registre, on ne réinvente pas la roue.
Une série que vous aimerez si vous avez aimé : Euphoria, Skins, Skam, Sex Education.
Ça aurait pu s’appeler : “La dalle” ou “Pas dans mon assiette”.
La quote pour résumer le film : “L’adolescence britannique continue de se raconter avec sensibilité et courage.”
Everything Now est disponible sur Netflix.