En mai 1945, une quinzaine de tableaux signés Gustav Klimt partaient en fumée, en même temps que le château Immendorf (situé au nord-est de l’Autriche) qui les abritait pour les protéger des dangers de la Seconde Guerre mondiale. Les circonstances de l’incendie demeurent troubles, mais des photographies en noir et blanc de trois des œuvres disparues ont survécu et permettent de faire perdurer l’héritage du peintre viennois.
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Une équipe de Google Arts & Culture a entrepris de restaurer ces tableaux partis en fumée grâce à ces fameux clichés. Pour la première fois, les œuvres ont été reconstituées, en couleur s’il vous plaît. Il s’agit de La Philosophie, La Médecine et La Jurisprudence, trois travaux commandés en 1886 “pour illustrer les voûtes du plafond de l’Aula magna, le hall d’accueil de l’université de Vienne”.
© Google Arts & Culture
Le procédé fonctionne en trois parties, rapporte Emil Wallner, spécialiste du machine learning pour la plateforme de Google. Tout d’abord, l’équipe a recueilli les témoignages de “journalistes ayant parlé des toiles”. Ont ensuite été rassemblées “des œuvres de référence, réalisées par Klimt à la même période”.
“Ensuite, on prend les couleurs trouvées dans ces toiles et on les transpose sur les photos en noir et blanc”, conclut l’ingénieur. L’algorithme se sert de ces points de comparaison pour “remplir” l’œuvre finale, même aux endroits dont les teintes étaient complètement inconnues.
Le procédé basé sur l’intelligence artificielle a réservé des surprises aux spécialistes, qui ne s’attendaient par exemple pas forcément à découvrir autant de vert sur la toile La Philosophie, d’après sa reproduction photographique en noir et blanc.
Une rétrospective tout en contradictions
La plateforme en profite pour présenter une grande rétrospective en collaboration avec le musée du Belvédère à Vienne et the Metropolitan Museum of Art de New York, “Klimt vs Klimt – The Man of Contradictions”. Cette plongée dans les contradictions de l’artiste permet d’interroger son œuvre et son histoire à la lumière de divers thèmes et interrogations : son “travail artistique” (“Son œuvre était-elle plébiscitée ou inconnue ?”), ses “muses” (“Était-il un coureur de jupons ou un féministe avant l’heure ? “), sa “technique” (“Son style était-il doré ou lugubre ?”) ainsi que “sa réputation” (“Préférait-il rester chez lui ou était-il mondain ?”).
L’exposition présente, en plus des trois œuvres détruites par le feu il y a plus de 75 ans, des “tableaux moins célèbres numérisés pour la première fois” ainsi qu’une centaine de ses chefs-d’œuvre, visibles en réalité augmentée et passés à la loupe. Ces efforts de numérisation invitent le public à zoomer sur des détails et à lire des encarts informatifs qui apparaissent au fil des clics. De quoi devenir spécialiste de Klimt, depuis son ordinateur ou son téléphone.
Photo en noir et blanc de l’œuvre “Jurisprudence” de Gustav Klimt. (© Google Arts & Culture)
Restauration en couleur de l’œuvre “Jurisprudence” de Gustav Klimt. (© Google Arts & Culture)
Photo en noir et blanc de l’œuvre “Médecine” de Gustav Klimt. (© Google Arts & Culture)
Restauration en couleur de l’œuvre “Médecine” de Gustav Klimt. (© Google Arts & Culture)
Photo en noir et blanc de l’œuvre “Philosophie” de Gustav Klimt. (© Google Arts & Culture)
Restauration en couleur de l’œuvre “Philosophie” de Gustav Klimt. (© Google Arts & Culture)
L’exposition “Klimt vs Klimt – The Man of Contradictions” est visible ici.