Quinze ans après sa dernière exposition monographique en France, Peter Doig s’invite au musée d’Orsay. Jusqu’au 21 janvier 2024, l’exposition “Reflets du siècle” dévoile une sélection des toiles majeures du peintre britannique, qui sait mieux que personne créer des paysages troublants, sensuels et souvent inquiétants. Pour l’occasion, on vous a préparé un pêle-mêle d’infos à savoir sur l’artiste britannique d’origine écossaise.
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Sa série Canoes est inspirée du film vendredi 13
En 1980, vendredi 13 apparaissait pour la première fois sur nos écrans et la culture pop avalait le slasher, l’érigeant en film culte parfait pour Halloween. Et si Peter Doig s’en est inspiré pour sa série Canoes, ce n’est ni par rapport au tueur de Crystal Lake, ni par rapport aux meurtres sanglants qui rythment le film. “Les gens pensaient qu’il s’agissait de l’horreur du film. Ça n’a jamais été ça. C’était plus une question d’ambiance – l’image d’une femme dans un bateau. Pourquoi cette femme est-elle sur le bateau ? Pourquoi son bras ballant est-il dans l’eau ? C’est presque comme si elle s’était assoupie et était en train de se réveiller”, détaille le peintre dans une interview accordée au Guardian. Des scènes du slasher sont à l’origine de plusieurs de ses tableaux, dont Echo Lake et Swamped.
Peter Doig, Night Studio (STUDIOFILM & RACQUET CLUB), 2015, collection privée. (© Peter Doig/DACS/ADAGP, Paris, 2023)
Il a été le peintre vivant le plus cher d’Europe
En 2007, le tableau White Canoe (1990-91) du peintre britannique est vendu 5,7 millions de livres Sterling (environ 8,5 millions d’euros) chez Sotheby’s. Le montant, qui fait près de cinq fois l’estimation de l’œuvre, propulse alors Peter Doig au rang de peintre vivant le plus cher d’Europe. De cette vente, l’artiste ne touche rien puisqu’il avait vendu son tableau dix ans plus tôt pour 1 000 livres Sterling et c’est depuis Charles Saatchi qui en est le propriétaire.
“J’étais absolument choqué que quelqu’un paie autant, mais j’ai aussi été frappé par la pression que cela m’a fait subir. D’entrer dans un studio et de penser que vous allez faire un tableau qui va rapporter un million ou une centaine de milliers de dollars. Je me suis dit que je devrais créer des œuvres d’art que les gens ne voudraient pas acheter”, déclare-t-il au Guardian. Le record n’est qu’éphémère puisqu’en 2012, une œuvre de Gerhard Richter est vendue 34,2 millions de dollars (environ 32 millions d’euros).
Peter Doig, Ping Pong, 2006-2008, TATE, Londres. (© Peter Doig/DACS/ADAGP, Paris, 2023)
Il a travaillé dans une plateforme de forage de gaz
Peter Doig naît en 1959, à Édimbourg en Écosse, puis grandit à Trinidad dans les Antilles, à Londres et au Canada. À 17 ans, il part travailler comme ouvrier dans une plateforme de forage de gaz dans les prairies de l’Ouest du Canada. “C’était une période extrême, notamment dans ma relation au paysage. Les prairies sont plates et s’étendent sur des milliers de miles. Vous vous sentez extrêmement vulnérable. Je travaillais avec l’équipe pendant la journée, mais je n’avais pas de voiture. On était souvent à 50 miles du motel le plus proche, alors je marchais jusqu’à une ferme de locaux pour leur demander si je pouvais dormir dans la grange”, raconte-t-il au Guardian. C’est pendant cette période qu’il commence à réaliser des croquis et qu’émerge l’idée de suivre un cursus artistique. À Londres, il s’inscrit aux cours préparatoires de la Wimbledon School of Art avant de poursuivre ses études à la St. Martin School of Art, puis de valider une maîtrise en arts à la Chelsea School of Art, à Montréal.
Il s’inspire de pochettes d’album
Peter Doig a de nombreuses sources d’inspiration : les souvenirs de son enfance au Canada, des artistes comme Edvard Munch, Gustav Klimt et Edward Hopper, des films (comme vendredi 13), des photographies, des journaux, des magazines… et également des pochettes d’album. Son portrait du musicien canadien Neil Young intitulé Untitled (Double Portrait) est ainsi inspiré de l’album Déjà Vu du groupe Crosby, Stills, Nash & Young, tandis que pour son œuvre 100 Years Ago, Peter Doig a puisé dans l’album The Allman Brothers Band des Allman Brothers Band.
Peter Doig, Bather (Night Wave), 2019, collection Pinault. (© Peter Doig/DACS/ADAGP, Paris, 2023)
Il a imaginé une collection pour Dior
En janvier 2021, Dior dévoile sa collection homme de l’hiver 2021-2022, qui n’est autre que le fruit d’une collaboration entre le styliste britannique Kim Jones, directeur artistique chez Dior et Fendi, et de Peter Doig. C’est ainsi que le peintre britannique passe des toiles au textile, où il laisse infuser la nostalgie inquiétante et sensuelle qu’on lui connaît sur des pulls en mohair, des couvre-chefs en feutre, des plaids en jacquard et des manteaux.
“Je ne voulais pas simplement planter un logo Dior quelque part ou dessiner des T-shirts à partir de mes tableaux, je voulais réfléchir aux couleurs, à leur association, et partir, par exemple, d’un détail dans un tableau pour créer un dialogue avec le vêtement”, raconte-t-il dans le magazine Numéro. “Kim est venu avec une idée. Il avait sélectionné un personnage de mon tableau Gasthof, qui porte un uniforme militaire du XVIIIe siècle inspiré d’un costume de ballet. Kim avait commencé à jouer autour de ce personnage en utilisant des vêtements très théâtraux. Ça a été ma porte d’entrée vers le projet.”
L’exposition “Reflets du siècle” de Peter Doig est à voir jusqu’au 21 janvier 2024 au musée d’Orsay.
Konbini, partenaire du musée d’Orsay.