Une confrontation a débuté jeudi, devant une juge d’instruction parisienne, entre l’artiste Adèle Haenel et le réalisateur Christophe Ruggia, qu’elle accuse d’agressions sexuelles quand elle était jeune adolescente, ont indiqué des sources proches du dossier à l’AFP.
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Christophe Ruggia, aujourd’hui âgé de 58 ans, a été mis en examen le 16 janvier 2020 pour “agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité sur la victime”, Adèle Haenel étant âgée de 12 à 15 ans au moment des faits reprochés. Il a été placé sous contrôle judiciaire. Lui conteste les accusations. Les avocats des deux parties n’ont pas souhaité s’exprimer avant la confrontation.
Les accusations d’Adèle Haenel, d’abord révélées dans une longue enquête de Mediapart, avaient provoqué un séisme dans le cinéma français, qui était resté jusque-là imperméable au mouvement #MeToo. Le 3 novembre 2019, l’actrice, récompensée par deux César en 2014 et 2015, avait dénoncé l’“emprise” du réalisateur, peu connu du grand public, pendant la préparation et le tournage du film Les Diables (2002), puis un “harcèlement sexuel permanent”, des “attouchements” répétés et des “baisers forcés dans le cou”, qui auraient eu lieu chez lui et lors de plusieurs festivals internationaux, alors qu’elle était jeune adolescente.
Trois jours plus tard, Christophe Ruggia avait adressé un droit de réponse à Mediapart, se décrivant comme “sans doute le premier admirateur d’Adèle Haenel” et réfutant “les gestes physiques et le comportement de harcèlement sexuel dont elle [l]‘accuse”. “Mais j’ai commis l’erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu’une telle posture suscite. Emprise du metteur en scène à l’égard de l’actrice qu’il avait dirigée et avec laquelle il rêvait de tourner à nouveau”, avait-il écrit.
Refusant dans un premier temps de saisir la justice, Adèle Haenel avait finalement porté plainte quelques jours après l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris le 6 novembre 2019. Cette enquête a ensuite été confiée à une juge d’instruction. Depuis, la comédienne a plusieurs fois dénoncé ce qu’elle définira comme “la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels” dans le 7e art.
L’actrice a notamment fait une sortie fracassante lors de la cérémonie des César en 2020 pour s’opposer au sacre de Roman Polanski (récompensé du César du meilleur réalisateur pour son film J’accuse), alors qu’il était rattrapé par des accusations anciennes de viol. En mai dernier, elle a acté sa rupture avec le cinéma dans une lettre à Télérama.