Ça y est, Luc Besson entame le tournage de son Valérian, et on s’interroge : succès ou navet garanti pour cette adaption de la BD ? Petite liste de pour et de contre.
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“Valérian, agent spatio-temporel.” Rien que le nom a de la gueule. Oui, la BD de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières, créée en 1967, est un chef-d’œuvre. Un univers dense, touffu, foutrement drôle et onirique qui a donné à bon nombre de gosses des envies d’explorations planétaires aux confins de l’espace connu. Valérian a posé les bases de la bande dessinée de science-fiction moderne – donnant, au passage, quelques idées à Georges Lucas.
On a appris l’année dernière que Luc Besson s’attaquerait à la périlleuse tâche de transposer les aventures de Valérian, Laureline et ses copains extraterrestres sur grand écran, avec fond vert, effets spéciaux et tout le toutim. Le tournage a commencé début janvier. Si l’on connaît le casting complet et que l’on a même eu droit à un début d’affiche promotionnelle, on s’interroge… Valérian au cinéma ? Yeah ! Adapté par Besson ? Mouais…
Devant l’impossibilité de choisir son camp, voici une liste de raisons qui tantôt défendent, tantôt descendent le dernier projet du grand manitou du cinéma hexagonal.
Pourquoi ça peut être phénoménal
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Parce que Jean-Claude Mézières devrait bosser sur le film
L’un des deux créateurs de la saga Valérian a déjà fait ses armes au cinéma, et de quelle manière ! Contacté par Luc Besson en 1992, c’est lui qui s’est chargé de mettre au monde l’univers graphique du Cinquième Élément, si réussi qu’il suffit aujourd’hui de lire le titre du film pour voir apparaître dans sa tête les taxis volants, le New York vertigineux et les palais gigantesques qui font toute la saveur du film. Grand fan de Valérian, Luc Besson devrait faire à nouveau appel à Jean-Claude Mézières pour le transposer au cinéma.
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Parce que le casting surprend
Valérian ? Dane DeHaan, l’ado torturé aux superpouvoirs dévastateurs de Chronicle. Laureline ? L’incendiaire Cara Delevingne. Les seconds rôles ? Clive Owen, Ethan Hawke et Rihanna. Oui, Rihanna. Entre vétérans du cinéma, jeunes stars et choix expérimentaux, le casting de ce Valérian pique réellement la curiosité.
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Parce que Luc Besson, côté pile
Le Cinquième Élément, Léon, Nikita, Le Grand Bleu, Arthur et les Minimoys, Subway, une flopée de films produits et des moyens dantesques à sa disposition. On peut écrire des pages sur Luc Besson, cinéaste démesuré et homme-orchestre de la production ciné française, tant sa trajectoire est unique. Oui, l’homme est intrinsèquement clivant, mais incontestablement doué. Pour Valérian, on a envie de croire au retour du grand Besson, d’autant que le réalisateur, fan sincère de l’œuvre originale, a pris tout son temps pour peaufiner le projet.
Pourquoi ça peut être catastrophique
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Parce que les adaptations de BD francophones sont généralement nulles
Iznogoud, Lucky Luke, Boule et Bill, Benoît Brisefer, Le Petit Nicolas, L’enquête corse, Blueberry, Largo Winch, Les Chevaliers du ciel, Le Marsupilami, Les Dalton, Les Profs, Les Schtroumpfs… Le cimetière du cinéma français est peuplé de carcasses d’adaptations de BD célèbres, sans qu’on n’arrive vraiment à savoir pourquoi. C’est un fait, en France, le passage du 9e au 7e art débouche souvent sur un navet. Certes, des exceptions existent, et on pourrait espérer que Valérian en fasse partie. Mais la tendance est là.
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Parce que le scénario pioche dans différents tomes
Pour créer Valérian et la Cité des mille planètes – le nom complet du film –, Luc Besson ne se contentera pas d’adapter un seul des 22 tomes, voire plusieurs consécutifs (dans la saga, les tomes sont généralement indépendants les uns des autres, mais certaines histoires se déroulent sur plusieurs ouvrages). Il créera un scénario en piochant dans plusieurs histoires qui n’ont pas forcément de rapport entre elles. Le titre même du film renvoie à deux albums, La Cité des eaux mouvantes et L’Empire des mille planètes, situés dans deux espace-temps totalement différents. Périlleux.
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Parce que Luc Besson, côté face
Angel-A, Malavita, Lucy… Ces dernières années, le nom de Besson a dangereusement rimé avec déception. Quand on sait que sa seule aventure de transposition de BD francophone a débouché sur Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, on peut légitimement se questionner sur le sort réservé à l’œuvre de Mézières et Christin. Il est temps de se l’avouer, malgré des recettes garanties à chaque film, Luc Besson n’a plus rien fait de bien depuis une vingtaine d’années. Et si Valérian faisait les frais de la “roulette à Besson” inventée par Mozinor ?