Ils ont décollé cette année. Déjà sous le feu des projecteurs ou plus confidentiels, voici 10 révélations qui ont marqué la scène musicale française et internationale en 2020.
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Jack Harlow
En 2020, Jack Harlow a cassé la porte sans crier gare. Pourtant, il vient de Louisville dans le Kentucky, pas vraiment une grande place du rap, puisque la ville est surtout connue pour être la fournisseuse officielle de battes de baseball en bois dans le monde. Ce succès fulgurant part uniquement du tube instantané, “What’s Poppin” produit par JetsonMade, l’architecte du son de DaBaby. Cette pièce musicale sautillante est mise en images, au début de l’année, par le célèbre Cole Bennett, toujours à l’affût d’un nouveau talent explosif. La vidéo a engrangé plus de 115 millions de vues depuis.
Et c’est surtout la gestion de ce succès par le rappeur qui va en faire une véritable valeur sûre pour 2021. Avec des singles efficaces et un remix invitant DaBaby, Tory Lanez et Lil Wayne, Jack Harlow prépare le terrain avec une mentalité de vétéran. Seules comptent pour lui l’endurance et la substance, comme il nous l’expliquait en interview en mai dernier. Jack est près depuis qu’il a 12 ans, il attendait juste son moment. Au final, le rappeur concrétise toute cette émulation avec un premier album très bien construit, That’s What They All Say, à mi-chemin entre le rap de Logic et celui de DaBaby. Invitant Big Sean, Lil Baby ou encore Bryson Tiller (lui aussi de Louisville), Jack Harlow explose les codes des rappeurs de SoundCloud en ouvrant une nouvelle voie. Une course de fond surprenante et déjà très réussie.
070 Shake
Les puristes diront qu’on la connaissait avant son premier album sorti en début d’année, Modus Vivendi. C’est sans doute vrai. Mais l’artiste, passée en peu de temps de Soundcloud au label de Kanye West, a opéré un véritable tournant dans sa carrière et marqué au fer rouge l’année 2020.
Danielle Balbuena a perfectionné sa recette, qui consiste en du RnB aux relents électroniques, mélancoliques, autotunés, hybrides et difficiles à décrypter. Du genre à pouvoir commencer un morceau par une guitare classique, avant de lancer en trombe des basses bien grasses et une batterie sèche à la sauce hip-hop. Un album fort, l’un des meilleurs de l’année et une vraie claque qui mérite sa place dans la catégorie des artistes à suivre de (très) près.
Megan Thee Stallion
2019 avait déjà été une grosse année pour la rappeuse Megan Thee Stallion, qui se plaçait en première place de nos rappeuses à suivre. La rappeuse de Houston avait marqué l’année de la meilleure manière qu’il soit, avec l’explosif projet Fever, montrant tout son savoir-faire avec un découpage de rythmiques chirurgical. Provocatrice et sans concession, proche des énergies du rap originaire de Memphis, Megan a entamé 2020 avec une envie de conquérir un public de plus en plus large. Mission accomplie avec le tube “Savage” qui va prendre sur TikTok et aura droit à son remix avec Beyoncé (elle aussi originaire de Houston). Rien que ça. Et cette conquête totale se termine avec LE morceau qui a défrayé la chronique l’été dernier : “WAP” avec Cardi B. Une montée en puissance irrésistible.
Megan Thee Stallion sait rendre hommage aux légendes tout en y apportant sa touche personnelle. C’est le cas sur “Girls in the Hood” reprenant l’hymne d’Eazy-E ou “Shots Fired” qui ouvre son album Good News, reprenant l’iconique “Who Shot Ya” de Notorious B.I.G., sur une toile de fond assez sombre avec Tory Lanez. Tout est orchestré sur cet album pour assurer un nouveau statut à Megan et le résultat est au niveau des attentes, notamment avec son hit “Body”. Megan Thee Stallion est une super-star depuis plusieurs années déjà, un modèle de réussite et une autre vision du rap au féminin. En 2020, le monde entier en prend enfin conscience.
Green Montana
Il y a un an déjà, le nom de Green Montana était venu chatouiller nos oreilles. Il faut dire que le CV du jeune MC originaire de Verviers, en Belgique, avait déjà de quoi forcer le respect. Après avoir sorti une poignée de titres seulement, il avait été repéré et pris sous l’aile d’Isha, avant d’être signé chez 92i et produit par Booba : de quoi présager un avenir plus que prometteur.
Quelques singles alléchants – dont le planant “Amsterdam” et l’entraînant “Sale tchoin” – ont ouvert la voie à Alaska, premier album studio de Green Montana, dont la sortie a plusieurs fois été repoussée pour cause de Covid-19. Le disque est une véritable carte de visite. Le rappeur y dévoile l’étendue de sa palette musicale : ses incontestables aptitudes à débusquer les mélodies les plus accrocheuses mais aussi son côté kickeur. Mention spéciale à l’émouvant et gracieux “Risques”.
Pomme
Si Pomme était un visage déjà bien connu de la nouvelle génération française il y a depuis plusieurs mois déjà, elle n’a fait que renforcer son statut au cours de cette année décidément particulière.
