Avec près de 500 films en attente, la réouverture des salles de cinéma s’annonce autant comme la résurrection du 7e art qu’un véritable casse-tête pour les professionnels du secteur. En prévision de cette inévitable foire d’empoigne, l’industrie du cinéma a donc plaidé pour un calendrier de sorties raisonnées.
Au-delà d’une jauge limitée à 35 % dans un premier temps et l’interdiction de la vente de pop-corn et autres confiseries imposée par la ministre de la Culture, “une semaine blanche” était défendue par une partie des exploitants et des distributeurs pour offrir le temps d’un second souffle bien mérité aux films les plus malchanceux, sacrifiés par la fermeture des salles en octobre dernier après seulement quelques jours d’exploitation, comme Garçon chiffon de Nicolas Maury ou ADN de Maïwenn.
Mais depuis le 29 avril dernier, date de l’annonce du déconfinement et de la réouverture des salles par Emmanuel Macron, les line-up ne cessent de s’actualiser et à trois semaines de la réouverture des salles, les professionnels ne semblent pas avoir encore trouvé d’accord commun quant à cet agenda de sorties organisées.
Ainsi, une trentaine de films sont déjà attendus en salles dès leur réouverture, entre ressorties et nouveautés, sans oublier les fraîchement primés aux Oscars. Voici donc tout ce que vous aurez à vous mettre sous la dent dès le 19 mai.
Les sacrifiés d’octobre
Des films qui ont déjà fait beaucoup de bruit, comme le césarisé Adieu les cons d’Albert Dupontel, à ceux qui n’ont cessé de gagner en popularité depuis leur première sortie, comme Drunk de Thomas Vinterberg, tout juste couronné de l’Oscar du Meilleur film étranger, en passant par des sorties plus confidentielles, voici la liste exhaustive des ressorties qui retrouveront le chemin des salles dans deux semaines très exactement.
ADN, de Maïwenn
Pour son cinquième long-métrage, toujours aussi personnel, la réalisatrice nous propose un retour aux sources, celles de ses racines algériennes, au travers d’un voyage familial mouvementé. Présenté en avant-première au Festival du film américain de Deauville et nommé dans quatre catégories au César, ADN est reparti bredouille de la cérémonie.
Drunk, de Thomas Vinterberg
Le réalisateur danois signe une ode au lâcher-prise qui a conquis les quelques chanceux qui ont pu le découvrir en salles en octobre et pleurer ensemble devant son lumineux final. Mais ses multiples récompenses depuis le début de l’année ne font qu’accroître sa popularité et lui prédisent donc une belle carrière en salles.
Adieu les cons, d’Albert Dupontel
Grand gagnant des César, l’ovni de Dupontel avait déjà réalisé un impressionnant box-office en dix jours d’exploitation, signant le meilleur démarrage de la carrière de son réalisateur. Plus de 600 000 spectateurs ont ainsi assisté au road-movie de Suze Trappet et de ses deux acolytes de fortune pour retrouver son enfant né sous X. Espérons qu’Adieu les cons continue sur sa belle lancée dès le 19 mai.
Garçon chiffon, de Nicolas Maury
Le délicat Garçon chiffon s’est vu couper les ailes après seulement deux jours à l’affiche. On espère que cette déception n’aura pas désillusionné son jeune réalisateur, qui signait ici une première expérience derrière la caméra plus que réussie.
Michel-Ange, d’Andrey Konchalovsky
Étonnamment, l’auteur des fresques de la chapelle Sixtine n’a eu le droit qu’à un seul et unique film. Le réalisateur russe a donc décidé de remédier à cette injustice avec Michel-Ange, pour faire découvrir ou redécouvrir la vie et l’œuvre de l’artiste. Après six mois d’attente dans les cartons des salles obscures, il va enfin pouvoir être montré au grand public.
Sous les étoiles de Paris, de Claus Drexel
Après son documentaire Au bord du monde, le réalisateur allemand à une nouvelle fois braqué sa caméra sur la vie des marginaux pour filmer la rencontre entre Christine (Catherine Frot), une SDF, et Suli, un petit réfugié camerounais, sous les étoiles et les ponts de la capitale française.
Une vie secrète, d’Aitor Arregi, Jon Garaño et José Mari Goenaga
Trois réalisateurs auront été nécessaires pour mettre en boîte cette fresque historique dense de plus de 2 h 30, passée pourtant relativement inaperçue en octobre dernier. Une vie secrète documente la vie cachée des “taupes”, ces anti-franquistes qui ont vécu pendant trente ans reclus pour échapper au régime de Franco.
Le Dernier Voyage, de Romain Quirot
Un film français entre Blade Runner et Mad Max avec Jean Reno et Philippe Katerine ? C’est possible. Ce film français de SF, distribué par les petits nouveaux de Tandem, viendra cueillir le public dès le 19 mai.
Poly, de Nicolas Vanier
Après avoir remis au goût du jour Belle et Sébastien, l’aventurier et cinéaste redonne vie à un nouveau feuilleton animalier avec Poly, le petit poney sauvé de la boucherie chevaline par un groupe d’enfants téméraires. Shot de nostalgie en perspective pour toute une génération.
