Le gouvernement et la mairie de Paris ont annoncé vouloir conserver la vasque et les anneaux olympiques comme des monuments, précieuses reliques de nos Jeux, et si ça ne plaît pas à tout le monde (surtout pour les anneaux sur la tour Eiffel, en réalité), sachez que cette fameuse tour Eiffel qu’on apprécie tant ne devait initialement pas rester à Paris. Revenons sur quatre installations provisoires qui sont devenues des grands monuments patrimoniaux alors que rien ne les y destinait.
À voir aussi sur Konbini
La tour Eiffel, sauvée par la radio
Construite pour l’exposition universelle de 1889, la tour Eiffel a échappé à la démolition, pour devenir le monument le plus emblématique de Paris et le symbole de la France. Elle n’a pas toujours fait l’unanimité. Avant son inauguration, elle est qualifiée de “monstrueuse” et de “déshonneur de Paris” dans un manifeste signé notamment par les écrivains Alexandre Dumas fils et Guy de Maupassant, le compositeur Charles Gounod, ou Charles Garnier, architecte de l’Opéra de Paris.
La dame de fer n’en devient pas moins la principale attraction de cette Exposition universelle, avec deux millions de visiteur·se·s. L’intérêt retombe toutefois à l’exposition universelle de 1900, avec une affluence divisée par deux. L’ingénieur Gustave Eiffel, père de la tour, trouve la parade pour la sauver avant la fin de la concession de vingt ans, en la rendant utile. Après y avoir encouragé une série d’expériences scientifiques, il l’offre à l’armée pour ses transmissions radio, prenant en charge les frais d’installation des équipements. Actuellement, une trentaine de chaînes télé et autant de radios sont diffusées depuis la tour Eiffel, l’un des monuments les plus visités au monde (6,3 millions de personnes en 2023).
Les lettres géantes de Hollywood, restes d’une publicité
En 1923, un panneau “Hollywoodland” est installé pour 18 mois sur une colline de Los Angeles en guise de publicité d’un programme immobilier. L’inscription, dépourvue des quatre dernières lettres dans les années 1940, est maintenant centenaire et symbole incontournable de la cité du cinéma. Dans les années 1940, la chambre de commerce locale prend en charge le panneau, qui acquiert le statut de monument en 1973.
Faute d’entretien, l’installation se délabre, jusqu’à une première restauration en 1978 grâce à une campagne lors de laquelle neuf donateurs, dont la rock star Alice Cooper et le fondateur de Playboy Hugh Hefner, ont “adopté” une lettre, déboursant chacun 27 777 dollars. Les lettres géantes ont été détournées à plusieurs reprises, devenant tantôt “Hollyweed” (“herbe sacrée”) pour faire l’apologie du cannabis, “Holywood” (“bois sacré”) pour une visite du pape ou “Olliwood” en référence au colonel Oliver (“Ollie”) North impliqué dans le scandale de l’Irangate.
L’atomium de Bruxelles, resté grâce à l’attachement des Belges
Attraction phare de l’Exposition universelle de 1958 à Bruxelles, l’Atomium représente une molécule de fer agrandie 165 milliards de fois, avec neuf sphères reliées par vingt tubes, et incarne une vision pacifique de l’utilisation de l’énergie atomique. Elle devait en principe disparaître au bout de six mois, à la fin de l’exposition.
Mais le peuple belge s’est attaché à ce bâtiment futuriste et, de sursis en sursis au fil des décennies, l’Atomium a échappé à la destruction. Devenu un emblème national, le monument, qui rassemble un point de vue en hauteur, des expositions et un restaurant, est un choix répandu pour les photos de mariage. Il a attiré plus de 840 000 visiteur·se·s en 2023.
London Eye, héritage des festivités du Millénaire
En finançant une partie de la construction sur la rive droite de la Tamise de London Eye, la grande roue de Londres, pour les festivités du Millénaire, avec une concession initiale de cinq ans, la compagnie aérienne British Airways espérait qu’à l’instar de la tour Eiffel, l’ouvrage serait pérennisé, lui permettant de séduire davantage de passager·ère·s.
Le succès fut au rendez-vous avec 3,3 millions de visites dès l’an 2000 et la roue est devenue depuis une attraction touristique incontournable de la capitale britannique. En 2005, British Airways a cédé sa participation au groupe Tussauds, propriétaire du musée du même nom, lui-même racheté en 2007 par Merlin Entertainments. Si le London Eye était la grande roue la plus haute du monde à son inauguration (135 mètres), elle a depuis été dépassée par plusieurs autres roues, à Nanchang en Chine, à Singapour ou encore à New York.