Que ce soit avec les failles cachées, réédition publiée le 13 février dernier de son premier album qui lui a valu une Victoire de la musique, une déclinaison de ce même projet pour Halloween ainsi que ses éphémères Quarantine phone sessions, la jeune chanteuse n’a cessée de monter en puissance, armée de son écriture raffinée et de sa voix toujours aussi envoûtante. Alors qu’elle nous le prouvait déjà il y a un an avec sa reprise de “Bad Guy” de Billie Eilish, en 2020, Pomme s’est définitivement imposée comme l’une des artistes majeures de la scène française pour les années à venir.
Bakari
On ne cesse de le répéter, le rap belge a la cote et c’est toute une scène ultra-prometteuse qui en tire profit depuis quelques années. Bakari ne fait guère figure d’exception, tant l’artiste originaire de Liège a impressionné en 2020. Si le jeune rappeur, que l’on vous présentait l’année dernière dans Warm Up, n’a sorti aucun disque en 2020, il a pourtant démontré toute l’étendue de son talent avec plusieurs singles distillés au compte-gouttes.
Ce fut le cas avec l’excellent morceau “Ailleurs” en compagnie d’Isha, mais aussi le très bon “N’Da Blocka”. Nous sommes prévenus, il faudra absolument garder un œil très attentif sur ses futures parutions en 2021.
Lous and The Yakuza
Cela faisait quelque temps qu’on entendait parler de Lous and the Yakuza, mais 2020 aura été son année. Entre la sortie de son premier album, le carton de ce dernier et la presse qui l’encensait de toute part, on ne pouvait pas passer à côté. La rappeuse belge a même réussi à faire un tour du côté de chez Jimmy Fallon.
Il faut dire que Gore est un objet à part, brut, violent mais d’une beauté rare. Elle s’y livre comme peu le font, et réussit à mettre son art au service de son écriture. Et quand ce n’est pas sur son disque, c’est sur celui des autres qu’elle brille, en étant sur le meilleur titre de QALF de Damso. On vous l’a dit, 2020 était son année, mais ce n’est que le début pour cette grande artiste.
Tayc
Il n’en est pas à son premier album, mais c’est bien le dernier en date qui lui a permis d’exploser en 2020. Avec Fleur froide, Tayc s’impose comme la nouvelle icône du RnB français et nous offre un projet haut en couleur. Des influences très soul se mêlent à des sonorités dansantes et à des rythmes langoureux. Et le flow est bon, marqué par sa voix chaude et ses vibes inimitables.
Après nous avoir ambiancé tout l’été avec “N’y pense plus”, il revient en force à la rentrée en lâchant les titres “Ride”, en featuring avec Leto, “No”, “Comme toi” ou encore “Pour nous”, en featuring avec Vegedream. Il fait aussi une apparition remarquée sur l’album de Dinos avec le titre “Je Wanda”. Une chose est sûre, Tayc sait bien s’entourer et le prouve avec Fleur froide et ses invités : Tiwa Savage, Camille Lellouche, Christine and the Queens et Leto.
Meryl
Après avoir écrit des titres pour Shay, Niska, SCH ou Soprano, elle a décidé de prendre d’assaut le rap game français avec une première mixtape solo en 2020. Et elle a eu raison de sortir de l’ombre. Après quelques premiers succès comme “Béni” ou “Ah Lala”, Jour avant caviar permet enfin à Meryl de briller. Sur un rap capiteux mi-français mi-créole, elle est sublimée par des artistes comme Pyroman, Le Motif ou encore Junior Alaprod.
Originaire du Saint-Esprit en Martinique, elle était venue nous dévoiler les meilleurs spots de son île au moment de la sortie du projet en février dernier. Depuis, Meryl a sorti le single “O Nono” avec la rappeuse Le Juiice. Titre également présent sur le nouvel album de cette dernière, Jeune CEO, “O Nono” est le plus streamé du projet. Et plus récemment, Meryl nous a fait un beau cadeau de Noël avec la sortie de son single, “Quarantine”, composé de trois morceaux. De quoi terminer l’année 2020 en beauté donc.
Poupie
Si sa tête vous dit quelque chose, c’est normal. On l’a effectivement déjà vue dans la saison 8 l’émission The Voice en 2019. Depuis, elle fait son chemin. Après un premier EP paru en fin d’année dernière, Poupie sort Feu en octobre dernier, marqué d’un magistral featuring avec JuL sur le titre “Feux” qui, forcément, a augmenté la popularité de la chanteuse. D’autant plus que le morceau est présent sur le nouvel album du rappeur, Loin du monde.
Sa bonne humeur, qui avait marqué sa participation au télécrochet, se ressent dans sa musique. Charmant combo de pop, trap et reggae, avec une touche de latino, Poupie est indéfinissable. Elle chante comme elle parle, sans filtre donc, et à propos de… tout ce qui lui passe par la tête ! Sa voix, légèrement éraillée, résonne tantôt en français, tantôt en espagnol. En 2020, Poupie s’inscrit complètement dans l’air du temps.
Article écrit en collaboration par Arthur Cios, Aurélien Chapuis, Valentin Després, Joséphine de Rubercy et Guillaume Narduzzi.