Sur la route de Compostelle, de Fergus Grady et Noel Smyth
Les documentaristes australien et néo-zélandais ont suivi un groupe de six randonneurs, qui comme 250 000 autres chaque année, arpentent les sentiers du chemin de Compostelle. Pèlerinage pour certains, défi sportif pour d’autres, les protagonistes de ce documentaire, eux, pansent leur douleur et leur chagrin dans cette émouvante expédition.
Billie, de James Erskine
Billie Holiday est à l’honneur cette année. Alors qu’Andra Day a été nommée à l’Oscar de la Meilleure actrice pour son interprétation de la chanteuse de jazz dans Billie Holiday : une affaire d’État, prévu en salles le mois prochain, un avant-goût de la vie de l’artiste sera proposé au public en mai, avec le documentaire Billie de James Erskine.
Josep, d’Aurel
Côté animation, Josep, le long-métrage d’animation d’Aurel, qui contait une certaine histoire de Josep Bartolí, homme politique espagnol, amant de Frida Kalo mais aussi et surtout dessinateur, retrouvera le chemin des salles dans deux semaines. Son film a enthousiasmé la critique, le jury des festivals d’Annecy et Lumières, ainsi que l’Académie des César et, on l’espère, le public à son retour en salles.
Toujours en animation, on retrouvera Petit Vampire de Joann Sfar, 100 % loup d’Alexs Stadermann, Lupin III: The First de Takashi Yamazaki et Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé le 19 mai prochain.
Les nouveautés impatientes
D’autres distributeurs ont décidé de tenter leur chance et d’intercaler dans ce planning de sorties déjà chargé leurs films qui attendent depuis trop longtemps déjà dans les cartons.
Mandibules, de Quentin Dupieux
Présenté à la Mostra de Venise l’an dernier, le nouvel ovni du réalisateur français va enfin se révéler sur grand écran. Après le pneu serial killer, la mouche géante du réalisateur français devrait dérider le public, aidée du Palmashow, India Hair, Roméo Elvis et d’une Adèle Exarchopoulos qui s’annonce au sommet de son art.
Falling, de Viggo Mortensen
Pour sa première réalisation, l’acteur danois a entrepris un grand chelem de la promotion pour présenter son long-métrage à la presse du monde entier l’an dernier. Un an et beaucoup de frustration plus tard, son récit sur la démence d’un père vieillissant sera enfin sur le banc, aux côtés de son faux jumeau The Father de Florian Zeller.
Slalom, de Charlène Favier
En mai, direction les sommets alpins avec la jeune Noée Abita, découverte en adolescente ténébreuse dans Ava. Cette fois-ci, elle a chaussé les skis de Liz, une jeune sportive de 15 ans déterminée, qui vient d’intégrer sport-études aux côtés d’un entraîneur impliqué qui va commettre l’irréparable. Un film nécessaire qui, malgré lui, fait écho à un sujet d’actualité.
L’Étreinte, de Ludovic Bergery
En 2021, Emmanuelle Béart est de retour au cinéma dans un beau rôle de femme complexe qui décide de changer d’existence. Sous les traits du sympathique Vincent Dedienne, Aurélien, rencontré sur les bancs de la fac, va lui rendre cette nouvelle existence plus douce.
Demon Slayer, de Haruo Sotozaki
C’est le film dont tout le monde parle. Après le succès de la série de mangas, Demon Slayer : Le Train de l’infini s’impose au sommet du box-office, aux États-Unis comme en Asie. La France pourra enfin prendre son ticket pour ce voyage fantastique et embarquer aux côtés de Tanjiro, un ado qui s’improvise chasseur de démons après le massacre de sa famille.
Tom et Jerry, de Tim Story
La Warner ressuscite le duo intemporel du cinéma, le temps d’un film familial. Chloë Grace Moretz vient s’ajouter à l’équation, spectatrice de leurs plus grandes cascades et gaffes hilarantes. Une manière comme une autre de plonger les plus jeunes dans l’univers des cartoons d’antan.
Envole-moi, de Christophe Barratier
Le petit-fils de notre Bébel national vient d’obtenir son premier grand rôle au cinéma. Dans la comédie dramatique Envole-moi, il se rapproche malgré lui d’un ado atteint d’une maladie grave. En revanche, il aura maintenant la lourde tâche de s’éloigner de la réputation de Jean-Paul Belmondo. Et ça, c’est une autre histoire.
Côté animation, Violet Evergarden, On-Gaku : Notre rock ! et StarDog et TurboCat débarqueront également sur nos écrans le 19 mai prochain.
Les grands attendus pour la suite
Vous n’aurez certainement pas le temps de voir la moitié de ces nouveautés et ressorties qu’une nouvelle fournée de films très attendus débarqueront au cinéma la semaine suivante. Parmi eux, la bombe Promising Young Woman, l’oscarisé The Father, l’intrigant Voyagers ou le prometteur Those Who Wish Me Dead. Un marathon de cinéma nous attend donc cet été.