Aaron Sorkin (The Social Network, Le Stratège, Steve Jobs), scénariste star à Hollywood, est régulièrement plébiscité pour la musicalité de sa langue et sa recherche du bon mot. Chez lui, la forme est tout aussi importante que le fond et, alors qu’il porte à l’écran des personnages réels (Mark Zuckerberg, Steve Jobs et Billy Beane), les dialogues soignés, souvent déclamés à grande vitesse en marchant dans des dédales de couloirs, offrent un aspect romanesque à ces personnages existants.
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Mais Insider a voulu aller plus loin afin de comprendre ce qui constitue cette musicalité, en appliquant une méthode d’analyse quasiment scientifique.
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Les dialogues de la scène d’ouverture de The Social Network, où Mark (Jesse Eisenberg) quitte Erika (Rooney Mara), ont donc été retranscrits sous forme de graphiques afin de les comparer aux scènes d’ouvertures de No Country for Old Men et Shame, aux dispositions similaires. Les conclusions ont également été mises en perspective avec d’autres scènes de films écrits par Aaron Sorkin afin d’en extraire trois patterns communs.
Vitesse et moments de pause
Insider a tout d’abord noté que les répliques des dialogues du scénariste star sont plus longues que la moyenne. Par exemple, la scène d’ouverture de The Social Network compte neuf répliques de plus de 45 syllabes et, sur un même temps donné, ses dialogues comportent également plus de répliques.
C’est notamment la raison pour laquelle il affectionne les personnages qui parlent vite, ce qui est particulièrement frappant chez le Mark Zuckerberg de The Social Network, interprété par Jesse Eisenberg, au débit de parole impressionnant, trait également symptomatique du foisonnement d’idées chez ce personnage.
Le média a également relevé que les personnages d’Aaron Sorkin s’interrompent à plusieurs reprises, créant ainsi des variations dans les dialogues et des moments de pause d’autant plus forts.
“La façon dont les mots sonnent est aussi importante pour moi que ce qu’ils signifient”
Deuxième point mis en lumière dans cette passionnante vidéo : les nombreuses répétitions de mots dans les lignes de dialogues, comme dans un poème ou une chanson. Par exemple, la scène d’introduction de The Social Network compte 141 phrases dont 22 verbatims identiques.
Enfin, la troisième conclusion est la suivante : Aaron Sorkin a régulièrement recours à l’écriture en mètre, que l’on retrouve par exemple dans les poèmes de Shakespeare, et plus précisément le pentamètre iambique qui repose sur l’accentuation de certaines syllabes.
De nombreuses répliques cultes du cinéma sont en réalité des pentamètres iambiques, ce qui les rend certainement aussi facilement mémorisables, comme “E.T. phone home” ou “I feel need, the need for speed” dans Top Gun.
En sept minutes, Insider parvient donc à percer le mystère des dialogues d’Aaron Sorkin et ce pourquoi ils sonnent de façon si agréable à nos oreilles.